[CRITIQUE] : Dirty Cops
Réalisateur : Dean Taylor
Acteurs : Naomie Harris, Tyrese Gibson, Frank Grillo, Mike Colter, Reid Scott,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Policier.
Nationalité : Américain
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Pendant son service, une jeune gardienne de la paix assiste, par inadvertance, à l'assassinat d'un dealer par un groupe de flics des stupéfiants corrompus. Ces derniers se lancent alors à la poursuite de la policière afin de récupérer les images filmées par sa caméra embarquée, et pour l'éliminer.
Critique :
Un brin prévisible et trop économe dans ses effets et son écriture, #DirtyCops n'en reste pas moins un solide B movie à l'ancienne, un thriller réalisé avec soin et porté autant par un casting au diapason (Naomie Harris en tête), que par une photo affûtée et un score palpitant. pic.twitter.com/d9JjRqHRmL— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 26, 2020
Sorti un brin dans l'anonymat outre-Atlantique en octobre dernier, Black and Blue - retitré ici très subtilement Dirty Cops -, connaît un sort encore plus terrible dans l'hexagone, puisqu'il n'a même pas les honneurs d'une sortie en salles, et encore moins celle d'une sortie en VOD en grande pompe, puisque balançé sans tambour ni trompette dans l'indifférence générale cette semaine, sur toutes les plateformes d'achat et de location.
Un petit couac relatif tout de même, pour un polar prenant même si aussi subtile qu'une brique balancée en plein visage, mais qui aurait mérité un peu plus de lumière, d'autant plus à une heure de confinement général - ou presque - ou chaque nouveauté est une petite oasis de fraîcheur pour les cinéphiles en manque de péloches.
Férocement simpliste mais solide et même étonnement palpitant, le film suit stricto sensu les codes du polar noir et rugueux, ou un flic intègre se voit poursuivit par des collègues gentiment corrompus; à ceci près que le dit flic est ici une rookie, et que le cadre brumeux et inquiétant de la Nouvelle-Orléans, apporte ce petit " je ne sais quoi " qui masque le sentiment de redondance d'une intrigue à la prévisibilité sévère.
On y suit donc les aléas d'Alicia West, une jeune femme un poil badasss qui revient d'une petite campagne militaire (elle était en poste à Kandahar) pour devenir l'une des membres actives des forces de police de sa ville, elle qui a grandi dans l'un des quartiers les plus défavorisés de la Nouvelle-Orléans (ce qui, sur le papier, peut être d'une aide précieuse pour tout membre de ce que l'on surnomme " la police de proximité ", qui n'arrive pourtant jamais à établir des liens solides avec la communauté).
Le hic c'est que tout ne va pas se passer comme prévu dans le meilleur des mondes, et lors d'une simple intervention ou elle a été témoin de ce qu'elle n'aurait pas dû voir - une gentille bavure, avec l'assassinat de civils non-armés par des agents des stups pourris -, elle se fait shooté par ses propres collègues mais s'en sort indemne (merci le gillet par-balles), et devient désormais une flic en fuite (et pourchassés autant par les flics que les gangsters locaux), portant sur elle une véritable bombe pour faire tomber son commissariat (elle portait une mini-caméra imposé par le ministère, qui a filmé toute la scène), et devant faire montre de prudence pour savoir à qui elle peut/doit faire confiance...
Sans trop de surprise, mais avec une sincérité louable, Deon Taylor (les mitigés The Intruder et Traffik) croque un B movie sous tension, contenant suffisamment de plaisirs pulpaires et familiers pour convaincre son auditoire de sa modeste ambition de divertir sans trop fatiguer, la matière grise de son auditoire.
Épuré (dès le départ, on sent que le script joue l'économie) aussi bien en terme d'action - dépouillée mais sans la moindre ampleur - que de profondeur et de caractérisation des personnages - tous les seconds rôles sont en carton -, le film renoue avec une certaine idée de polar brut à l'ancienne filmé avec maïtrise (là encore, on est dans de l'éfficacité brute et sans faille), même s'il ne se donne jamais vraiment les moyens de transcender le moindre de ses enjeux narratifs pourtant essentiels (les relations houleuses et gangrenée par le racisme, entre la communauté afro-américaine et les forces de l'ordre, la manière dont les personnes issus de minorités ou des quartiers difficiles, sont méprisés par leurs communautés quand ils rejoignent la police,...).
Reste qu'avec un casting franchement impliqué (Naomie Harris assure en flic acculée, Tyrese Gibson et gentiment stoïque et Frank Grillo est merveilleusement détestable), un score palpitante de Geoff Zanelli et une photographie affutée de Dante Spinotti, Dirty Cops fait le job, ne pète jamais dans la soie de l'originalité (même quand il s'arrête très souvent, au carrefour de la morale, passage obligés de ce type de péloches) et manque peut-être parfois un peu de cohérence et de puissance - notamment dans sa critique sociale -, mais c'est une bonne série B qui se laisse vraiment regarder sans le moindre déplaisir.
Et c'est déjà (franchement) pas mal.
Jonathan Chevrier