[CRITIQUE] : Méandre
Réalisateur : Mathieu Turi
Avec : Gaia Weiss, Peter Franzen,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Thriller, Science fiction, Epouvante-horreur.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…
Critique :
Odyssée intime et physique sur la gestion du deuil, #Meandre est une expérience conceptuelle et sensorielle jouant la carte d'une peur universelle pour mieux se transformer sous la puissance de l'instinct de survie de son héroïne (superbe Gaia Wess), en un film rageur et incarné. pic.twitter.com/60KZt739qB
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 7, 2021
Ne vous fiez pas aux mauvaises langues qui arguent tels des crapeaux baveurs - pour être poli -, que le cinéma fantastique made in France n'a strictement rien à proposer (il va bien, il mériterait juste tout simplement à être plus soutenu autant dans les salles que du côté du carnet de chèque) mais surtout, qu'il s'échine a jouer la carte de la resucée de ce qui fonctionne parfaitement ailleurs (spoilers : avec souvent des artistes hexagonaux derrière mais chut).
Film autre, davantage porté sur les silences que les dialogues et l'action, le superbe Méandre de Mathieu Turi (l'excellent Hostile) exige de son spectateur un certain abandon, tant au niveau de la structure que des codes en vigueur dans le genre - ici entre le huis-clos et le survival intimiste et horrifique.
Il y avait pourtant matière, sur le fond comme dans la forme, à verser dans un suspens trépidant matiné d'un sentimentalisme indigeste, mais il n'en est finalement rien, le cinéaste résolument prometteur, préférant littéralement éprouver l'âme de sa protagoniste quitte à la mettre à nue jusqu'à un climax libérateur, tranchant avec l'aspect furieusement anxiogène d'une expérience qui donne autant qu'elle en exige.
Copyright Alba Films |
Véritable poème à coeur ouvert sur la gestion du deuil - tout comme Hostile - prenant les contours d'un périple intime cathartique et physique dans une sorte d'enfer métallique à en faire pâlir de jalousie Fort Boyard, ou le cinéaste fait subtilement grimper la tension (et ce dès l'ouverture, qui ne laisse jamais douter qu'il va se passer quelque chose de terrifiant) sans jamais trop en faire; Méandre dont le titre à un double sens qui n'est absolument pas anodin, bouscule, désoriente mais surtout séduit dans son approche totalement épuré et volontairement mystérieuse, convoquant l'idée d'une bataille intime sous la contrainte ou pour vaincre la douleur et le chagrin, il faut souffrir, souffrir pour renaître, souffrir pour (re)vivre.
S'appuyant sur une approche expressionniste et froide de son environnement cloisonné (superbe photo d'Alain Duplantier à la luminosité unique, portée par une mise en scène sèche et resserrée, au plus près des corps et des visages), autant que sur le jeu impliqué et totalement devoué d'une Gaia Weiss exceptionnelle; le second long-métrage de Mathieu Turi est une expérience conceptuelle et sensorielle qui met volontairement mal à l'aise en citant une peur universelle (l'enfermement ce qui, étrangement en cette période de pandémie, est pourtant notre quotidien), pour mieux se transformer sous la puissance de l'instinct de survie animale de son héroïne, en un film rageur, haletant et incarné.
Dans ses (menues) fragilités comme ses (immenses) qualités, Méandre rappelle la puissance des oeuvres de Pascal Laugier, c'est dire sa qualité...
Jonathan Chevrier