[CRITIQUE] : Free Love
Réalisateur : Peter Solett
Acteurs : Julianne Moore, Ellen Page, Michael Shannon, Steve Carell, Luke Grimes, Josh Charles,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min.
Synopsis :
Années 2000. Laurel, est une brillante inspecteur du New Jersey. Sa vie bascule le jour où elle rencontre la jeune Stacie. Leur nouvelle vie s’effondre quand Laurel découvre qu’elle est atteinte d’un cancer en phase terminale. Laurel a un dernier souhait : elle veut que sa pension revienne à la femme qu’elle aime, mais la hiérarchie policière refuse catégoriquement. Laurel et Stacie vont se battre jusqu’au bout pour faire triompher leurs droits.
Critique :
Émouvant et engagé, #FreeLove est un drame poignant au casting indécent de justesse. Le gros coup de ♥ émotion de ce début 2016 @BAC_FILMS
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 18, 2016
L'an dernier, la sublime Julianne Moore avait subtilement réglée son pas sur celui de la toute aussi belle Cate Blanchett, en opérant une véritable razzia durant la sacro sainte course aux cérémonies.
Tout comme l'interprète du Blue Jasmine de Woody Allen, la Julianne n'a laissée que des miettes à la concurrence, avec son rôle de professeur linguistique frappée par la maladie d'Alzheimer dans Still Alice.
Et même si l'on était de ceux à penser que sa performance dans le génial Maps To The Stars méritait tout autant les mêmes éloges (prix d'interprétation à Cannes à la clé), nous étions au final totalement conquis par la prestation de la plus talentueuse des rouquines d'Hollywood, tant elle bouffait littéralement l'écran sous les traits d'une Alice tout en retenue, fragile et impuissante.
Brute, étincelante et infiniment juste, sa performance fascine et incarne un véritable tour de force dans ce qui est - logiquement l'un des plus beaux rôles de sa pourtant très riche carrière.
Mais, demandez à l'inestimable Meryl Streep, les grands rôles c'est comme une drogue, une fois qu'on s'y habitue on ne peut plus s'en passer.
Pile poil un an - ou presque - après Still Alice, Moore s'attache à une œuvre militante avec Free Love, le nouveau long métrage Peter Solett (scénariste de Philadelphia et papa du so cute Une Nuit à New-York), porté par un casting frisant l'indécence du bon gout - Ellen Page, Michael Shannon, Steve Carell et Luke Grimes - et contant l'histoire vraie de Laurel Hester; une figure importante dans l'avancement des droits de la communauté LGBT.
Free Love donc ou le destin de Laurel, une brillante inspecteur du New Jersey qui, au début des années 2000, cache son homosexualité pour ne pas nuire à sa carrière.
Mais sa vie va soudainement basculer le jour ou elle rencontre Stacie, une femme beaucoup plus jeune qu'elle et qui assume pleinement son orientation sexuelle.
Entre elles, c'est le coup de foudre immédiat et elles ne perdent pas de temps pour s'installer ensemble.
Leur nouvelle vie commune s'effondre pourtant lorsque Laurel découvre qu'elle est atteinte d'un cancer en phase terminale.
Sentant ses derniers jours se rapprocher à grands pas, celle-ci à un dernier souhait : elle veut que sa pension revienne à la femme qu'elle aime mais la hiérarchie policière refuse catégoriquement, et l'homophobie à peine masqué des politiciens de la région semblent incarner un adversaire bien trop difficile à combattre.
Mais Laurel et Stacie, incarnations du courage, vont alors donner tout ce qu'elles ont dans leur lutte pour faire triompher leurs droits...
Arrivant à point nommé aussi bien cinématographiquement (le film fait plus ou moins écho à l'amour au féminin et interdit dans l’Amérique faussement puritaine qu'incarne Carol de Todd Haynes; toujours en salles) que politiquement parlant (le sujet sensible du mariage homosexuel n'a jamais autant fait débat qu'aujourd'hui), le film de Peter Solett est une belle tragédie romantico-engagée, un pur mélo à oscars pourtant loin de simplement se contenter de cette pesante étiquette pour exister, tant il dynamite la portée larmoyante - et limite ennuyeuse - de son récit procédurier par un humour décapant et joliment salutaire.
Certes, si on peut décemment lui imputer le défaut de se concentrer bien plus sur la bataille que mène Laurel et Stacie, que sur leur love story (en multipliant les regards sur cette affaire, même si la passion qui les unit crève l'écran là ou le récent Carol manquait bien plus d'empathie pour convaincre), ou encore celui de n'avoir aucune ambition d'un point de vue formelle (la mise en scène, académique à souhait, est digne d'un téléfilm du dimanche après-midi); Free Love n'en est pas moins une œuvre bouleversante, intense et fascinante.
Le témoignage/hommage sincère et vibrant d'un couple de femmes courage mais surtout un merveilleux plaidoyer sur la difficulté de vivre avec son homosexualité et de faire valoir ses droits dans un environnement professionnel (la police) ou le fait d'être une femme vous soumet déjà à vous battre contre les inégalités.
Intimiste et touchant, interprété avec conviction et justesse par une pluie de talents totalement voué à sa cause (Si Moore et Page sont excellentes, les impériaux Michael Shannon et Steve Carell volent eux littéralement la vedette, respectivement dans la peau du coéquipier de Laurel et d'un juif homosexuel militant pour le mariage gay) et porté par de vraies envolées émotionnelles; Free Love est un beau drame poignant et il incarne, indiscutablement, l'un des grands moments d'émotions sur pellicule de ce très chargé début d'année ciné 2016.
Jonathan Chevrier