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[CRITIQUE] : Guy


Réalisateur : Alex Lutz
Acteurs : Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot, Dani, Julien Clerc, Nicole Calfan, Elodie Bouchez,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min.

Synopsis :
Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu'il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.



Critique :


On était de ceux, étonnamment peu malheureusement, à avoir adoré le premier passage derrière la caméra du mésestimé Alex Lutz, l'excellent Le Talent de mes Amis, vrai film de potes pas toujours maitrisé mais attachant, dans lequel le wannabe cinéaste mais vrai comique, nous ouvrait un petit peu plus les portes de son univers, bien plus complexe et original qu'il n'en avait l'air de prime abord.
Aussi drôle que très personnel, le bonhomme prenait le parti pris louable d'user d'un sujet universel pour synthétiser le malaise de toute une génération : la peur d'être passé à côté de sa vie, de ne pas être à la hauteur de ce que l'on a pu attendre de nous, de ne pas être meilleur et aussi épanoui que son voisin, de s'être englué dans une routine fade, fatiguante voire même un certain anonymat que l'on se jurait pourtant de fuir à l'âge bénit de l'adolescence.
Autant feel good movie parsemé de beaux moments d'émotion (les scènes de feu Jeanne Moreau en tête) que bromance simpliste et volontairement beauf comme on les aime, dynamisé par des gags faisant constamment mouche - ou presque -, la péloche s'adressait avec tendresse à son public cible - les trentenaires surtout -, le brossant dans le sens du poil à coups de références savoureuses tout en le questionnant de manière plus que concerné sur son existence et ses rêves perdus.



Une réussite, qui appelait un second passage derrière la caméra, qui aura mis rien de moins que trois ans à pointer le bout de son nez...
Intitulé Guy, et prenant les traits d'un vrai/faux documentaire sur une vieille gloire de la variété française, un mockumentary aussi drôle - mais jamais vraiment moqueur - qu'il est d'une émotion palpable, dans lequel Lutz, impliqué corps et âme, livre ce qui est peut-être, la partition de sa vie.
Loin de la comédie facile façon cousin lointain du Podium de Yann Moix, Guy, totalement tourné du point de vue subjectif d'un jeune homme qui n'est pas le héros du métrage (Gauthier, qui tourne un portrait documentaire d'un homme qu'il pense être son père, le fameux Guy Jamet), est un tour de force conceptuel qui aligne autant les moments drôles (notamment via sa vision acide mais réaliste du show-business) qu'émotionnellement puissant, via un versant mélodrame familial aussi étonnant qu'il est d'une force indescriptible (les larmes nous cueille parfois sans qu'on les sente venir); le tout accompagné de tubes mi-ringards mi-entêtants, qui agrémentent le portrait sincère et intime d'un artiste vieillissant, dont on effleure les souvenirs avec une délicatesse rare pour mieux aboutir à une universalité des sentiments franchement émouvante.



Vraie réflexion sur la famille, la filiation et l'existence (tout simplement) à l'aube de ses derniers battements de cils, autant que sur le mythe (faussé) de la célébrité, porté avec conviction autant derrière que devant la caméra par un Alex Lutz habité en chanteur factice (incarnation réaliste d'un medley de plusieurs artistes célèbres : Delpech, Sardou, Béart,...) mais bouleversant; Guy est un moment de cinéma au coeur gros comme ça, aussi ludique et fascinant qu'il est d'une bienveillance, d'une subtilité richesse incroyable.
Nous n'attendions pas Alex Lutz à un tel niveau d'exception (le film fait clairement partie du TOP 3 des meilleurs films français de l'année, tout simplement), nous n'étions décidément pas prêts, et les spectateurs non plus.


Jonathan Chevrier


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