[CRITIQUE] : The Last Face
Réalisateur : Sean Penn
Acteurs : Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos, Jean Reno,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min.
Synopsis :
Au Libéria, pays d’Afrique ravagé par la guerre, le docteur Miguel Leon,
médecin humanitaire, et le docteur Wren Petersen, directrice d’une ONG,
tombent passionnément amoureux l’un de l’autre.S’ils sont tous les deux engagés corps et âme dans leur mission, ils n’en sont pas moins profondément divisés sur les politiques à adopter pour tenter de régler le conflit qui fait rage.
Ils devront surmonter leurs clivages et le chaos qui menace d’emporter le pays tout entier – sous peine de voir leur amour voler en éclats…
Critique :
#TheLastFace ou quand Penn démonte la sincérité de son message humaniste par l'absurdité d'un penchant consternant pour le mauvais gout pic.twitter.com/woFtcOPUb3— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 11, 2017
Si ces présences devant la caméra restent, parfois, furieusement discutables, et encore plus ces dernières années (coucou Gunman), en revanche, lorsqu'il prend sa caméra et qu'il se mue en grand conteur du septième art ricain, force est d'avouer que le grand Sean Penn tutoie plus la perfection qu'autre chose.
D'où notre impatience non feinte à l'idée de découvrir son dernier long-métrage en date, The Last Face, de loin la péloche la plus conspuée de la dernière quinzaine Cannoise.
Attendu comme l'un des points forts du Festival, le film, à l'instar du Nos Souvenirs de Gus Van Sant un an plus tôt (et loin d'être aussi nanardesque que sa mauvaise réputation le prétend), aura finalement incarné le puching ball sur pellicule d'une presse particulièrement inspirée à son sujet.
Un pugilat douloureusement légitime après vision, qui entache sérieusement la filmographie d'un Penn réalisateur jusqu'ici grandiose.
Objet cinématographique aussi maladroit qu'affreusement condescendant, dont l'absurdité est assenée dès les premières secondes (la violence des conflits au Libéria et en Sierra Leone, deux des conflits les plus sanglant qu'ait connu l'Afrique, est comparée à la " brutalité d'un amour impossible entre un homme et une femme "), le métrage, à des années-lumières du pamphlet engagé mis en boîte par un cinéaste militant, dénué de tout contexte géopolitique et léger comme une assiette de choucroute en plein hiver; fait de la souffrance africaine l'arrière-plan macabre d'un mélodrame poussif sous fond d'une romance stéréotypée et shootée à la mièvrerie, entre un médecin humanitaire et la directrice d'une ONG en mission au Libéria.
Aussi subtil que tonton Bay et son cousin russe Timur Bekmambetov (et encore), accumulant les scènes horrifiantes - et non-edulcolorées - sans véritable lien narratif, Penn démonte tout du long la sincérité de son message humaniste avec un penchant affligeant pour le mauvais gout; tout en se prenant pour un Terrence Malick du pauvre (voix-off surprésente en prime), en alignant les plans contemplatifs et les ralentis avec une frénésie proprement abusive.
Scénaristiquement consternant, visuellement brouillon et saccagé par un jeu d'acteur frisement lourdement avec le ridicule mais collant in fine parfaitement avec le projet (Jean Reno réussit la prouesse d'être encore plus navrant que dans Les Visiteurs - La Révolution...), The Last Face est de ces nanars indéfendables dont il est difficile d'en retirer la moindre étincelle de génie.
Seule Charlize Theron, lumineuse et filmée avec passion, justifierait la vision en salles de ce métrage choquant et raté de bout en bout.
Quoique...
Jonathan Chevrier