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[TERRIBLE SEQUELS] : #1. Friday the 13th Part VIII: Jason Takes Manhattan

Paramount Pictures

Qu'on se le dise, même si elles arrivent à incarner des morceaux de cinéma légitimes - voire même franchement excellentes pour certaines -, les suites ont toujours eu mauvaise presse.
Raison de plus donc pour que nous, petite bande de cinéphiles qui aiment sadiquement se faire du mal (mais pour la bonne cause), nous nous penchions non pas sur ses dits cas mais bel et bien sûr le fond de la cuvette du pire, ses suites regrettables, inutiles et terribles; le tout dans un esprit un minimum ludique (car pourquoi ne pas si les mauvais films ne sont même pas là pour nous faire triper, à quoi bon ?).
Alors prends ton magnétoscope (ou ton lecteur DVD, mais c'est moins fun), enveloppe-toi dans le drap de la nostalgie et laisse-toi aller à une bonne dose de régression qui sent bon le bousin, la Fucking Team est là pour jouer les pilotes de l'impossible !



#1. Vendredi 13, chapitre VIII : L'Ultime Retour de Rob Hedden (1989)

Contrairement à ce que son étrangement peu flatteuse réputation le laisse trop souvent entendre (entre une méconnaissance des spectateurs et une gentille campagne de dénigrements de la part de mauvaises langues bien baveuses), la saga Vendredi 13 ne recèle en son sein que très peu de vrais navets, entre un premier opus qui vieillit super mal, un huitième absolument calamiteux (il reste à jamais un film qui ne vaut que pour un seul meurtre : celui de l'uppercut sur les toits de la Grosse Pomme), un neuvième ou Jason n'est quasiment pas là (true - and dark - story), ou encore un Jason X ou le monstre de Crystal Lake fut littéralement catapulter dans l'espace (ou il en profitera pour zigouiller un papy Cronenberg ravi d'en prendre plein le bide).
C'est simple, en ôtant le premier - ou c'est maman qui zigouille -, Jason Vorhees ne s'est finalement illustré quasiment que dans du slasher oscillant entre le sympathiquement divertissant et le férocement jouissif.
Mais quand il se foire, le représentant ultime du boogeyman invincible (logique, puisqu'il ne meurt jamais vraiment), à la carcasse aussi putride qu'imposante, et dont le sport national n'est pas le canoë kayak en eau douce mais bien le dépeçage d'ados au coin du feu, ne fait jamais les choses à moitié.

Paramount Pictures

Avec son accroche promotionnelle férocement mensongère, qui promettait un film où Jason prenait d'assaut les rues de New York, et terrorisaient les habitants de la Grosse Pomme avec sa méthode de traque et d'abattage savoureusement barbare (une sorte de bain de sang touristique plutôt accrocheur, fait pour relancer une franchise qui était au-delà du stade de la perte de vitesse); Jason Takes Manhattan incarne à lui seul aussi bien toutes les limites évidentes de la franchise, que la fin d'une époque pour le slasher made in USA, à une heure (fin des 80s), ou Michael Myers, Freddy Krueger ou encore Leatherface, ne fédère plus ou presque dans les salles obscures.
Volontairement anecdotique, dirigé de manière furieusement anémique par Rob Hedden (aucune idée de mise en scène ni de direction d'acteurs, AUCUNE) et ne cherchant jamais à se rendre moins ennuyeux qu'il ne l'est, ne serait-ce que par quelques éclats gores ou un poil érotique (pourtant une marque de fabrique de la franchise); la péloche, qui ne passe in fine que ses vingt dernières minutes en terres new-yorkaises (le titre Jason Barely Visits Manhattan fait plus véridique mais cela dit moins vendeur), puisque la majeure partie de l'intrigue se trouve enchaînée dans un bateau (pas la pire - mais bien la plus économique - idée qui soit, on l'a bien envoyé dans l'espace par la suite...), ne redéfinit jamais la formule du Vendredi 13 moyen (même le septième film et ses pouvoirs télékinésiques - oui -, paraissait moins ridicule), tant il n'est qu'une version morne et répétitive des opus précédents.

Paramount Pictures

Bien sûr, le concept d'originalité est quelque chose de bien trop fort à demander à un opus de cette franchise, et que lorsqu'un film s'est décidé à la réinventer, cela a abouti à l'un des pires épisodes de la série (Jason Goes to Hell : The Final Friday), il n'était pas si excessif de demander, surtout aux vues de son budget généreux (5 millions de $, hors promo), quelque chose de plus divertissant qui passe plus de temps à New York mais qui, surtout, rend un minimum justice à un Kane Hodder de retour aux affaires, mais ne pouvant jamais vraiment laisser pointer du bout de sa machette, toutes les subtilités de sa performance.
Ennuyeux as hell, engoncé dans un cadre aussi générique que son intrigue (ou on apprend que, facilité géographique pour faire avancer/justifier l'intrigue aidant, Crystal Lake doit être situé quelque part non plus dans le Maine mais dans le New Jersey, avec un accès direct du lac local à... l'océan Atlantique), qui ne laisse à Jason qu'un carrousel monotone de mises à mort sans envie (ni même une petite pointe d'ironie, voire de perversité salvatrice... excepté l'uppercut fatal), ponctuées de quelques piqûres de suspense aussi atroces que le jeu des comédiens (portant des personnages qui n'ont aucun poids dramatique); Vendredi 13, chapitre VIII : L'Ultime Retour roule avec des pneus crevés sur l'autoroute de la honte, dans toute sa médiocrité crasse et, indiscutablement, jouissive à la fois.

Paramount Pictures

Rincé jusqu'à la moelle de la moelle, portant son désespoir comme une lettre écarlate jusqu'à un final risible à souhait (la Grosse Pomme a apparemment autant de tonnes de déchets toxiques que de tortues ninjas dans ses égouts), cette énième suite dispensable - comme celles qui suivront - incarne 100 minutes impardonnables ou la plus implacable des machines à tuer, trouve le moyen de moins tuer sur une île ou des millions d'habitants gravitent continuellement (hors deux, trois plans à Time Square et une vision caricatural de New York, tout le film a été tourné à Vancouver, décidemment...), que dans son petit patelin natal, qui n'est toujours pas au courant de son existence.
Dure vie que celles de tueur psychopathe et immortel, gangbangisé par Hollywood, qui n'est qu'un danger parmi tant d'autres dans la cruelle Manhattan...


Jonathan Chevrier


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