[CRITIQUE] : Annabelle : La Maison du Mal
Réalisateur : Gary Dauberman
Acteurs : Mckenna Grace, Madison Iseman, Katie Sarife, Vera Farmiga, Patrick Wilson,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Déterminés à mettre Annabelle hors d'état de nuire, les démonologues Ed et Lorraine Warren enferment la poupée démoniaque dans leur "pièce des souvenirs", en prenant soin de la placer derrière une vitre sacrée et de solliciter la bénédiction d'un prêtre. Mais Annabelle réveille les esprits maléfiques qui l'entourent et qui s'intéressent désormais à de nouvelles victimes potentielles : Judy, la fille des Warren âgée de 10 ans, et ses amis. Une nouvelle nuit d'horreur se prépare…
Critique :
Thriller horrifico-domestique mal torché, introduisant déjà les potentiels futurs spin-offs et porté par un suspense fantomatique, le générique #Annabelle3 ne provoque ni la peur ni l'excitation dans son exubérance (trop) télévisuelle, mais bien plus la consternation et l'ennui pic.twitter.com/ocgTrgi7fk— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) July 10, 2019
Il faut se rendre à l'évidence : alors qu'elles touchent le fond en matière d'ineptie narrative et de qualité cinématographique, les réalisations du Conjuring-verse remplissent de manière totalement inexplicable, encore plus les salles.
Prenant de plus en plus son temps pour raconter de moins en moins de choses - et surtout de plus en plus d'aberrances -, les voilà de retour dans des salles jamais trop obscures, pour contenter des spectateurs amateurs de frissons faciles (ou inexistants, ça marche aussi), avec la chef de file de l'univers partagé : Annabelle, qui passé un premier opus purement et simplement immonde, avait vu son casier judiciairo-cinéphile un brin rattrapé par David F. Sandberg via un solide second opus (Annabelle : La Création du Mal).
Sobrement intitulé La Maison du Mal (trop de mal dans les retitrages FR cette année, et le mot est faible), et mis en boîte par le nouveau bras droit de James Wan, Gary Dauberman - tout est dans le nom -, le film rappelait à la rescousse la famille Warren et s'annonçait, sur le papier, comme un potentiel train fantôme alléchant, avec une poupée foutant le bordel dans le musée des horreurs du couple d'enquêteurs paranormaux.
A l'écran en revanche, on se retrouve face à une oeuvre somme maladroite et laborieuse d'un univers partagé qui l'est au final tout autant (sept films, et seuls les deux Conjuring restent vraiment mémorables), tentant de se payer une légitimation avec un caméo prétexte - les Warren, à l'implication anecdotique - mais surtout une intrigue furieusement limitée (et ne ressemblant qu'à un ensemble de scènes collées entre elles sans le moindre liant), qui frustre de tout son long un spectateur désabusé par la disparité entre ce qui a été promis au départ, et ce qui est finalement livré à l'écran.
Flanqué dans une baraque ou chaque tiroir et gond de porte mériterait sa bonne dose d'huile, le film semblait démarrer solidement en respectant autant son époque (une restitution appliquée et soignée des 70's) qu'en croquant les contours psychologiques d'une petite figure féminine attachante à suivre : la fille d'Ed et Lorraine, Judy (so cute Mckenna Grace), une élève mal-aimée à l'école à cause du penchant prononcé pour le surnaturel de ses parents, et devant, dans l'intimité, assumer des capacités médiumniques de plus en plus imposantes.
Le hic, c'est que passé des préliminaires logiquement aguicheur, laissant transparaître la possibilité que Dauberman est louché du côté des premiers Conjuring et Insidious de son mentor (n'est vraiment pas Wan qui veut), la péloche tombe tête la première dans les travers de tous les spin-offs, et ne se cache même plus d'offrir une supercherie creuse et pimpante engoncée dans un cadre prévisible à souhait (avec, une nouvelle fois, la foi chrétienne comme seule arme implacable contre le mal).
Une production monstrueuse - dans tous les sens du terme - visant déjà à capitaliser sur les prochains spin-offs à venir (on met un billet sur The Ferryman et The Black Shuck), plus que sur une poupée jamais vraiment démoniaque, qui se trouve toujours plus à côté que vraiment dans le feu de l'action.
Thriller horrifico-domestique mal éclairé, porté par un suspense aux abonnés absents, Annabelle Comes Home ne provoque ni la peur ni l'excitation dans son exubérance très (trop) télévisuel, mais bien la consternation et la contrariété de s'être fait une nouvelle fois berner par un produit follement générique et désordonné, sur une poupée qui n'est pas vraiment possédée mais sert de catalyseur bien vilain, pour tous les esprits trainant autour d'elle.
Un " paratonnerre du mal " quoi... tiens, on a peut-être déjà trouvé le titre du quatrième film...
Jonathan Chevrier
Après un premier volet extrêmement oubliable et un deuxième qui s’est avéré être une des plus jolies surprises du cinéma horrifique de ces dernières années, la poupée maléfique revient pour un troisième film à son nom. Mais si elle sert en effet de personnage éponyme, le film ne lui est par contre pas vraiment dédié, au point qu’on finit même par en oublier qu’elle est là.
Annabelle, la poupée pas le film, est ce que l’on pourrait appeler « un catalyseur à emmerdes ». C’est-à-dire qu’elle n’a pas vraiment d’intérêt en elle-même, mais qu’elle est là pour mettre en éveil des forces ténébreuses latentes. De ce postulat de base on peut véritablement faire tout et n’importe-quoi : s’en servir pour construire une intrigue originale et bien ficelée, jouant efficacement avec les codes de l’horreur et assumant parfaitement sa filiation avec la saga Conjuring sans chercher à la reproduire, comme l’avait fait le deuxième opus ; ou bien, comme dans ce nouveau métrage, pour produire quelque chose qui tient plus du train fantôme granguignolesque que du film d’épouvante. L’intrigue, quand on se penche dessus, est une histoire de baby-sitter très peu inspirée, dans laquelle on s’est servi de la poupée magique (technique aussi appelée dans le milieu « la bonne grosse paresse d’écriture ») pour balancer des scènes d’horreur complètement aléatoires avec de nouvelles entités maléfiques plus ou moins inventives et vous l’aurez compris, autant de spin-off potentiels. Et c’est vraiment très peu intéressant. On est dans une quasi constante platitude d’intrigue, de réalisation et de lumière (ne pas éclairer une scène ≠ immiscer la peur dans le cœur des gens, il serait temps de le comprendre), qui n’est bousculée que par quelques scènes d’horreur assez efficaces en elles-mêmes pendant lesquels Dauberman a parfois décidé d’engager un chef op à temps partiel. C’est déjà ça. Néanmoins, une des meilleures d’entre-elles reste un plagiat grossier et une version Leader-Price de la scène de la nonne dans Conjuring 2.
Annabelle, le film pas la poupée, incarne une certaine idée du cinéma d’horreur, conçu comme un manège à sensation. Après plus de la moitié du film consacrée à l’exposition grossière de ce qui va venir nous faire peur par la suite, on recherche le choc, le jumpscare absolu et implacable, la victoire par KO. Une logique de cinéma dont la saga Conjuring est un peu à l’origine, on retrouve cette façon qu’ont les films de James Wan de se jouer de cette phase d’appréhension du choc par le spectateur, de le tromper, de le trainer de fausse piste en fausse piste jusqu’à ce qu’il relâche son attention pour lui asséner avec un sens du rythme impeccable LE jumpscare là où il tapera le plus juste et où il aura une vraie pertinence cinématographique. C’est un équilibre très compliqué à atteindre, et quand on applique cette logique dangereuse sur un film fourre-tout aussi brouillon que l’est ce troisième opus d’Annabelle, on obtient un film qui plutôt que de prendre aux tripes, irrite les nerfs, et n’atteint jamais la vocation cathartique de la peur dans un film d’horreur, loin de là.
Kevin