[CRITIQUE] : Georgetown
Réalisateur : Christoph Waltz
Acteurs : Christoph Waltz, Vanessa Redgrave, Annette Bening,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min.
Synopsis :
Le dandy Albrect Muth se marie avec une vieille héritière américaine et profite de cette union pour faire son entrée dans le cercle très fermé de la haute société. Un parcours bientôt marqué par la mort violente de son épouse...
Critique :
Plutôt captivant dans sa mise en images d'un homme à l'endurance surhumaine dans sa conception de mensonges toujours plus complexes (excellent Waltz), #Georgetown se voit davantage comme un habile drame sur un fabuliste charismatique mais dangereux, qu'un polar sombre et tendu. pic.twitter.com/kAiwoZbDOw— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) April 27, 2020
Il doit tout ou presque, à Tarantino qui, inversement, verra en lui sa seule " trouvaille ", lui qui n'avait jusqu'alors opérer qu'un processus de " re-coolitude " il est vrai génial, avec une multitude d'idoles déchues des 70's/80's.
Sorti de nulle part, Christoph Waltz va pourtant tout emporter sur son passage dans la peau du terrifiant SS Hans Landa (que QT lui-même, considère comme le meilleur personnage de sa filmographie), exterminateur froid et polyglotte, une partition habitée et démente, qu'il va pourtant user jusqu'à la moelle en la réitérant plus que de raison pendant dix piges à Hollywood, excepté chez Tarantino (le formidable Dr King Schultz) et... chez lui, puisqu'il s'offre un véritable bain de jouvence à l'écran, en passant pour la première fois derrière la caméra.
Basé sur un script en béton armé de David Auburn (titulaire d'un Prix Pulitzer), Georgetown revient - avec distance - sur l'histoire vraie macabre et tragique Albrecht Muth, un escroc érudit de 46 ans, qui a battu et étranglé sa femme de 91 ans, la mondaine Viola Herms Drath, dans leur maison de Georgetown en 2011 (il sera heureusement, condamné en 2014 à 50 ans de prison).
Ici renommés respectivement Ulrich Mott et Elsa Brecht, le film s'attache, après une exposition distinguée (le dîner qui précède la mort de la femme mondaine, ou l'on découvre les penchants de son époux pour être le centre de toutes les conversations, ou de sa fille Amanda, à voir en lui un psychopathe profitant de sa matriarche), à alterner phase d'enquête au présent et multiples flashbacks pour mieux construire la carcasse malhonnête mais fascinante à décortiquer, d'un menteur patenté qui a fait sa réputation à coups d'usurpations et de manipulations diverses.
Une véritable figure cartoonesque campé avec ferveur par Waltz (comme un petit poisson dans l'eau, il jubile aussi bien devant que derrière la caméra, avec une mise en scène élégante et minimaliste), capable de grimper dans le vide une multitude d'étages fictifs sans trembler, tant qu'il ne regarde jamais derrière lui pour réaliser l'immensité de ses mensonges.
Plus ou moins captivant dans sa mise en images d'un homme mué par sa recherche constante de la fausseté - à tel point qu'on ne sait absolument pas ou se cache vraiment la vérité -, et son endurance surhumaine dans sa conception de mensonges toujours plus complexes, nettement moins dans sa manière génerale de minimiser la réalité (les violences infligés à Drath), Georgetown se voit davantage comme un habile drame sur un fabuliste charismatique mais dangereux, qu'un polar sombre et tendu; un mal pour un bien sans doute, vu l'aisance qu'à Waltz de s'approprier cette histoire.
Jonathan Chevrier