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[CRITIQUE] : Paranoïa


Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : Claire Foy, Joshua Leonard, Amy Irving, Juno Temple,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre :  Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Une jeune femme, convaincue d’être harcelée, est enfermée contre son gré dans une institution psychiatrique. Alors même qu’elle tente de convaincre tout le monde qu’elle est en danger, elle commence à se demander si sa peur est fondée ou le fruit de son imagination...



Critique :

Passé une " plus où moins " retraite qui a vu le bonhomme avoir un emploi du temps au final aussi chargé qu'avant, le touche-à-tout de génie Steven Soderbergh revenait aux affaires et derrière la caméra l'an dernier avec le jouissif Logan Lucky, sorte de Ocean's 11 chez les rednecks qui transpirait la maestria de son cinéma sur tous les bords de sa pellicule.
Toujours prêt pour les expérimentations les plus folles pour mieux réinventer son art, le bonhomme suit les pas de Sean Baker et son Tangerine, en tournant son nouveau long-métrage, Unsane - Paranoïa par chez nous - entièrement à l'iPhone.
Un sacré challenge technologique visant à rendre encore plus immersive et troublante (surtout) cette nouvelle incursion dans le thriller psychologique à forte tendance horrifique (huit ans après le magistral Contagion), contant les aléas d'une femme flanquée accidentellement - ou pas - dans un hôpital psychiatrique, et qui désespère de prouver sa bonne santé mentale avant de se voir frapper par un fantôme du passé bien décidé à la hanter.



Sur le papier, cette plongée intime et labyrinthique dans les arcanes du système hospitalier et du calvaire intime d'une patiente façon Vol au-dessus d'un nid de coucou infernal à forte tendance Lynchienne - avec la très demandée Claire Foy en vedette -, traitant également du sujet trop peu abordé du harcélement féminin, vendait suffisamment de rêve pour qu'on soit un minimum attiré par la chose au-delà même de la présence de Soderbergh derrière la caméra.
A l'écran en revanche, la déception pointe (très) vite le bout de son nez aussi bien d'un point de vue visuelle (l'image est terne et souvent mal cadrée malgré quelques plans un poil recherché plaçant instinctivement le spectateur en position de voyeur, le découpage est archaïque...) que scénaristique, tant ce huis-clos paranoïaque et cauchemardesque dévoile de manière bien trop précoce son jeu (SPOILERS : l'héroïne n'est pas folle, le suspense est tuée à peine à la fin du premier tiers), ramant dès lors péniblement à développer l'intérêt pour une intrigue minimaliste aussi peu originale que paresseuse - voire même limite ennuyeuse -, manquant cruellement d'ampleur (un peu comme son Effets Secondaires, thriller à tiroirs qui alignait les twists sans saveur) et n'exploitant jamais vraiment les nombreux thèmes abordés (l'aspect malsain du titre au double sens : autant l'incapacité volontaire du monde à ne pas aider cette femme à résoudre son calvaire que, plus simplement, le côté malsain de sa situation) jusqu'à un final plus convenu tu meurs.



Privilégiant maladroitement la forme (bancale mais osée) au fond (jamais crédible ni prenant, le cul coincé entre deux sièges dans son mélange des genres), Unsane, qui se rêve aussi tortueux et ambiguë qu'un Shutter Island L'Échelle de Jacob, ne vaut alors que pour la partition impliquée - et le mot est faible - d'une Claire Foy lumineuse, qui semble tout du long croire en la force viscérale du métrage, vraie prise de risque assumée même dans ses nombreux travers.
Et elle est (sûrement) bien la seule.


Jonathan Chevrier




Steven Soderbergh ne prend même pas le temps de se faire désirer et nous offre Paranoïa (traduction franchouillarde douteuse d’un très fin ‘Unsane’ en V.O.) moins d’un an après le brillant Logan Lucky. Revenu définitivement sur sa retraite, il persévère de plus dans son habitude d’alterner un film “classique“ avec un film plus “expérimental“ (que ce soit sur la forme ou sur le fond). Ici, si le fond est certainement politique (les événements du film sont inspirés de faits réels), c'est bien la forme qui se veut alternative : Paranoïa est entièrement tourné à l'iPhone.



L'ambiance est démente, dans tous les sens du terme : terriblement malsaine et terriblement réussie. Pour Soderbergh, l'utilisation des iPhone impliquait une réalisation effacée, presque absente, souvent presque caméra de surveillance ou même caméra embarquée. L'utilisation de des caméras de téléphones rompent ainsi avec toute dimension de grandiose filmique et augmentent immersion et sensation d'enfermement, et ce dès les premières scènes, même dans les rues hors de l'hôpital.
Claire Foy, en dehors de sa zone de contrôle, excelle et porte le film sur ses épaules ; Joshua Leonard, l'interprète de son stalker est légèrement moins convaincant (son statut de polichinelle psychotique pouvant surgir à chaque instant l'empêche d'inscrire son jeu dans la finesse). Juno Temple est quant à elle simplement hallucinante et terrifiante.




Soderbergh déroule son histoire sans concessions - et sans artifices, comme on l'a vu plus haut - et livre un thriller pur. Il joue avec des temps de pause qui augmentent le malaise. La mécanique dans laquelle l’héroïne est enfermée paraît implacable avant de sembler surréaliste. On sent que tout a été pensé au détail près, mais par quelqu'un d'autre qu'un scénariste de fiction : tout cela paraît tellement plausible que cela en devient réel.


Augustin Piétron




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