[CRITIQUE] : Les Filles du Soleil
Réalisateur : Eva Husson
Acteurs : Emmanuelle Bercot, Golshifteh Farahani, Zübeyde Bulut,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min.
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2018
Synopsis :
Au Kurdistan, Bahar, commandante du bataillon Les Filles du Soleil, se prépare à libérer sa ville des mains des hommes en noir, avec l’espoir de retrouver son fils. Une journaliste française, Mathilde, vient couvrir l’offensive et témoigner de l’histoire de ces guerrières d’exception. Depuis que leur vie a basculé, toutes se battent pour la même cause : la femme, la vie, la liberté.
Critique :
Pamphlet artificiel, maladroit, complaisant voire même parfois gênant malgré un sujet en or massif, #LesFillesduSoleil, plus qu'imparfait, est un ratage au moins à la hauteur de l'attente qu'il a su susciter, malgré la présence lumineuse de Golshifteh Farahani. Grosse déception pic.twitter.com/BsIXNhR45f— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 18 mai 2018
On avait laissé Eva Husson il y a deux ans avec une impression plus que mitigé à la réception de son premier essai, le sulfureux et très inégal Bang Gang.
Deux ans plus tard, la cinéaste s'attache à un projet aussi ambitieux qu'il est férocement casse-gueule : Les Filles du Soleil, né de sa volonté à mettre en lumière le terrible sort des Yézidis, une communauté kurdophone à la religion monothéïste (elle fait du soleil une entité sacrée), persécutée par les mouvements terroristes de l'Etat Islamiste; une poignée de femmes luttant contre un ennemi aux idéaux et actions radicales.
Un sujet hautement sensible que la cinéaste captera par le prisme de la fiction et non du documentaire réaliste, avec à sa tête deux têtes d'affiches au talent plus que certain : les merveilleuses Emmanuelle Bercot et Golshifteh Farahani.
Espéré comme une expérience organique au coeur du conflit, avec des personnages féminins forts incarnant le moteur vibrant d'une insurrection nécessaire, Les Filles du Soleil, loin du beau et grand film sur la cause kurde, est une catastrophe bruyante qui ne retranscrit jamais ni la réalité tragique, ni l'héroïsme incroyable de ses combattantes, un drame plombé de toute part par une avalanche de pathos indigeste et une narration proprement confuse et incompréhensible.
Boursouflé de tous ses pores (ses multiples falshbacks qui taillent l'intrigue à la machette), parsemé de dialogues consternant de bétises et une musique creuse, le second long-métrage d'Eva Husson, à la mise en scène fonctionnelle et totalement à la rue dans sa direction d'acteurs (exit le portrait collectif, seule la sublime Golshifteh a vraiment d'intérêt aux yeuc de la cinéaste), se rêve important, mais ne se donne jamais les moyens de l'être réellement.
Pamphlet artificiel, complaisant voire même parfois gênant malgré un sujet en or massif, Les Filles du Soleil, plus qu'imparfait, est en tout point une déception à la hauteur de l'attente qu'elle a su susciter.
La Croisette 2018 a trouvé son The Last Face, en plus défendable cela dit...
Jonathan Chevrier