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[CRITIQUE] : Once Upon a Time... in Hollywood


Réalisateur : Quentin Tarantino
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h41min.

Synopsis :
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.




Critique :





Même si cette vérité en irritera certainement plus d'un, en l'espace de huit longs métrages à la qualité diverse (les deux volumes de Kill Bill compte pour un seul et même film), l'inestimable Quentin Tarantino a su se hisser à l'instar de Steven Spielberg, Martin Scorsese ou encore Clint Eastwood et Michael Mann, au panthéon des meilleurs cinéastes du cinéma ricain de ces trente dernières années - tout autant qu'à celui des réalisateurs les plus adulés par les cinéphiles purs et durs.
Maitre des cinéastes geek régurgitant avec panache leur immense cinéphilie, le bonhomme nous a martellé à tout bout de champ qu'il compte - à l'instar du faux départ de Luc Besson - laisser sa caméra au placard d'ici son dixième métrage.




Le compte à rebours est donc férocement entré dans le money time, avec l'arrivée de son neuvième long cet été, Once Upon a Time... in Hollywood, sans aucun doute son oeuvre la plus personnelle à ce jour, et qui aura de quoi pleinement décontenancer ceux qui pouvait s'attendre à un nouvel objet pop multi-référencé (le titre appelle, il est vrai, à une révérence à peine masquée au grand Sergio Leone).
Porté par une mélancolie et une retenue étonnantes, deux pivots essentiels qui faisait de Jackie Brown un diamant noir proprement exceptionnel - et injustement oublié au rayon des meilleurs films du bonhomme -, Once Upon... est une merveille de récit éclatée, toujours sublimé par des bons mots en pagaille et une bande originale au diapason, mais dont les personnages tous différents les uns des autres, ne sont plus là uniquement pour faire vivre une histoire, mais bien permettre, fugacement, à une époque charnière de renaître de ces cendres l'espace de quelques heures.
Tarantino fait toujours autant du Tarantino certes, mais il fait aussi et surtout du Quentin, la vision que le petit bonhomme qu'il a été, a eu d'une année fondatrice, celle où un royaume d'insouciance dévolue à la fête et au partage, a littéralement basculé dans l'horreur, une nuit d'août où l'atrocité et le sadisme du gourou Charles Manson, a bouleversé à jamais Hollywood.

Un basculement vers un changement indélébile, la perte d'une innocence irrémédiablement perdue accouchant vers la naissance, cette fois plus intime, de la cinéphilie dévorante d'un jeune gamin de L.A.



Lettre d'amour grandiose à la Cité des Anges tout autant qu'à tout un pan du cinéma ricain, le neuvième long de QT trouble et séduit par son désenchantement constant, sa manière de croquer au coeur d'une fresque ambitieuse et linéaire, la confrontation brutale de deux époques sur plusieurs tableaux : le vieil Hollywood (patriotique et conservateur, engoncé dans des réflexes patriarcaux et passéistes) face au nouvel Hollywood (plus ouvert et " hippie ", prônant l'amour, la paix mais surtout une vraie idée de liberté et de partage), les 60's mourrantes face aux 70's naissantes, une vieillesse amère face à une jeunesse naïve.
Mais plus qu'une simple errance magnifique et fantasmée sur plus de 2h40, faisant du spectateur le voyageur privilégié des vestiges d'un monde disparu dont la reconstitution absolument dantesque, fait preuve d'un souci du détail proprement maniaque, Tarantino sait nous remettre dans les clous d'une réalité à l'âpreté nécessaire, là où jadis son cinéma, parfois ancré dans un contexte historique bien réel, privilégiait la fiction plus qu'autre chose.
De ses acteurs de seconde zone recrachés par le système et has-been plus vite que leurs ombres, à ses artisans d'un univers ou peu sont autorisés à ne pas renoncer à leurs rêves, sans oublier la noirceur de l'âme humaine, une menace palpable qui laissera éclater sa violence de la manière la plus terrifiante qui soit; Tarantino, innocent mais point naïf, évoque la douloureuse réalité, et ne se fait pas non plus prier pour pointer du bout de la caméra, le versant noir de la machine à rêves Hollywoodienne, sans pour autant se poser en juge aveugle, et appeler à la mort de l'imaginaire et de la puissance poétique des rêves.




Comme la majorité de ses films - Les Huit Salopards en tête -, Once Upon a Time... in Hollywood est la mise en image d'un fantasme de cinéphile mais plus encore, d'un fantasme de petit garçon marqué par le monde dans lequel il a en parti vécu mais aussi et surtout, dans lequel il s'est passionnément projeté.
Celui d'un gamin marqué par le basculement abrupte entre la mort des idéaux hippies et l'intronisation violente du Nouvel Hollywood comme un moule référentiel, d'un gamin amoureux d'un ange pétillant parti trop tôt, et qui en fait presque logiquement le symbole ultime d'un paradis cinématographique déchu.
Son film, méditatique et jouissivement volubile - comme toujours - se fait autant l'ultime souvenir nostalgique et mélancolique d'une époque révolue, qu'une piqûre de rappel dense et puissante de la dure réalité, un hommage faussement édulcoré (le racisme et le machisme ambiant ne sont même pas masqués), peiné et radical qui ne se prive pas de frustrer son auditoire (ses détracteurs seront ravis), tant il raconte une autre vision de la vraie histoire : la sienne.
On en a connu des lettres d'amour au cinéma appliquées, singulières et bouleversantes, mais rarement une aussi belle et personnelle.
Avec ses deux outsiders/galériens du 7ème art, Cliff Booth et Rick Dalton (indiscutablement deux des meilleurs personnages du panthéon QT), volontairement incarnés par ce qui est, sans doute, deux des plus grandes superstars du cinéma ricain actuel - avec Tom Cruise et Tom Hanks -, mais surtout deux comédiens véhiculant une certaine idée de la superstar " à l'ancienne " (et donc des choix on ne peut plus juste pour être les guides de cette balade exceptionnelle), le cinéaste désamorce constamment nos attentes et fait de son dernier conte tragicomique et doux-amer, rien de moins que l'un de ses meilleurs films.




Et, n'ayons pas peur des mots, sans doute son plus imposant thématiquement et symboliquement parlant, surtout quand on sait qu'une version plus longue et définitive, est appelée à bientôt pointer le bout de son nez.
On t'aime aussi Quentin, on t'aime aussi.



Jonathan Chevrier





Enfin de retour avec son neuvième film, Quentin Tarantino nous offre 2h41 de voyage dans l'Amérique, et plus précisément Hollywood, de la fin des années 60. Pour cela il nous offre un casting 5 étoiles et un retour à un style un peu oublié depuis quelques films.
Le trio de tête est composé d'acteurs qui ont déjà fait leurs preuves au cinéma.

Brad Pitt et Leonardo DiCaprio nous offrent un duo «acteurs/ cascadeurs» 5 étoiles et si les deux sont, comme toujours, excellents, Leonardo DiCaprio propose des scènes d'une justesse époustouflante. Margot Robbie vient clôturer ce casting principal avec une très belle interprétation d'une Sharon Tate toute en légéreté. Les seconds rôles n'ont pas de quoi rougir non plus, avec , entre autre, monsieur Al Pacino ou encore Kurt Russell et Zoé Bell associés dans une scène dans le milieu de la cascade qui ne sera pas sans évoqué des souvenirs aux spectateurs de Boulevard de la mort (2007) , bien que le traitement de Bruce Lee dans cette scène soit , selon moi, le seul vrai point négatif du film.



Quentin Tarantino sort du western et des histoires épiques de vengeance pour nous proposer de suivre des personnages à un moment clé de leur vie, comme il a pu le faire dans le passé avec ses premiers films. C'est plaisant, on se laisse porter pendant 2h41 sans rien attendre de précis, il suffit de faire confiance au réalisateur et rester bien assis dans son siège.
Le réalisateur apporte sa vision du cinéma et de ses nuances en n'hésitant pas à bouscouler le spectateur, en lui rappelant que tout ceci n'est que du spectacle allant jusqu'à abîmer le 4ème mur lors d'une scène de tournage pour le personnage de Rick Dalton. Ce questionnement et cette mise en scène du cinéma dans le cinéma fonctionne du début à la fin et offre la promesse de délicieux futurs visionnages.
Notons également que ,comme à chaque fois, la bande originale est un vrai bijou; l'occasion de découvrir ou redécouvrir des morceaux cultes sous un nouveau jour. Certaines musiques continuent de raconter l'histoire alors que les personnages ne disent pas un mot et cette utilisation intelligente de la musique est véritablement un point fort dans le cinéma de Tarantino.




Le neuvième film de Quentin Tarantino est le film de cet été 2019, une nouvelle pièce aboutie dans cette filmographie qui a tant de relief et de personnalité.


Laure




Y-avait-il plus logique que de voir Quentin Tarantino réaliser un film sur Hollywood ? Je ne crois pas. De Reservoir Dogs à The Hateful Eight, le metteur en scène américain n’a eu de cesse d’étaler sa passion pour le 7e art, en faisant de chacun de ses films des sortes d’encyclopédie de l’Histoire du cinéma. Mais, pour la première fois ce jeu de référence digne d’un épisode de Stranger Things, se trouve entièrement justifier par la toile de fond du métrage : Hollywood. 1969.



Même s’il en abuse à certains moments, on ne peut nier que le réalisateur parvient à recréer le Hollywood de l’époque; la démocratisation de la télévision et de ses nombreuses séries servant de point de chute pour des acteurs sur le déclin comme Rick Dalton campé par Leonardo DiCaprio. Le film regorge de détails que les spectateurs les plus attentifs relèveront — même si plusieurs visionnages seront nécessaires pour tout noter. C’est ainsi qu’on peut glaner des mentions à des séries telles que Mannix, FBI, The Man From UNCLE ou encore Lancer. Dans ce prolongement, Tarantino créer de toute pièce une filmographie pour le personnage de Dicaprio en parodiant une trempée de films/séries de l’époque. Bounty Law, série dont Rick Dalton fut le héros est une variante des innombrables feuilletons westerns des années 60, tout comme Operazione Dyn-O-Mite est directement inspirée par Secret Agent Super Dragon de Giorgio Ferroni.
En s’attardant sur Rick Dalton et son cascadeur Cliff Booth — interprété par Brad Pitt, Tarantino s’offre son Boulevard du Crépuscule. Il y dépeint la lente décroissance d’un acteur, comme le montre la scène d’introduction du film. Rick n’est pas un mauvais acteur, mais, il s’abîme en acceptant les rôles de méchants dans d’innombrables séries télévisées faisant de lui un guest de luxe. Sa propension à l’alcool et son ego n’arrangent pas les choses est l’implante comme l’un de ces loosers que Tarantino affectionne tant. Dans son sillage, son cascadeur, Cliff, devient un simple hommes à tout faire, il trimballe Dalton de droite à gauche et s’occupe de réparer son antenne cassée. C’est dans cet arc narratif que le cinéaste offre les meilleures scènes de son film, comme lorsque Rick échange avec une petite fille, Trudi Fraser — ersatz de Jodie Foster, et craque face à la vérité. 



Tout cela fait créer un univers singulier où le factuel se dilue dans le factice. C’est comme cela que Sharon Tate devient la voisine de Rick Dalton ou que Cliff se retrouve au beau milieu de la secte de Charles Manson. Un rattachement à la réalité qui fait pourtant au bout du compte plus du mal au long-métrage que de bien. Dés que Tarantino palpe le concret il multiplie les maladresses, les faux-pas, les aberrations, c’est dans ces moments-là qu’il offre une séquence raciste mettant en scène Bruce Lee; c’est dans ces séquences qu’il fait de Sharon Tate une simple image de fantasme qu’il ressuscite sans lui donner assez de chair ou d’âme; c’est dans ces séquences qu’il offre un massacre final mettant en héros un tueur de femmes.
Comment ce long-métrage post-MeToo peut à ce point être encensé alors qu’il apparaît comme l’œuvre la plus sexiste de son cinéaste ? Car si sa filmographie a souvent donné corps a des personnages féminins forts, Once Upon A Time... in Hollywood n’en aucun pas l’ombre d’un, on pourrait en fermant les yeux se croire dans une adaptation d’un livre de Michel Houellebecq. Dans cette puanteur d’hétéro blanc sans aucune perceptive politique, Tarantino vient s’enfoncer dans son acte final. 



Car, l’une des choses qui surprend devant cette pellicule c’est bien la mise en scène souhaiter par le cinéaste. Épurant son style comme il ne l’avait plus fait depuis Jackie Brown, Tarantino gagne en maturité et imbibe son oeuvre d’une élégante mélancolie. Mais, alors que le film fait un bond de 6 mois, le réalisateur d’Inglourious Basterds reprend la main, il réécrit le massacre de la secte Manson pour s’offrir son climax qui comme à son habitude se veut sanglant. Tel l’alcool qu’ingère à outrance Rick Dalton, Tarantino semble dépendant de ce genre de scène qui détruit tous ses efforts précédents pour ne devenir qu’une énième variante d’un thème que l’on connaît que trop bien.Ainsi, dans cet onirique maxi best of de références où Tarantino fait frétiller le cinéphile, Once Upon A Time... in Hollywood apparaît comme une œuvre somme; qui pourtant finit par s’égarer dans son propre labyrinthe voulant scruter une époque qu’elle ne fait qu’effleurer, elle finit par agoniser dans un cul-de-sac navrement sanglant.



Thibaut Ciavarella