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[CRITIQUE] : Monsieur

 

Réalisateur : Rohena Gera
Acteurs : Tillotama Shome, Vivek Gomber, Geetanjail Kulkarli,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Indien, Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Ratna est domestique chez Ashwin, le fils d'une riche famille de Mumbai.
En apparence la vie du jeune homme semble parfaite, pourtant il est perdu. Ratna sent qu'il a renoncé à ses rêves. Elle, elle n'a rien, mais ses espoirs et sa détermination la guident obstinément.
Deux mondes que tout oppose vont cohabiter, se découvrir, s'effleurer...





Critique :



Je n'ai pas eu la chance de trouver "Movieland" sous mon sapin (notez ce subtil appel du pied à tous mes proches), vous savez, cette carte créée par David Honnorat et qui recense près de 2000 films néanmoins, m'est avis que si Monsieur y avait figuré, on l'aurait dégoté au croisement du Mariage des Moussons et d'In The Mood for Love.




La tonalité y diffère – très festive dans Le Mariage des Moussons, tout en retenue dans Monsieur – mais on retrouve chez Mira Nair comme chez Rohena Gera une dénonciation sans fard des castes nichée au cœur d'une histoire d'amour incandescente. Nourrie par ses propres souvenirs – la réalisatrice avait elle-même une nourrice qui vivait à son domicile tout en étant foncièrement exclue du noyau familial du fait de son statut – cette romance éminemment sociale fait donc figure – contre toute attente – de doux pamphlet. Pour son premier long-métrage, Rohena Gera a également choisi de mettre la mise en scène au service de ses convictions : des murs aux meubles, en passant par le service de table, il n'est pas un élément du décor qui ne soit pas exploité pour mieux incarner les remparts invisibles que sont les strates sociales en Inde et ainsi représenter la séparation symbolique des deux personnages.



Fluide et pudique, Monsieur n'atteint jamais la virtuosité poétique et l'esthétisme raffiné d'In The Mood for Love mais s'illustre toutefois, comme le chef d’œuvre de Wong Kar-wai au début des années 2000, par sa sensualité exacerbée empreinte de pudeur. L'espace est ici aussi le premier témoin de ce corps-à-corps impossible, qu'il soit privé – avec ces vides particulièrement bien mis en scène – ou public avec, comme miroir de cet amour en chantier, une Inde asphyxiée par les grues et les terrains en construction. Portée par ses deux acteurs principaux – Tillotama Shome et Vivek Gomber – il manque cependant à cette chronique amoureuse une aspérité psychologique et scénaristique pour être pleinement réussie. Reste un récit d'émancipation extrêmement délicat, d'une acuité et sobriété exemplaires et accessoirement triplement récompensé à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes et au Festival de Saint-Jean-de-Luz.


Anaïs



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