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[CRITIQUE] : 9 Jours À Raqqa


Réalisateur : Xavier de Lauzanne
Acteurs : -
Distributeur : L'Atelier Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Syrien.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Le film fait partie de la Sélection Officielle Cannes 2020.

Premier film de la trilogie " La Vie après Daech ".

Leila Mustapha, 30 ans, ingénieure en génie civil, trois fois major de sa promotion, est la jeune maire de Raqqa, l’ancienne capitale autoproclamée de l’état islamique en Syrie. Plongée dans un monde d’hommes, elle a pour mission de reconstruire sa ville en ruines après la guerre, de réconcilier et d’y instaurer la démocratie. Une mission hors normes. Une écrivaine française traverse l’Irak et la Syrie pour venir à sa rencontre. Dans cette ville encore dangereuse, elle a 9 jours pour vivre avec Leila et découvrir son histoire.



Critique :


Si les portraits de femmes courage n'ont pas forcément été légion en cette pourtant riche année ciné 2021, Xavier de Lauzanne et son brillant documentaire 9 Jours à Raqqa vient gentiment corrigé tout ça, un témoignage humain puissant et poignant, annoncé comme le premier opus d’une trilogie situant sa caméra au coeur des contrées meurtries d'Irak et de Syrie, après les guerres contre Daech.
Flanqué dans la ville désertique qui donne son titre au film (soit l'ex-capitale syrienne de l’État Islamique), véritable champ de ruines ou tout est à refaire, ce premier volet s'attache donc à tracer le quotidien mouvementé et surchargé, au travers de l'écrivain Marine de Tilly, de Leila Mustapha, une jeune femme kurde qui partage le fauteuil de maire de la ville, avec un homme.
Vissé sur neuf jours (encore une fois, tout est dans le titre), le documentaire se fait le témoignage passionnant d'une reconstruction ambitieuse et nécessaire, autant d'un point de vue architectural qu'humain, avec l'instauration progressive d'une - potentielle - démocratie.

Copyright Jean-Matthieu Gautier

L'objectif fou compte tenu de l'état cataclysmique de la cité (un véritable désert urbain, ou la mort embaume le moindre bâtiment détruit, le moindre coin de rue désolé et poussiéreux), de redonner vie là où elle n'est plus, et ne semble plus pouvoir être.
Par sa force de caractère folle et son abnégation sans faille - qui va de pair avec une prudence essentielle -, ce petit bout de femme lumineuse qui force le respect, préserve la flamme de l'espoir (qui menace de s'éteindre alors que les aides internationales semblent cruellement aux abonnés absentes), déterminée qu'elle est de tout rebâtir même si le danger est toujours tapis dans l'ombre (le retrait des troupes américaines n'a fait que nourrir la peur des représailles des djihadistes et des attentats suicides).
Cette dévotion, de Lauzanne la sublime dans un effort cinématographique pédagogique, limpide et féministe (porté par le formidable score d’Ibrahim Maalouf), trompant le chaos omniprésent pour mieux pointer le bout d'un tunnel supposément interminable, mais dont chaque effort ne fait que renforcer une humanité qui doit survivre et résister, coûte que coûte.


Jonathan Chevrier