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[CRITIQUE] : The Suicide Squad


Réalisateur : James Gunn
Acteurs : Idris Elba, Margot Robbie, Viola Davis, John Cena, Joel Kinnaman, David Dastmalchian,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Aventure, Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h12min.

Synopsis :
Bienvenue en enfer - aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d'Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir - y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assemblez une belle collection d'escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l'île lointaine et bourrée d'ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d'adversaires et de guerilleros à chaque tournant, l'Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu'Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d'un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu'un veut parier, mieux vaut miser contre eux - et contre eux tous.



Critique :



Quoi qu'en diront certains, la toute récente décontraction du Worlds of DC face à ses wannabe - ou existantes - franchises, est sans doute ce que le genre de plus en plus balisé, à connu de mieux ces dernières années.
Exit les copies calquées entre elles made in Marvel, le tandem Warner/DC ose tout, quitte à parfois se brûler les ailes - coucou Wonder Woman 1984 -, mais il peut au moins se targuer de ne pas - trop - réprimer ses talents et leurs parti pris (même Snyder, sous l'appuie de la vox populi, a eu droit à une sacré rallonge pour façonner sa Justice League), après quelques années à vouloir stupidement s'aligner sur la concurrence.
Une vraie personnalité qui éclate à la rétine du spectateur, d'autant plus à une heure étrange ou les grosses cylindrées reviennent peu à peu dans des salles obscures, alors que celles-ci connaissent de nouveau la crise.

Copyright 2020 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. / Jessica Miglio/™ & © DC Comics

Échappé - un temps - de la firme aux grandes oreilles (où il est passé de fils prodigue à cinéaste a abattre pour quelques tweets douteux, avant de revenir par la grande porte), avant d'y retourner pour y conclure les aventures de ses Gardiens de la Galaxie, James Gunn, fier d'une liberté de ton et d'approche qu'il ne connaîtra certainement pas de retour au sein du MCU, s'était donc mis en tête de mettre en boîte sa propre version du Suicide Squad; un comble quand on sait que la pantalonade de David Ayer, malade et boursouflée par les visions contradictoires de son cinéaste (plus chaotique et en phase avec le matériau d'origine) et du studio (indécise et shootée à l'aura pop/niaise du MCU), à justement muté pour n'être que le clone de ses Gardiens, avec tout le manque de cohérence et d'affection du public, que cela implique.
Et si un (extrêmement) hypothétique Ayer Cut ne semble pas vraiment entrer dans la discussion, c'est le choix plutôt osé de Gunn qui se présente donc en premier aux spectateurs, refonte quasi-totale (il ne garde que quelques comédiens du film original, dont la plus populaire Margot Robbie/Harley Quinn) et profondément personnelle, sorte de Douze Salopards sauce film de commandos qui transpire l'esprit libre et transgressif de Troma.
Car plus qu'un film du Worlds of DC, The Suicide Squad est pleinement un film de James Gunn, irrévérencieux et jubilatoire, une oeuvre transpirant l'amour des comics et du cinéma bis qui tâche et dépote, concocté par un cinéaste qui se sait au moins autant sacrifiable que l'escouade de bras cassés qu'il met en scène, mais qui donne pourtant tout à l'écran pour divertir son auditoire.

Copyright 2020 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. / Jessica Miglio/™ & © DC Comics

Savoureusement gore et over-the-top (on est loin de Deadpool et de son cynisme post-moderne), cette remise à niveau, Gunn inscrit sa vision au coeur d'une réalité certes fantaisiste mais furieusement cohérente dans son pendant politique (l’interventionnisme abusif américain et de son exploitation de la démocratie, les limites des renversements dictatoriaux souvent orchestrés,...), autant pour donner du corps à son humour (le ridicule couplé des personnages et de leurs costumes, autant que leurs interactions lunaires, même s'il ne se paye jamais le luxe de se moquer d'eux : nous rions toujours avec eux) que du muscle à sa caractérisation (tous les personnages ne sont pas rose bonbon ou de gentils anti-héros, comme dans le film original, alors que la galerie y est encore plus importante) mais surtout à son (dés)équilibre tonale, entre le divertissement populaire fun et débridée, le film de guerre à la violence sans concession - voire perverse -, et le trip horrifique sanglant (à forte tendance nippone) et méchamment cartoonesque.
Embrassant la folie WTF de son matériau au point de ne jamais avoir peur du ridicule, Gunn synthétise son style excentrique sans pour autant le canaliser, laisse parler son inventivité sans partir dans des excès littéralement à côté de la plaque, et fait résonner son film comme une oeuvre somme rythmée et délirante, ou ses laissés-pour-compte ne sont pas sacrifiés sur l'autel du spectacle de masse.
Jouissant totalement de son manque total d'obligations et de directives face à un univers partagé (un des éléments qui plombait le film Ayer), le cinéaste se fait l'orfèvre du chaos et du désordre pour reconstruire et déconstruire son récit à sa guise, pour puiser dans l'essence et le potentiel du comics et répondre directement aux erreurs de son aîné, auquel il reprend la même structure mais point les mêmes tares.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. / Jessica Miglio/™ & © DC Comics

Si quelques virages ont des faux airs familiers, l'imprévisibilité de certains rebondissements (personne n'est véritablement à l'abri) viennent redistribuer les cartes; si chaque membre du squad est une pure ordure nihiliste, l'écriture contrebalance toujours pour rendre chaque personnage, même dans leur déviance, un minimum attachant.
Et à ce petit jeu, ce sont clairement les personnages d'Harley Quinn (dont le décalage poético-dangereux est pleinement exploité), Peacemaker (un anti-Captain America campé avec drôlerie et sérieux par John Cena), Bloodsport (anti-Deadshot incarné par un Idris Elba iconisé à mort) et King Shark (d'une naïveté hilarante).
Véritable mise en images de la puissance folle des planches du bébé de John Ostrander, sublimée par la superbe photographie d'Henry Braham -, pur blockbuster décomplexé et psychédélique (tout en n'étant pas dénué de poésie et d'émotion, même en plein chaos); The Suicide Squad ne réinvente pas la poudre, mais il s'amuse avec pour en faire un put*** de feu d'artifice estival sincère et à l'enthousiasme franchement communicatif.
Un vrai film de sale gosse aussi énervé qu'il est malin, comme on revêrait en voir plus souvent.


Jonathan Chevrier



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