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[CRITIQUE] : Camille


Réalisateur : Boris Lojkine
Acteurs : Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Centrafricain.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Jeune photojournaliste éprise d'idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas.



Critique :


Le 12 mai 2014, la jeune photographe de 26 ans Camille Lepage trouve la mort alors qu'elle est en reportage en plein conflit centrafricain, terre bouillante et dangereuse où s'affrontent deux camps et deux religions : une coalition de groupes rebelles, la Séléka, qui a pris le pouvoir et terrorise la population, et les anti balakas.
Un drame encore non élucidé à ce jour, qui bouleversa considérablement la profession, et dont la cicatrice est encore férocement douloureuse... même si cela n'a pas pour autant court-circuiter l'idée de signer un biopic sur sa personne, et centré sur les derniers mois de son existence.
Échoué à Boris Lojkine, et ne traînant clairement pas pour bousculer son auditoire dès une ouverture choc (la découverte du corps de la photographe par l'armée française), visant une immersion totale et sans la moindre concession, le sobrement intitulé Camille croque la vision intime d'un métier aussi rude et dangereux qu'il est essentiel, s'inscrivant plus ou moins dans la droite lignée des Salvador et autre La Déchirure, même s'il n'en atteint jamais vraiment la puissance captivante et encore moins la viscéralité émotionnelle, la faute à un point de vue à sens unique, louable et totalement compréhensible, mais atténuant en partie la potentielle grandeur de sa portée. 



Fiction à la lisière du documentaire (mais gentiment plombé par un score assourdissant), agrémenté de clichés réels de Camille Lepage sur le terrain et de quelques images de documentaires, le film joue la carte de l'hagiographie en plein chaos, du portrait lumineux et naïf d'une victime collatérale autant que de la rencontre prenante entre une femme occidentale et un pays africain persécuté et pauvre.
Pertinent dans sa manière d'interroger à distance son sujet avec son cadre (la notion de journalisme face au sujet de son travail, d'une femme face à la misère, des victimes face à leurs bourreaux, dont les " rôles " sont passablement flou et changeant,...), liés dans un fait divers troublant où la journaliste devient tragiquement elle aussi, la victime d'une guerre qu'elle couvre, Camille se veut comme un vrai récit sur la quête de sens et la conviction au pluriel (professionnelle, intime, politique, religieuse,...), autant qu'un hommage cibrant un brin brut de décoffrage, mais auquel il manque une certaine nuance pour provoquer l'empathie et pleinement marquer la rétine. 
Si la partition extraordinaire et impliquée de Nina Meurisse n'est absolument pas à remettre en cause, le manque de nuance dans cet hommage sincère et authentique d'une femme forte (mais qui ne peut pourtant pas s'inscrire comme un exemple puisque ce sont ses convictions et son idéalisme, qui l'ont menés à sa perte), lui fait sensiblement plus de mal, tant on admire cette héroïne sans forcément ressentir la moindre émotion à son égard.
À trop être manichéen et fermé dans son portrait assez angélique, Camille passe à côté de quelque chose d'infiniment plus important tout en arrivant pourtant à faire mouche sur certains points essentiels... étrange paradoxe.


Jonathan Chevrier


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