[CRITIQUE] : Wonder Wheel
Réalisateur : Woody Allen
Acteurs : Kate Winslet, Justin Timberlake, Jim Belushi, Juno Temple,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min.
Synopsis :
Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l'effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.
Critique :
Sous le cadre idyllique de Coney Island, Woody Allen radote et fait de #WonderWheel un quasi remake à peine masqué de #BlueJasmine via un énième portrait de femme au bord de la dépression cruellement artificiel, jamais tranchant ni passionnant, malgré une Kate Winslet impliquée pic.twitter.com/HpBhvUajh7— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 31 janvier 2018
Plus boulimique de pellicules que jamais avec son rythme d'une péloche par an, nous avions laissé ce bon vieux Woody Allen en 2016 en plein festival de Cannes, avec le divertissant Café Society, fuite en avant façon chassé-croisé amoureux dans une Hollywood qu'il méprise depuis toujours (et qu'il mitraille toujours autant avec sarcasme); une délicieuse comédie romantique pétrie de charme et de subtilité, dans laquelle les dialogues finement scriptés fusent comme des feux d'artifice en pleine fête nationale et ou l'émotion, parfois cruel, décortique avec malice le sentiment amoureux - et surtout la mélancolie du premier grand amour de chacun -, dans ce qu'il a de plus bouleversant (l'amour non partagé ou les romances manquées), passionnant et vrai.
Le bonhomme nous avait une fois n'est pas coutume, confirmé qu'il ne s'impliquait pleinement dans ses péloches qu'une fois sur deux, lui qui aligne depuis près de trois décennies maintenant un grand cru ambitieux puis un plus mineur - la quantité ayant toujours un impact certain sur la qualité.
On attendait donc avec impatience non feinte son retour au business, mais surtout à un cinéma plus exigeant et pensé même si toutes ses œuvres s'assemblent et se ressemblent, via Wonder Wheel, produit et distribué par Amazon Studios - le seul film que la firme balancera en salles - mais surtout la promesse sur pellicule d'une belle et vintage dramédie romantique en plein Coney Island, le tout porté par un couple vedette inédit : Kate Winslet et Justin Timberlake.
Nostalgique comme quasiment tous les derniers longs du cinéaste, et encore plus quand il (re)prend comme cadre idyllique sa Grosse Pomme adorée - le retour à Coney Island cite directement l'ouverture de son bijou Annie Hall -, la péloche s'attache à conter les affres d'un amour impossible entre une actrice déchue qui n'a pourtant pas renoncé à ses rêves (Winslet, lumineuse) et un maître nageur plus jeune et qui n'a aucune difficulté à la séduire (Timberlake, charismatique); autour desquels gravitent une belle-fille pétillante (Juno Temple) et un mari acteur passif d'un mariage sans amour (Jim Belushi).
Véritable tragédie humaine sur une femme au bord de la dépression dont la seule lueur d'espoir est une relation adultère (espoir très vite bousculé par sa belle-fille), moralement maladroit, théâtralisé à outrance et ou le cinéaste, plus personnel que jamais (et dans le sens dérangeant du terme, tant cette oeuvre apparaît comme une confession intime des travers du névrosé new-yorkais), radote ses thèmes et questions existentielles une fois de plus sans y apporter la moindre nuance ni originalité; Wonder Wheel a des fausses allures de Blue Jasmine sous prozac, jamais tranchant ni touchant mais surtout cruellement artificiel, malgré la partition appliquée d'une Kate Winslet intense et délicate.
Portrait de femme abimée jamais vraiment marquant ni prenant, le Allen nouveau, familier, peu rythmé et ne rendant nullement justice à la formidable photographie de Vittoro Storaro (déjà derrière Café Society), ne fait décemment pas partie du haut du panier de la carrière en dents de scie du cinéaste.
Difficile d'être enthousiaste à l'idée d'attendre son prochain essai, très difficile...
Jonathan Chevrier