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[CRITIQUE] : Celle que vous croyez


Réalisateur : Safy Nebbou
Acteurs : Juliette Binoche, François Civil, Nicole Garcia, Marie-Ange Casta, Guillaume Gouix
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français
Durée : 1h41min

Synopsis :
Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels. Une histoire vertigineuse où réalité et mensonge se confondent.



Critique :



Les femmes, comme tout être humain, vieillissent. Pourtant cet état de fait ne plaît pas dans notre société. On peut le voir dans les magazines féminins qui préconisent le botox ou autres produits censés enlever les rides. Les crèmes pour les masquer ont envahi les rayons beauté. Les femmes jeunes sont mises en avant et tout est fait pour qu'on envie leur pommettes saillantes, leur rafraîchissante jeunesse. Les célébrités de plus de quarante ans sont sans cesse photoshoper. Vous l'avez compris, la société fait tout pour former un diktat sur le corps des femmes, encore et toujours. Mais du coup, comment vieillir sereinement à l'heure des réseaux sociaux, de Instagram ? Où il est tellement facile de se cacher, de se réinventer. Ou bien carrément, de se glisser dans la peau d'une autre personne et ainsi échapper à une réalité qui ne nous convient plus. C'est le sujet du nouveau film de Safy Nebbou Celle que vous croyez, écrit par Julie Peyr et lui-même et adapté du livre du même nom par l'autrice Camille Laurens.



Il existe une forme de divorce qui existe depuis la nuit des temps, celui du couple hétérosexuel dans la cinquantaine qui se sépare parce que l'homme a trouvé une femme plus jeune. C'est ce qui est arrivé à Claire, interprétée par Juliette Binoche. Divorcée et mère de deux enfants, cette femme essaye d'oublier sa vie d'avant dans les bras de Ludo, un trentenaire qui ne veut pas d'une relation amoureuse. Ce que recherche Claire, c'est d'être désirée. Quand Ludo part, elle se sent de nouveau démunie. C'est avec ce sentiment d'insécurité qu'elle se crée un profil Facebook. Elle devient Clara, une jeune femme blonde de 24 ans. Elle voulait juste rendre jaloux Ludo, mais un engrenage commence quand Alex, son colocataire tombe éperdument amoureux de Clara.
Tel un puzzle, Celle que vous croyez déroute par sa manière d'imbriquer plusieurs genres, tantôt thriller, tantôt drame émouvant. Safy Nebbou creuse profondément l'âme de Claire, et en même temps les âmes de toutes les femmes. De ce double standard sexiste. Il semble si naturel pour les hommes de rechercher des femmes plus jeunes et de jeter en pâture les femmes “vieilles”. Alors que l'inverse est mal vu. D'ailleurs, Claire se fait traiter gentiment de cougar par ses amis, qui s'amusent de son air d'adolescente amourachée. Le réalisateur décide aussi de s'intéresser aux réseaux sociaux et les dégâts qu'ils peuvent provoquer. Celle que vous croyez est aussi un film qui met en valeur son actrice principale, Juliette Binoche,où elle nous bouleverse par sa fragilité et son mal être. En face, François Civil n'a pas à rougir, tant il irradie le film de sa présence vocale, tout d'abord, puis physique dans un épisode fantasmé par Claire.



Nous plongeons directement dans la tête du personnage grâce au fil rouge, les séances avec la psychiatre (Nicole Garcia). Point d'accroche, il sert de filet de sécurité au spectateur pour différencier le réel du virtuel. Nous pouvons voir une femme brisée par son divorce, qui essaye avec un mince filet de se sentir désirable, vivante.
Ce besoin de jeunesse éternelle pour les femmes est une violence sourde. Il est donc important d'avoir des films comme Celle que vous croyez pour appréhender le problème. C'est encore mieux quand, comme ici, le film est bien exécuté. Safy Nebbou nous plonge dans le labyrinthe psychologique d'une femme terrifiée par le temps et ses ravages.


Laura Enjolvy


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