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[CRITIQUE] : All Day and a Night


Réalisateur : Joe Robert Cole
Acteurs : Ashton Sanders, Jeffrey Wright, Yahya Abdul-Mateen,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Américain
Durée : 2h01min.


Synopsis :
L'histoire d'un jeune criminel qui, arrivant en prison, repense alors aux jours précédant son arrestation et à son enfance, essayant de trouver des raisons pour aller de l'avant et survivre à son incarcération. Le récit du film croisera trois récits / histoires en une.



 
Critique :




Il y a quelque chose d'assez frustrant dans l'idée qu'un comédien tel qu'Ashton Sanders, qui a tout de la next big thing à Hollywood (au même titre que le plus célébré Lucas Hedge), ne soit pas ou peu cité comme tel par les cinéphiles que nous sommes.
Pourtant, de tous les comédiens découvert grâce au formidable Moonlight de Barry Jenkins, il est peut-être, assurément même, le plus talentueux et poétique du lot, tant il nous a tous transpercé par sa justesse dans la version adolescente si complexe et empathique, de Chiron, qui retient en lui tout son amour et sa haine, avant de la faire exploser hors de lui tels des éclats d'obus dévastateur.


Copyright Matt Kennedy/Netflix

Ébourrifant, il l'est également au coeur du nouveau long-métrage de Joe Robert Cole, All Day and A Night, chronique douloureuse et authentique d'un rappeur en herbe à Oakland, qui se retrouve pris dans la spirale du quotidien de criminel.
Sans jamais trop mythifié ses personnages (un faux pas dans lequel tombe énormément de films sur le ghetto), ni même virer vers le wannabe 8 Mile/Hustle & Flow tant il n'y a pas de vestige de romantisme ici, et encore moins de salut filmique, le film déroule son histoire avec une empathie folle, tant il semble aussi clairvoyant et sans remords qu'un docu-vérité.
Privilégiant la simplicité - et donc l'authenticité - à tout effet de manche putassier, Cole joue l'épure dans sa mise en scène (même si un plan de trois minutes au cours d'une soirée, démontre clairement les qualités de faiseurs du bonhomme, porté par la photographie appliquée de Jessica Lee), pour mieux tutoyer du bout de la pellicule, la puissance dramatique des traumas d'une existence à qui rien n'est pardonnée, et qui est bien trop débraillée pour ne pas refléter un certain vécu.


Copyright Matt Kennedy/Netflix

Glissant d'un incident formateur à l'autre avec une frénésie cruelle - avec une fierté de plus en plus éviscérée - et une dureté rare, ne falsifiant jamais ses émotions fortes et décortiquant avec une crudité viscérale l'implacabilité du destin (être du mauvais côté de la loi), All Day and A Night, qui ne ferme pas la porte à une potentielle rédemption, est un pur drame âpre, sombre et réflexif, à la fluidité remarquable (jonglant entre trois époques clés, dont le présent, le montage de Mako Kamitsuna est flamboyant), dont on ressort K.O.
Une claque amère et bouillante, incarné à la perfection (Ashton Sanders est parfait, Jeffrey Wright lui, est absolument terrifiant), qui vaut décemment son pesant de popcorn.


Jonathan Chevrier 




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