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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #123. Willow

Copyright Lucasfilm Ltd.

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#123. Willow de Ron Howard (1988).

Pour tous les mômes un minimum biberonnés par le cinéma béni des 80's, le cultissime Willow de Ron Howard était de ces VHS poncées et vénérées telles des totems modernes, très (trop ?) souvent célébrés par des visions multiples et souvent à la limite du raisonnable.
Un petit bonbon enchanteur et acidulé, parfois effrayant (le monstre à deux têtes bien dégueu, issus d'un troll qui a perdu toute sa peau, ou encore la transformation des héros en cochons... vous voyez le délire), mais soigneusement enrobé dans un napage de bienveillance et de féerie presque inégalé, et dont la nostalgie intime qu'il évoque, l'a sans aucun doute rendu plus beau qu'il ne l'était, dans les souvenirs et aux yeux de tous ceux qui le chérissent (dont l'auteur même de ce billet, qui comme Kilmer, est tombé amoureux de Joanne Whalley dès le premier regard ❤).
Car tout cinéphile en herbes que nous fûmes, et que nous sommes tous encore un peu (la magie du cinéma fait que l'on en apprend et en voit tous les jours), nous n'avions décemment pas le bagage culturel et le recul suffisant, pour ne pas remarquer la grosse - mais élégante - entreprise de pillage qu'il incarne.

Copyright Lucasfilm Ltd.


Pas démonté après le four monumental du nanardesque Howard The Duck, incursion maladroite - pour être poli - au sein du Marvelverse, dont le ridicule férocement contagieux et déviant n'a strictement rien perdu de sa superbe avec le temps (même trois décennies plus tard, le malaise est toujours là); George Lucas, bien décidé à casser la baraque avec un nouveau concept fédérateur, s'était mis en tête d'aborder le si ardu genre de l'héroïc fantasy, en empruntant tout son matériau au coeur de l'oeuvre de la référence littéraire ultime : l'oeuvre de J.R.R. Tolkien.
Pillant comme un sagouin Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit, avec son tandem de poulains Ron Howard/Bob Dolman au script, il picorera jusqu'à plus satiété à tous les rateliers possibles, que ce soit du côté de son univers (régit par les mêmes codes, avec une séparation des communautés diverses et variées, dont des humains qui aiment se déchirer, et où la magie et le surnaturel ont une place prépondérante), de sa caractérisation (les Nelwyns sont tout simplement des Hobbits, quand au jeu des sept différences, les rapprochements entre Willow/Bilbo-Frodon, Madmartigan/Aragorn ou encore Bavmorda/Saruman et Fin Raziel/Gandalf, sont plus qu'évidents), ou même de son intrigue à proprement dite : un homme de petite taille, se lance dans une quête périlleuse à travers le monde, pour protéger ce qui est férocement convoité par un esprit du mal (l'anneau fait place à un bébé élu), qui y voit ce qui est prédestiné à mettre un terme à sa domination violente et sans partage.

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Le tout avec une infantilisation à double tranchant du genre, engoncé entre les clichés typiques et piégeurs du film de conte de fées (écueil partagé à l'époque par Labyrinth, puis plus tard par la trilogie Narnia, La Boussole d'or ou encore Donjons & Dragons) et une noirceur bien réelle mais du coup jamais totalement assumée - cible populaire oblige -; un grand écart dont s'était judicieusement privé Peter Jackson quand il s'est lui, pleinement attaqué à l'oeuvre de Tolkien.
En un mot comme en mille, on appelle ça avoir le cul entre deux chaises, à la différence qu'avec Willow, les chaises sont des fauteuils de luxe vraiment bien rembourrés, sur lesquels poser son popotin est une action à la délectation non feinte.
Car si profanation indiscutable il y a (ce qui n'embarrasse nullement George Lucas, et encore moins aujourd'hui), et que sa formule est plus qu'éprouvée depuis belle lurette (même en 1988), le film de Ron Howard, aussi inoffensif paraît-il de prime abord, n'en reste pas moins un divertissement familial rayonnant, techniquement imposant (une vraie révolution technologique pour l'époque, ou le génie d'ILM était poussé à son paroxysme), au bestiaire généreux et Harryhauserien en diable, et à la générosité vraiment communicative, véhiculé par un casting totalement voué à sa cause.
Car comment ne pas se prendre de passion pour ce que l'on voit, et encore plus avec un regard d'enfant, quand un tout petit homme aussi brave et attachant que Willow, et un grand gaillard charismatique et burlesque tel que Madmartigan, sont incarnés avec autant de justesse par Warwick Davies et Val " Fucking " Kilmer (hilarant) ?

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Portant le film sur leurs larges épaules, guidés par le score au souffle épique de feu James Horner (l'une de ses plus belles et marquantes compositions) et la mise en scène assurée d'Howard (il a beau être considéré par beaucoup comme un yes man, il n'en reste pas moins l'un des faiseurs de rêves les plus affûtés de sa génération), ils sont le sel d'une péloche qui n'aurait sans doute jamais été aussi culte sans eux.
Un pur conte pour enfants traités à hauteur d'hommes, pas dénué de petits et gros scories donc, mais qui sont souvent balayés d'un regard sans remords par l'amour nostalgique qu'on peut lui porter, et qui nous oblige instinctivement à nous jeter dessus à chaque fois que la télévision se met en tête de le rediffuser (à chaque fêtes de fin d'année en gros).
Car oui, quand notre nostalgie des 80's/90's nous parle, on l'écoute assez souvent, trop peut-être argueront certains... tant pis pour eux.


Jonathan Chevrier 

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