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[CRITIQUE] : Captain Marvel

 

Réalisateur : Anna Boden et Ryan Fleck
Acteurs : Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law, Annette Bening, Ben Mendelsohn,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min

Synopsis :
Captain Marvel raconte l’histoire de Carol Danvers qui va devenir l’une des super-héroïnes les plus puissantes de l’univers lorsque la Terre se révèle l’enjeu d’une guerre galactique entre deux races extraterrestres.



Critique :



On ne peut pas vraiment dire que le MCU excelle dans l'art de l'origin story depuis les premiers battements de cils de son univers partagé.
Si Iron Man reste une référence absolue, et que Les Gardiens de la Galaxie ont résolument relevé le défi avec brio - on ne compte par Black Panther, qui est un film solo à part -, pour le reste en revanche, on oscille gentiment entre le blockbuster classique et oubliable au divertissement à la limite de l'ennui poli, là ou le Worlds of DC, même dans ses travers les plus indéfendables, a au moins le mérite de d'oser des choses et de casser la routine du genre superheroïque.
Emboîtant justement le pas au Wonder Woman de Patty Jenkins (pour un studio se voulant visionnaire, onze ans de " méthode " sans film solo avec une super-héroïne en vedette, c'est beau), tout en servant d'amuse-gueule - comme Ant-Man et la Guêpe - avant le tant attendu dessert de la Phase 3, Avengers : Endgame, Captain Marvel incarnait donc autant un sacré événement qu'un passage obligé sur le tard; une péloche sincèrement coincée le cul entre deux chaises et qui incarne ce douloureux sentiment jusque dans son ultime bobine.


Tout comme ses petits camarades de la team Avengers, Carol Danvers n'a décemment pas eu les honneurs d'un film solo digne de ce nom, la faute à une accumulation de fautes de goûts voire même de paresse, symptomatique d'une méthode limitée et calquée à outrance pendant bien trop longtemps puisque jamais remise en cause par son succès et sa popularité écrasante dans les salles obscures mondiales.
Catapulté dans l'époque so rétro/kitsch des 90's jamais réellement utilisé à bon escient (exceptés pour quelques références à la pop culture aussi futiles que superficiels, ou les looks de ses personnages), retrouvant l'esprit de décalage entre son héroïne et le commun des mortels déjà usé dans Thor (et... Wonder Woman), mais surtout une sur-présence humoristique à la limite de l'overdose (Goose, réduit à un simple outil humoristico-marketing au rendu numérique douteux) annihilant sans forcer tout sa dramaturgie mais surtout tout le potentiel épique et iconique de sa figure héroïque, Captain Marvel coche volontairement toutes les cases du film MCU et sape dans les grandes largeurs sa présentation de ce qui est censé être le nouveau leader puissant de son univers partagé - avec Doctor Strange - et son joker majeur dans la lutte contre Thanos.


Privilégiant la facilité à la singularité dans une intrigue/quête existentielle un brin fébrile et manquant cruellement d'inventivité, ne décolant réellement que dans son dernier tiers (ou les aptitudes de son héroïne, tout comme elle-même, semble enfin s'émanciper), le film d'Anna Boden et Ryan Fleck, dont la patte côté mise en scène est encore plus invisible et impersonnelle que celles de Brad Peyton sur les deux Ant-Man, ne fait que de se balader en terres connues et n'apporte jamais la force nécessaire a cette oeuvre pourtant essentielle, censée être le contrepoids féministe salvateur d'un univers cinématographique résolument machiste à tous les niveaux - même derrière la caméra.
Si les intentions de vouloir dépeindre les aventures d'une héroïne courageuse sont bonnes (Brie Larson est convaincante et son duo avec un Samuel L. Jackson/Nick Fury joliment rajeuni, est l'un des plus du métrage et fait parfois tanguer le tout vers le buddy movie savoureux), l'exécution elle est sensiblement à la rue, même si l'on pourra louer le métrage de ne jamais trop sexualiser Danvers, de pointer la condescendance de la société moderne (et même extraterrestre) envers les femmes, et d'en faire, dans le feu de l'action, une héroïne à la hauteur des grands héros de la firme, aussi douce et complexe qu'elle est forte et inspirante.


Impersonnel et sans vrai caractère comme tout opus Marvelien moyen (rien ne cherche à se démarquer du tout commun) tout autant qu'il est étonnement rythmé, dénué de tout instant mémorable malgré des scènes d'action aux SFX maîtrisés - mais emballées sans la moindre saveur -, un comble quand on sait que le personnage est sans doute le plus puissant du roster MCU (ce qui légitime, quoi qu'en diront certains, quelle soit un leader naturel de la Phase 4 et même des suivantes); Captain Marvel, qui use de son humour comme un enduit scénaristique, incarne un blockbuster lambda divertissant mais férocement incinsistant, approchant trop fugacement les attentes qu'il a su susciter.
On en attendait plus mais surtout, le personnage méritait bien mieux...


Jonathan Chevrier



Le MCU (Marvel Cinematic Univers) a fêté ses dix ans l’année dernière. Dix ans d'héroïsme, de super-héros d’horizons différentes, du raton laveur de l’espace jusqu’au dieu nordique. Qu’on aime ou que l’on déteste, Marvel aura créé un univers riche et surtout incroyablement rentable, mis au service des fans de comics et/ou de blockbusters efficaces, mêlant action et émotion. Mais (oui il y a un mais, et il est de taille), une question subsiste. Où sont les femmes ? Iron Man 2 avait, en 2010, introduit Black Widow (aka Natasha Romanov), une espionne du S.H.I.E.L.D particulièrement compétente.


En 2015, Avengers : l’ère d’Ultron nous présentait Scarlet Witch (aka Wanda Maximoff), une mutante surpuissante, capable de tenir tête à Thanos avec ses pouvoirs. En 2018, la Guêpe (aka Hope Van Dyne), qui vole la vedette à Paul Rudd dans Ant-Man et la Guêpe.  Et c’est tout. C’est peu, quand on cherche un minimum et que l’on s’aperçoit toutes les super-héroïnes que cachent les comics de l’écurie Marvel. Surtout que si leur collègues masculins ont tous eu leur origin story et leur propres films, Black Widow, Scarlet Witch et la Guêpe se contentent d'apparition dans les films des autres. Pourtant, depuis le succès du tout premier film Avengers en 2012, des fans de plus en plus nombreux ont demandé un film exclusivement sur Black Widow. Dix ans plus tard, un film est enfin en préparation avec Cate Shortland au commande. Croisons les doigts pour que le film se fasse jusqu’au bout. Aujourd’hui, Marvel se décide enfin à mettre en lumière une de ses héroïnes les plus puissantes, les plus badass. Le MCU va donc nous présenter sa Captain Marvel (aka Carol Danvers), juste avant la sortie de Avengers : Endgame (en avril prochain) où elle aura un rôle important. Une origin story comme Marvel sait le faire, avec tout l'héroïsme et la badasserie qu’on aime. Plongeons nous dans les années 90’s, décennie où Fury a fait sa connaissance.
Comme la plupart des héros de comics, Captain Marvel a plusieurs origin story. D’abord un homme appelé Mar-Vell, Captain Marvel est passée par plusieurs phases jusqu’à devenir Carol Danvers en 2012 (qui était tout d’abord Miss Marvel). Le scénario du film retrace donc la vie de Carol Danvers et sa transformation progressive en super-héroïne.


C’est ici toute la difficulté de Captain Marvel, introduire un personnage au background assez lourd, et réussir à contenter autant les fans pur souche que le spectateur lambda, sur un personnage peu connu du grand public. Surtout que le film s’investit d’une mission supplémentaire, faire rêver les petites filles et démontrer que les femmes peuvent tout autant casser du genou, en lead d’un film à gros budget. Brie Larson, actrice et activiste féministe connue a pris à bras le corps ce rôle et nous offre une héroïne à part entière : fière, forte, parfois vulnérable mais puissante au delà de ça. Ancienne pilote émérite, Carol devient une kree (de noble guerriers héroïques). Après l’échec d’une mission, elle se retrouve sur terre, prête à retrouver un passé dont elle a presque tout oublié. Elle amène avec elle une guerre galactique contre les Skrulls et va faire la connaissance d’un tout jeune membre du S.H.I.E.L.D du nom de Nicholas Joseph Fury. Samuel L. Jackson apporte ici une touche d’humour, et incarne un Fury moins froid et intense (le Fury des Avengers en pâmoisons devant un chat… c’est quelque chose qu’on n’aurait jamais cru voir). Côté personnage féminin, nous en avons aussi pour notre compte. Annette Bening fait un mentor classe et motivante, Lashana Lynch en meilleure amie de Carol et super pilote, Gemma Chan en snipeuse ultra efficace et Goose, la chat femelle roux, qui vole la vedette et le coeur de tous les amoureux et amoureuses des chats.


Soyons honnêtes, Captain Marvel ne s’éloigne pas du côté aseptisé et classique, qui caractérise les film du MCU. Un scénario didactique, un montage dynamique (parfois trop), des effets spéciaux à foison. Le début du film fait cafouillis, avec beaucoup trop d’informations à encaisser pour un novice du personnage. Mais une fois que Carol s’élance en tant que héroïne, le film prend une tournure épique et badass. Ce qui fonctionne le plus est l’élan d'empowerment que le film essaye de créer, avec la figure de Captain Marvel, empêtrée dans un patriarcat étouffant, qui se déleste de ses chaînes et qui accepte amplement ses pouvoirs et son rôle de justicière. Il n’est pas étonnant donc que le film donne la part belle au groupe grunge, punk et pop rock des années 90’s (époque du film) au leader féminin dans la BO. Garbage, Hole et bien sûr No Doubt, avec l’hymne féministe de la chanteuse Gwen Stefani “Just a girl” où elle s’amuse des clichés sur les femmes d’une manière sarcastique (fond sonore d’une super scène de bataille, où Carol dégomme des méchants).


S’il n’est pas exempt de défauts, Captain Marvel nous offre une héroïne à part entière, inspirante et surtout sur-puissante. Considéré comme “trop politique” car le film veut mettre les femmes à l’honneur (devant la caméra, mais aussi derrière avec la première compositrice du MCU Pinar Toprak), il ne mettra pas tout le monde d’accord. Mais ce n’est pas grave, car comme le dit si bien Carol Danvers, elle n’a pas à vous prouver quoi que ce soit.


Laura Enjolvy