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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #110. Victory

© Warner Brothers Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#110. À Nous la Victoire de John Huston (1981)

Les 80's étaient clairement la décennie de tous les possibles, celle où l'on pouvait tous craquer pour un extraterrestre au long cou voulant rentrer chez lui, être terrifié par un organisme cybernétique tueur venu d'un futur chaotique, ou même voir Sylvester Stallone jouer au foot avec Michael Caine, Max Von Sydow, Pelé et Ardiles, contre une équipe de l'armée nazie en pleine Seconde guerre mondiale; le tout mis en boîte par l'immense John Huston.
Fou mais vrai, Victory réussit ce mélange improbable, entre La Grande Évasion (jusque dans son score épique et entêtant) et la demie finale France-RFA de la Coupe du Monde 82 à Seville (lui-même un match bigger than life, digne des plus grands dramas Hollywoodiens), tout en étant inspiré d'une histoire vraie et cruelle, elle-même relatée dans le film hongrois Two Half Times in Hell de Zoltán Fábri.

© Warner Brothers Pictures

On y suit les aléas d'une poignée d'hommes emprisonnés en Allemagne dans un camp de prisonniers alliés, à une heure ou la guerre fait rage - l'été 1943.
Pions essentiels de nombreux complots en coulisses signés la Résistance française et les services de renseignement britanniques, les dits prisonniers, de nationalités différentes, vont se voir offrir une opportunité totalement improbable : la possibilité de s'échapper (avec l'aide d'un espion américain qui ne connaît rien au football, Robert Hatch, qui deviendra rien de moins que le gardien de but de l'équipe), grâce à la ruse d'un match de football de propagande alliés contre nazis, organisé par Le commandant du camp - un ancien joueur international allemand -, à Colombes, en France.
Le capitaine des alliés, John Colby - lui-même ancien joueur anglais - impose deux conditions : que ses joueurs jouissent d'un traitement de faveur et que soient réunis dans l'équipe les meilleurs joueurs de tous les camps de prisonniers.
Et si tout était prêt pour se dérouler comme prévu, les joueurs, conscient de pouvoir faire plus que de la figuration, décident finalement de jouer le jeu en balançant leurs tripes sur le terrain, dans une boucherie sans nom qui ferait passer tout match de district du dimanche matin, pour une rencontre amicale entre poussins.

© Warner Brothers Pictures

Édulcorant gentiment la réalité (l'histoire vraie voyait des soldats affronter l'armée en Suisse, s'ils gagnaient ils étaient libérés, s'ils perdaient, ils faisaient face au peloton d'exécution... ils ont gagnés et furent finalement exécutés), sans forcément masqué la la morosité et à la cruauté de la vie des prisonniers de guerre (même s'il ne rend que sporadiquement hommage au courage des soldats alliés et à la Résistance), tout À nous la Victoire, au demeurant divertissant - mais trop étiré sur la longueur pour ne pas provoquer quelques petits sommes -, ne vaut que pour son match final, fruit essentiel de tout l'enthousiasme (même narratif) qui l'entoure.
Convoquant une galerie de comédiens géniaux (Von Sydow, Caine, Stallone, qui fût une plaie sur le tournage...) mais surtout une pluie de footballeurs reconnus et talentueux (Moore, Pelé, Ardiles, Summerbee, Prins,...), un Huston en charentaise, sublime tellement la beauté du football et le jeu de jambes/skills de Pelé (cette bicyclette d'une pureté absolue), que l'on pourrait presque croire que le roi du ballon rond qu'il est, aurait presque pu arrêter la guerre à lui seul.
L'attente est longue, très longue, mais le jeu en vaut la chandelle, tant rarement sur grand écran, un film aura su retranscrire avec ferveur des dribbles rapides, des actions prenantes (donc pas les arrêts de Stallone dans les buts, vu sa technique très... fragile) à coup de gros plans vertigineux, et de vrais moments d'anthologie, digne des plus beaux matchs de légende (on radote, mais quelle put*** de bicyclette).

© Warner Brothers Pictures

Un vrai fantasme masculin sur l'idéalisme pure et nostalgique de l'esprit sportif, qui paraîtra sûrement ridicule (et à raison) pour tous ceux qui ont leur patience mise à rude épreuve dès que l'on parle ballon rond, mais qui ravira un minimum les amoureux du football et du beau jeu, à la fois rugueux et virtuose.
Si les années ne lui ont pas forcément fait du bien, sa vision reste toujours enthousiasmante, parce que voir le roi Pelé, Michael " Fucking " Caine et Rocky Balboa himself sur une pelouse de football, ça n'a vraiment pas de prix.


Jonathan Chevrier

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