[CRITIQUE] : Stronger
Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Tatiana Maslany, Miranda Richardson,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min.
Synopsis :
En ce 15 avril 2013, Jeff Bauman est venu encourager Erin qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat. Il va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.
Critique :
Vrai drame authentique et bouleversant,#Stronger nous place habilement au coeur du conflit intérieur d'un américain jadis tranquille (Gyllenhall, habité et furieusement empathique) détruit par la bêtise humaine et obligé de se battre - tout comme Boston - pour se reconstruire pic.twitter.com/xMgnehs4S2— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 1 février 2018
À une heure où le terrorisme est devenue
une peur au quotidien ancrée dans la psyché commune, le septième art ne
cesse d'en analyser toutes ses coutures à travers une pléthore de mise
en images d'événements douloureusement réels, avec plus ou moins de
pertinence.
Fatih Akin hier (In The Fade,
actuellement en salles), Clint Eastwood demain (Le 15h17 pour Paris), on
retrouve surtout David Gordon Green au présent avec Stronger, qui remet
sur le tapis les terribles attentats de Boston du 15 avril 2013
quelques mois après le réquisitoire musclé de Peter Berg - Traque à
Boston -; en s'attachant aux mémoires bouleversantes de Jeff Bauman,
victime jusque dans sa chair - il sera amputé de ses deux jambes - de ce
jour sombre de l'histoire américaine (et de l'humanité tout court).
Sans
atteindre la fureur viscérale du formidable Un Jour dans la Vie de
Billy Lynn d'Ang Lee, David Gordon Green, également moins doué caméra au
poing que le papa du Secret de Brokeback Mountain - la mise en scène
est classique au possible -, nous place habilement au coeur du conflit
intérieur d'un homme détruit ayant lourdement payé le tribut de la
bêtise humaine, qui va devoir se battre pour réapprendre à vivre et se
reconstruire - tout comme la ville de Boston dont le parallèle est
évident.
Malin, le cinéaste croque avec force et
panache une peinture intelligente du patriotisme triomphant de
l'American Way of Life, par la force évocatrice et férocement
cinégénique du destin " héroïque " d'un ordinary guy pur et dur, qui va
devoir gérer à la dure sa notoriété soudaine en plus de son retour
brutal à la réalité.
Jeff est un type comme les
autres, tiraillé autant par les deux femmes de sa vie, sa mère
(possessive et étouffante) et sa petite amie (avec qui il entretient une
relation en dents de scie, mais dont l'amour sincère est le moteur de
son courage) que par une perte (légitime) d'estime de soi à la limite de
l'auto-destruction maladive, qui n'a jamais réellement demandé à être
la figure emblématique de la résilience Bostonienne; mais qui endossera
pourtant la panoplie avec courage, pudeur et dignité.
Certes
un peu facile comme tout drama à oscars, flirtant constamment du bon
côté de la surenchère émotive (pas d'excès de sentimentalisme, même dans
la composition des acteurs) pour provoquer les larmes - nombreuses -
sans jamais les quémander, puissant et furieusement empathique grâce à
la partition appliquée de son couple vedette, le caméléon Jake
Gyllenhaal (habité) et la craquante Tatiana Maslany (lumineuse);
Stronger est un film authentique et bouleversant qui fait mouche malgré
ses grosses ficelles apparentes, et dont on ressort aussi lessivé
émotionnellement que franchement conquis.
Une belle et grande histoire tragique et captivante.
Jonathan Chevrier