[CRITIQUE] : Black Box

Réalisateur : Emmanuel Osei-Kuffour
Avec : Mamoudou Athie, Phylicia Rashad, Tosin Morohunfola,…
Distributeur : Amazon Prime Video France.
Budget : -
Genre : Thriller, Epouvante-horreur, Science fiction.
Nationalité : Américain
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Mamoudou Athie joue un père veuf atteint de trous de mémoire suite à un accident. Pour en guérir, il s’engage à suivre un traitement unique : grâce à un dispositif de réalité virtuelle, il est transporté dans son subconscient. Cette sorte d’hypnose 2.0 va l’obliger à combattre ses démons mais aussi à découvrir de lourds secrets.

Critique :

Habile mélange entre science-fiction un poil futuriste, et exercices existentiels pertinents et percutants,#BlackBox et son hommage (très) marqué à #Memento, est un complexe et immersif puzzle psychologique embaumé dans une tension atmosphérique captivante. Un solide premier long pic.twitter.com/a8r9o9sstm
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 7, 2020

Épousant bien plus le cinéma de genre que The Lie de Veena Sud, l'autre opus d'introduction au " Welcome To The Blumhouse " initié par le tandem Amazon Prime Video/Jason Blum, Black Box d'Emmanuel Osei-Kuffour est aussi et surtout infiniment plus prenant et réussi, dans son habile mélange entre science-fiction un poil futuriste, et exercices existentiels pertinents et percutants.
Qui sommes-nous ou, plus directement (et avant tout plus complexe), savons-nous réellement qui nous sommes nous-même ?
La raison la plus évidente serait que l'on se définit autant par ce que nous sommes au quotidien - nos actes - que ce nous étions - notre passé et nos souvenirs -, et c'est toute cette subtilité ou plutôt son absence, qui fait du père célibataire qu'est Nolan Wright (Mamoudou Athie, exceptionnel), un étranger dans un corps étranger... et au milieu d'étrangers (oui, tout ça).

En lutte pour (re)trouver son identité après avoir survécu à un accident de voiture qui a tué sa femme Rachel - et l'a laissé amnésique des suites de ses lésions cérébrales -, il doit faire coïncider son désir de mener une vie normale avec l'éducation de sa fille Eva, qui doit prendre les rênes de la famille alors qu'elle est à peine en âge d'aller à l'école primaire.
Un potentiel espoir survient cependant lorsqu'il attire l'attention du Dr Brooks, qui vient justement un appareil neurologique révolutionnaire - la dite Black Box -, permettant à tout patient de s'immerger dans une visualisation pleinement réaliste de son propre subconscient, afin de faire tomber les barrières de l'amnésie et retrouver ainsi la mémoire.
La procédure fonctionne, tellement bien que Nolan découvre que ce qu'il revit pendant le processus, ne concorde absolument pas avec les informations qu'il a apprises sur sa vie, à tel point qu'il se demande s'il est réellement la personne qu'il pense être, ou s'il est bien celui que ses souvenirs lui projette...
Véritable puzzle psychologique complexe, remplit de millions de pièces qui plonge avec minutie le spectateur dans le quotidien trouble et désespéré d'un homme perdu - à tous les niveaux -, Black Box, entre l'épisode tortueux de Black Mirror et la version dark du Memento de Christopher Nolan (avec une pincée du brillant Hypnose de David Koepp), à qui il rend un hommage sincère (jusque dans le prénom de son héros titre), regorge de choix philosophiques fascinants, embaumés dans une tension atmosphérique captivante, légèrement court-circuité par de vraies visions horrifiques (dont une fameuse figure sinistre et contorsionniste, qui fout les jetons).

Tendu et d'une bestialité salutaire dans sa seconde moitié, boostant considérablement sa représentation nuancée du sort d'un homme moyen à la dérive, voyageant à travers le désert mental piégeux de ses souvenirs; Black Box est un solide thriller, certes un poil trop long (moins que The Lie cela dit) notamment dans son dernier tiers attendu, mais réellement prenant.
Un excellent premier passage derrière la caméra en somme.

Jonathan Chevrier