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[CRITIQUE] : La Dernière Vie de Simon


Réalisateur : Léo Karmann
Acteurs : Benjamin Voisin, Camille Claris, Martin Karmann, Julie-Anne Roth,,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Fantastique.
Nationalité : Français
Durée : 1h43min

Synopsis :
Simon a 8 ans, il est orphelin. Son rêve est de trouver une famille prête à l’accueillir. Mais Simon n’est pas un enfant comme les autres, il a un pouvoir secret : il est capable de prendre l’apparence de chaque personne qu’il a déjà touchée… Et vous, qui seriez-vous si vous pouviez vous transformer ?



Critique :


À une heure ou la nostalgie des 80's a sensiblement marqué la dernière décennie, et que celle des 90's commence gentiment à pointer le bout de son nez, il y a quelque chose d'assez rassurant à voir le septième art hexagonal laisser transparaître avec autant d'entrain et de générosité, son amour pour les péloches Amblin qui ont bercés nos enfances à tous - ou presque.
Une époque bénie mais pourtant longtemps raillée par la cinéphilie bien pensante, ou les enfants/adolescents apprenaient la dure loi du passage à la vie d'adulte, non sans une bonne (grosse) dose de fantastique se présentant sous des atours aussi divers qu'enthousiasmant (extraterrestre, petite boule de poils attachantes, créatures mythiques, une machine à voyager dans le temps,...).



Une voie qu'épouse avec passion Léo Karmann pour son formidable premier long, La Dernière Vie de Simon, petite bulle de d'humanisme et de marginalité dont la justesse et la cohérence narrative n'est jamais remis en cause sur un tout petit peu plus d'une heure trente qui passe à une vitesse folle, ou le fantastique mais surtout les références imposantes du wannabe cinéaste, ne sont pas des artifices qui justifient l'histoire mais bien des outils essentiels qui la sert et la sublime.
Articulée autour du destin douloureux d'un jeune homme, Simon, catapulté dès son plus jeune âge dans les affres d'une éducation institutionnelle, et dont le pouvoir extraordinaire et secret - être capable de prendre l’apparence de toutes les personnes dont il a tenu la main -, s'avère plus une malédiction qu'une véritable bénédiction, la péloche est un vrai petit bout de cinéma hybride, prenant autant les atours d'un teen movie enivrant, d'une romance tragique, d'un thriller surnatural que d'un vrai drame bouleversant sur une âme frappée par l'imposture terrible de ne jamais pouvoir être elle-même, et de toujours devoir incarner quelqu'un qu'il n'est point.
Une souffrance intime intense, que Karmann parvient à capter avec subtilité, en mettant en images les tourments d'un orphelin perdu (totalement en manque d'amour parental et d'une filiation claire et apparente, il est emprunt d'envie, de jalousie, mais aussi d'un inconfort terrible quand il fait cohabiter son âme avec celle d'un autre) et condamné à une solitude oppressante et éternelle s'il n'est pas autre, au coeur d'une intrigue ficelée avec un souci du détail incroyable, et un amour vibrant pour ses personnages.
Fable identitaire puissante et fragile à la fois, arpentant le chemin sinueux de l'ambivalence psychologique et philosophique, questionnant les limites des désirs contradictoires à une époque charnière ou l'on quitte l'enfance pour construire l'adulte que l'on sera demain, la bande surprend par ses partis pris intelligents (ellipse pertinente, mise en scène fourmillant de détails furieusement évocateurs, une attitude surprenante de laisser son auditoire s'approprier ce qu'il voit,...) et sa richesse thématiques (les dilemmes moraux insolubles et tragiques d'adolescents ont rarement été aussi palpables à l'écran), et n'est jamais écrasé par son concept.



Joliment incarné (Benjamin Voisin, future next big thing du septième art hexagonal) et mis en boîte par une caméra faisant constamment corps avec son histoire (pas un petit effort pour un premier long, d'allier script en béton armé et réalisation léchée et aérienne), sublimé par une photographie splendide (et subtilement évocatrice, comme la bande originale) et des SFX plutôt bien foutue, La Dernière Vie de Simon est une oeuvre protéiforme et romanesque intimement Spielbergienne, qui stimule l'imaginaire et embrase le coeur.
Un premier film funambule, merveilleuse, émotionnellement bouillant et définitivement immanquable.


Jonathan Chevrier

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