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[CRITIQUE] : The Square


Réalisateur : Ruben Östlund
Acteurs : Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notaro,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Suédois, Allemand, Danois, Français.
Durée : 2h31min.

Synopsis :
Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.




Critique :



Habitué du festival de Cannes et souvent reparti les mains pleines de la Croisette, le cinéaste suédois Ruben Östlund a réussi cette année - pour sa quatrième venue - à chiper ni plus ni moins que le Saint Graal, au nez et à la barbe de Lynne Ramsay, Todd Haynes ou encore Yorgos Lanthimos.
Palme d'Or un poil décrié - un poil seulement - par une presse loin d'être sensible à son charme nordique, The Square débarque enfin dans des salles obscures hexagonales qui n'attendait (presque) que lui.



Satire sociale évidemment piquante sur l'art contemporain (et notamment sur la question du " qu'est-ce qui définit une oeuvre quelconque comme artistique ") tourné férocement - et le mot est faible - au ridicule au sein d'une avalanche de séquences aussi loufoques qu'elles sont gentiment grinçantes, le nouvel essai d'Östlund, comédie noire - pas toujours - drôle virant peu à peu vers la tragédie crue, joue franchement (trop peut-être) sur la longueur pour mieux étayer son coup de pied musclé dans les valseuses d'une bourgeoisie gerbante, dont il dénonce l'hypocrisie et l'individualisme; tout autant que sur l'homme et son évolution au fil des décennies.



Autant jubilatoire que suffoquant et vaniteux, enlaçant avec maitrise le rire et le pathétique et s'appuyant sur un casting vedette impliqué (Claes Bang en tête), The Square tape souvent très juste dans sa peinture ironique et perturbante de notre société.
Alors certes, ce n'est peut-être pas forcément l'oeuvre la plus pertinente de Östlund (on lui préfèrera volontiers son brillant Snow Therapy) mais décemment une péloche qui mérite d'être vu autant pour son message qui pousse à la réflexion que pour sa forme, glaçante et chaotique.
Diviser les spectateurs pour mieux les marquer.


Jonathan Chevrier