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[CRITIQUE] : The Dark and The Wicked


Réalisateur : Bryan Bertino
Acteurs : Marin Ireland, Michael Abbott Jr., Xander Berkeley,…
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Louise et Michael se rendent à la ferme familiale où ils ont grandi, au chevet de leur père mourant. Leur mère, en proie à des crises de démence, est convaincue qu’une force extérieure s’est insinuée dans leurs vies. Les incidents troublants se multiplient et se font de plus en plus inquiétants.



Critique :


Avec son brillant premier passage derrière la caméra, le modeste mais accrocheur The Strangers, Bryan Bertino laissait intimement transparaître l'idée qu'il pouvait pleinement être l'un des artisans majeurs du renouveau du cinéma horrifique ricain.
Une bonne grosse décennie plus tard et deux oeuvres bien moins defendables aux résonances encore plus mineures, le constat est tout autre et laisse présager que le bonhomme a non seulement perdu son mojo, mais a surtout embaumé les rétines des cinéphiles de fausses promesses.
Et ce n'est pas son dernier long en date, The Dark and The Wicked qui va réconcilier tout le monde, film de maison hanté/home invasion un brin malade mais au premier tiers accrocheur, qui va vite se diluer dans un tsunami d'images effrayantes assourdissantes et trop nombreuses, ainsi une intrigue aussi fine qu'une feuille de papier cul Lotus.

Courtesy of Fantasia Film Festival

Pourtant, comme dit plus haut, la péloche démarrait sous les meilleurs auspices en citant directement The Strangers avec son cadre désolée d'où naît une tension dérangeante et perverse, laissant constamment transparaître que rien ne va aussi bien que les images pourraient le laisser transparaître.
Mais Bertino s'emballe et perd trop vite le fil de son film - comme son spectateur au fond -, se perdant dans une sorte de méditation corrosive mais vaine sur les pouvoirs destructeurs du chagrin et de la religion (de sa nature éphémère au traumatisme de la possession et aux notions du bien et du mal) gangrènant les rapports familiaux (entre folie parentale et égoïsme teinté de remords pour leur progéniture), et explosant à l'écran dans une contre une entité maléfique qui va les obliger à affronter leurs propres maux.
Une horreur old school - musique oppressante en prime -, qui le fait boxer dans la même catégorie que le récent Relic de Natalie Erika James (jusque dans sa lenteur lancinante), sans qu'il n'est jamais pourtant l'ambition d'apporter une quelconque profondeur à son propos (on est directement dans le vif du sujet, la ou son premier film prenait le temps d'installer ses enjeux et les relations entre ses personnages), tout en alourdissant plus que de raison sa charrette de séquences horrifique parfois efficaces, mais souvent dérangeantes (et peu inventives), embaumé dans une dimension dramatico-psychologique désespérée au découpage quelconque (pourquoi un chapitrage ?).

Courtesy of Fantasia Film Festival

Un comble, quand on sait qu'il n'a strictement rien perdu de ses habiletés techniques (sa mise en scène est toujours aussi stellaire, avec un sens du cadre et de l'espace si particulier, cristallisant même à la perfection la belle photographie de Tristan Nyby), ni même de sa faculté à susciter de la tension et des émotions sincères avec très peu d'effets.
D'autant plus dommageable que l'excellente Marin Ireland signe une performance magnétique et de haute volée, troublante en jeune femme traumatisée.
Un petit gâchis au sérieux goût d'inachevé, tant Bertino pouvait et se devait, de faire mieux...


Jonathan Chevrier