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[CRITIQUE] : Victoria


Réalisateur :Justine Triet
Acteurs : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime.
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu'elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.



Critique :




Mine de rien, doucement mais surement, la sublime Virginie Efira devient une des figures féminines les plus présentes (et indispensables) du septième art hexagonale, ou elle trimbale sa sublime plastique au gré de comédies sympathiques (Une Famille à Louer, Et Ta Soeur mais surtout Un Homme à la Hauteur), de thriller puissant (Elle) ou encore de belles envolées romantiques (Le Goût des Merveilles, Caprice).

De retour pour la quatrième fois cette année dans les salles obscures après les sympathiques Et Ta Soeur (remake du brillant Ma Meilleure Amie, Sa Soeur et Moi de Lynn Shelton), Un Homme à la Hauteur - avec Jean Dujardin - et le bouillant Elle du Hollandais vénère Paul Verhoeven, la belle comédienne franco-belge tente cette fois de nous éblouir à nouveau avec Victoria, second long-métrage de Justine Triet qui, tout comme Elle, s'est offert une présentation plus que remarqué lors de la dernière Croisette.



Tragi-comédie fougueuse totalement vouée à son actrice vedette, le film suit l'histoire d'une héroïne du même nom, , Victoria Spick, séduisante avocate pénaliste et mère de deux petites filles, enlisée dans un néant sentimental et un quotidien sans fulgurance, a telle point qu'elle semble plus subir son existence que réellement la vivre.
Totalement éteinte, elle débarque dans un mariage ou elle retrouve son ami Vincent, quarantenaire à l'ego sur-dimensionné, mais également Sam, un ex-dealer qu'elle a sorti d'affaire.
Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne aussi névrosée que lui, et implore l'avocate de le défendre tandis qu'elle embauche Sam comme jeune homme au pair.

Un double-événement qui résonnera comme le début d'une longue descente aux enfers pour Victoria...
Tout comme La Bataille de Solferino, n'a pas perdu son pareil pour mettre en image une société sous tension, ici aussi perverse que narcissique, par le biais du quotidien chaotique (même son rapport aux autres est assez égoïste) d'une femme dont la vie se meurt peu à peu, tant elle s'échine coûte que coûte à réparer celles des autres au détriment de la sienne; et ce, même si dans son infini malheur, elle ne cesse de vouloir attirer l'attention sur sa personne et ses problèmes.

Via cette jeune quadra à la fois furieusement désirable et agaçante, anéantie par un entourage (baby-sitter, amis, ex-mari, rencontres d'un soir insatisfaisantes) et un travail qui la vide dans tous les sens du terme (et qui la pousse à négliger ses filles), Triet traite avec humour (comique de situation à la clé) et un brin de folie, du burn out comme une monnaie trop courante aujourd'hui, sans pour autant s'enfoncer lourdement dans le drame social à fort caractère lacrymale dans une seconde moitié ou le malaise se fait plus présent et ou le voile tombe; laissant transparaître des personnages autant pathétiques que leur vie est d'une tristesse angoissante.



Si Victoria peine à trouver un équilibre dans sa vie de galère, la cinéaste elle, profite de ce bordel existentiel pour mieux jongler avec les situations comiques, les personnages finement croqués - et identifiable - ainsi qu'avec un propos dramatique judicieusement contrebalancé dosé; le tout magnifié par une mise en scène plus précise et moins bordélique que sur son précédent essai, plus sauvage mais pas moins intéressant et aux similarités assez marquées (du thème général aux deux personnages titres, puisque Victoria est très proche finalement, de la Laetitia de La Bataille...).

Portrait chaotique sous forme de croisement intelligent entre Bridget Jones et le récent Crazy Amy avec sa figure féminine moderne à la profondeur remarquable, Victoria ne serait cependant rien sans la partition inspirée de Virginie Efira, épatante et charmante à souhait, qui vampirise l'écran tout en s'offrant, sans doute, sa composition la plus nuancée et impliquée de sa carrière (avec Caprice).
A ses côtés, si Melvil Poupaud est à nouveau exceptionnel, on s'étonnera toute fois de voir un Vincent Lacoste convaincant, et dont le jeu gagne finalement en solidité au fil des péloches.

Réjouissante et sensible comédie romantico-dramatique comme on aimerait en voir plus souvent dans l'hexagone, la seconde réalisation de Justine Triet détonne et surprend au sein d'un mois de septembre ciné qui relève d'un cran la qualité d'un été ciné 2016 plus que décevant.


Jonathan Chevrier


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