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[CRITIQUE] : Le Kiosque


Réalisatrice : Alexandra Pianelli
Acteurs : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Durée : 1h18min

Synopsis :
Le Kiosque est le journal filmé d’Alexandra, jeune plasticienne venue prêter main forte à sa mère, vendeuse de journaux dans un quartier chic de Paris. De la découverte du métier à la complicité qui se noue avec la clientèle, la réalisatrice joue à la marchande, comme dans un vieux rêve d’enfant. Derrière la caisse, où se succèdent depuis un siècle les membres de sa famille, Alexandra s’amuse à enregistrer le monde comme il va avec son téléphone. Mais la presse papier est en crise et ce petit jeu s’avère finalement plus compliqué que prévu…



Critique :



Alexandra Pianelli nous invite derrière la caisse d’un kiosque à journaux et nous montre l'envers du décor d’un métier voué à disparaître.

Présenté en compétition officielle du Champs-Elysées Film Festival, Le Kiosque est un documentaire filmé à la GoPro et au téléphone. Cette édition en ligne (merci le Covid-19) fait la part belle aux propositions de documentaire, aussi intimistes qu’engagés. Après le choc 17 Blocks et le court-métrage Huntsville Station, où l’on est témoin des premiers instants de liberté d’ex-détenus d’une prison au Texas, le festival nous donne à voir un film extrêmement touchant sur le métier de kiosquier. 

Copyright Les Alchimistes

Alexandra Pianelli est avant tout une plasticienne, talent que l’on va retrouver tout au long du documentaire, quand elle s’amusera à nous expliquer les enjeux d’un kiosque et sa fonctionnalité. Comme beaucoup de jeunes gens à vocation d’artiste, elle se retrouve à faire un boulot alimentaire. Son cas est un peu exceptionnel : sa mère tient un kiosque, qui est dans la famille depuis quatre générations. L’endroit est marqué par les nombreux propriétaires, dont les doigts ont laissés des marques dans le caisson de monnaie. Un héritage prenant et maintenant empoisonné, alors que la presse écrite est de moins en moins lue, au profit d’internet. Ce qui devait être temporaire devient un véritable travail. Alexandra fait partie de l’équipe du kiosque à part entière. 

La réalisatrice décide alors de filmer son quotidien et fait un choix de mise en scène étonnant au premier abord, filmer à la première personne. Nous sommes mis à la place de la kiosquière, qui n'apparaîtra que rarement à l’écran. C’est une expérience étrange, presque interactive car nous sommes de l'autre côté de la barrière, à servir presque nous même les clients.

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Pourtant l’habitude s’installe et après presque une heure vingt de film, le métier n’a plus de secret pour nous. Alexandra Pianelli nous montre aussi bien les interactions sociales, avec toute sorte de clients, qui deviennent des habitués pour nous également, que les difficultés du métier inhérents à la crise de la presse s’étirant sans s’améliorer. Avec un ton ironique et sans se départir d’un humour bon enfant caractéristique de la plasticienne, elle nous explique les tenants et aboutissants qui ont mené à une crise sans fin. Au fur et à mesure, Alexandra et sa mère ne nous cachent plus les problèmes financiers du kiosque, un animal glouton jamais repu. Les publicités et l'agence APS soutiennent le bateau qui coule, pour un temps seulement. L’issue du documentaire n’est plus une surprise tant la fermeture du kiosque paraissait inévitable.

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Le Kiosque n’est pourtant pas un film pessimiste, au contraire. Métier où nouer des liens avec les habitués est primordial pour survivre, la solidité et la bienveillance qui ressortent des interactions avec les clients sont un véritable baume au cœur. Chaque séquence est différente malgré le côté redondant du kiosque, notamment grâce à la personnalité de la réalisatrice, qui a réussi à imprimer son énergie solaire au sein même du documentaire. Le film est à son image, sincère, un peu décalé mais toujours bienveillant.
Il est alors difficile de ne pas tomber sous le charme du film Le Kiosque. À travers les yeux de la réalisatrice, devenus caméra pour l'occasion, nous découvrons un lieu familier du paysage parisien, sans jamais s’y être attardé jusqu’à présent. Une vraie réussite, entre constat amer et tranche de vie touchante.



Laura Enjolvy