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[CRITIQUE] : The Lie


Réalisatrice : Veena Sud
Avec : Joey King, Peter Sarsgaard, Mireille Enos, Cas Anvar,…
Distributeur : Amazon Prime Video France.
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain
Durée : 1h35min.

Synopsis : 
The Lie se centre sur le mystère entourant la mort de la jeune amie de Kayla. Ses parents ainsi que la famille de la défunte vont tenter de la percer à jour pour démêler le nœud de l’histoire : était-ce un accident ou un meurtre ?



Critique :


Premier opus de la fameuse anthologie " Welcome To The Blumhouse ", fruit de l'association inédite entre Amazon Prime Video et la firme de tonton Jason Blum, The Lie de Veena Sud (showrunneuse de The Killing US), planqué dans les cartons depuis plus de deux piges (le TIFF 2018), débarque sur la plateforme gentiment à temps pour Halloween... même s'il n'a rien d'une bande horrifique.
Thriller dramatico-glacial et anxiogène, le film s'articule tout du long autour d'une question pourtant fascinante - " jusqu'où iriez-vous pour protéger la chair de votre chair ? " -, mais ne semble jamais vraiment en tirer toute la substance haletante et empathique qui en découle (les tribulations extrêmes de la parentalité, sont pourtant un terreau on ne peut plus fertile), pour captiver son auditoire, malgré quelques bons points loin d'être négligeable au-delà d'un vrai sentiment de sur-place un poil irritant, une fois les enjeux bien installés et facilement lisibles.

Copyright Amazon Prime Video

Totalement adapté à la méthode Blumhouse (peu de moyens et d'effets, un cadre restreint a la lisière du huis-clos, une intrigue jouant sur les faux-semblants et un casting accrocheur), et remake plus ou moins inspiré du film allemand Wir Monster/Monstres Ordinaires, The Lie conte comment un couple de parents séparés (les excellents Peter Sarsgaard et Mireille Enos, déjà de The Killing), encaisse le fait que leur gamine (Joey King, excellente), ait tuée sa meilleure amie dans un accès de colère totalement consentis et assumé.
Un crime impensable que la petite famille isolée va dissimuler jusqu'à ce que le métrage dégaine une énième torsion Hitchcockienne, qui laissera un petit goût amer sur le palais...
Traçant le parallèle pas forcément subtil - mais bien amené - entre le cadre hivernal morne et la distance émotionnelle froide qui lie une famille autrefois heureuse mais depuis brisée par le divorce, la tromperie et un vrai souci de communication, pour mieux habiller le ton glacial d'une intrigue jouant justement sur le mensonge et la tromperie (et les ravages cataclysmiques qu'ils créent quand ceux-ci se font de plus en plus imposants); The Lie distille le plus ou moins doux parfums des thrillers fonctionnels made in 90's, une impression nostalgique et relaxante qui rend son artifice (la défense déterminée des parents couplé à la psychologie tortueuse de leur progéniture) ni farfelu et encore moins exagéré, même si sa morale (rien de mieux qu'un crime pour réunir une famille brisée ?), est totalement plombée par son souci à trop étirer sur la longueur, une intrigue de court/moyen métrage.

Copyright Amazon Prime Video

Lancinant, manquant cruellement de mordant et emprunt d'une certaine frustration (ce qui, cependant, va de pair avec l'histoire), les nobles ambitions inhérentes à la situation tendue, ne font jamais grimper l'anxiété ni ne boostent les contours d'un drame domestique dont l'attention est trop souvent mise à rude épreuve, malgré une mise en scène chirurgicale (au plus près des corps et des visages) et un casting impliqué, qui donne bien plus que l'écriture de leurs personnages ne l'exige.
Un sympathique thriller donc, qui ne cherche pas fondamentalement à être plus que cela et qui, de facto, justifie pleinement sa diffusion sur une plateforme de streaming.
Quoique Blumhouse s'est déjà laissé aller à balancer dans les salles obscures, des séances nettement moins défendables, même dans un passé (très) proche.


Jonathan Chevrier