[CRITIQUE] : Exfiltrés
Réalisateur : Emmanuel Hamon
Acteurs : Swann Arlaud, Finnegan Oldfield, Jisca Kalvanda, Charles Berling,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Rakka, Syrie, printemps 2015.
Faustine ouvre les yeux sur l’enfer dans lequel elle s’est jetée avec son fils de 5 ans. À Paris, Gabriel et Adnan, deux jeunes activistes, sont émus par la détresse de Sylvain, le mari de Faustine. Ils vont ainsi monter une opération d’exfiltration à haut risque. Une histoire vraie de deux mondes et celle d’une génération…
Critique :
Thriller géopolitique minutieux, rythmé et plutôt bien interprété, #Exfiltré privilégie la véracité au spectacle même s'il peine cruellement à impliqué son spectateur face à une histoire pourtant bien vraie.— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 7, 2019
Dommage, car il a le bon ton d'asséner quelques vérités avec crudité. pic.twitter.com/BC7LuTmnTz
Il fallait oser, à une heure où la question de la lutte contre le terrorisme n'a jamais été aussi brûlante sur le territoire, de proposer une oeuvre traitant justement, en s'appuyant sur des faits bien réels, de la question hautement houleuse de ressortissants français quittant l'hexagone pour la Syrie, histoire de gonfler les rangs du djihadisme.
Et encore plus quand on sait que le dit film, Exfiltrés, est le premier passage derrière la caméra d'Emmanuel Hamon, qui aurait pu choisir un sujet bien plus facile à ausculter pour son baptême du feu.
Rappelant de près le brillant Argo, qui lui aussi prenait pour toile de fond (plus abracadabrantesque parce qu'Hollywood quoi) l'extraction en milieu hostile, d'une poignée d'âmes, la péloche suit le destin de Faustine, fraîchement convertie à l'islam et qui part avec son enfant Noah en Syrie (elle a été gentiment berné par les belles promesses de Daech) avant de vite déchanter et de réaliser qu'elle a fait une grosse erreur de parcours.
C'est là le point de départ d'un thriller géopolitique plus ou moins haletant mais réellement dramatique et complexe, alternant judicieusement une multitude de points de vues (du mari inquiet et dépassé en passant par son patron et son fils activiste opérant justement au Proche-Orient) pour mieux étayer les arcanes d'une affaire dense et floue mais impossible à contredire - parce que bel et bien vraie.
Et c'est bien cela le hic, car même s'il est tourné quasiment dans l'urgence et en temps réel (le départ en Syrie en passant par la Turquie, puis l'exfiltration quasiment dans la foulée) et qu'il est incroyablement minutieux, jamais Exfiltrés n'arrive à nous faire croire que tout ce qu'il narre est réel (les soucis de cohérence sont légion), et n'arrive jamais à créer la moindre empathie même jusque dans le jeu de ses acteurs, alternant le bon (Arlaud et Berling) et l'approximatif (Oldfield).
Dommage quand on sait qu'il a le bon ton de balancer quelques vérités bien cruelles (le manque de réactivité de l'état face aux familles et victimes), de privilégier la véracité au spectacle et de mettre en images, comme le très beau Le Ciel Attendra, un sujet d'actualité délicat mais important.
Jonathan Chevrier