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[CRITIQUE] : Kill Your Friends


Réalisateur : Owen Harris
Acteurs : Nicholas Hoult, Craig Roberts, James Corden, Georgia King,...
Distributeur : Chrysalis Films
Budget : -
Genre : Thriller, Comédie.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Londres, 1997. Les groupes pop comme Blur, Oasis et Radiohead règnent en maîtres sur les ondes. Steven Stelfox, 27 ans, producteur de musique et chasseur de talents, écrase tout sur son chemin. Poussé par sa cupidité, son ambition et une quantité inhumaine de drogues, il recherche le prochain tube. C’est l’époque d’un business où les carrières se font et se défont. A mesure que les tubes se font plus rares, il tente de désespérément de sauver sa carrière.


Critique :



Qui aurait cru que le petit bonhomme attachant et sans amis de la comédie Pour un Garçon avec Hugh Grant, serait devenu un acteur aussi demandé que plaisant à suivre près de quinze ans plus tard ?

Pas nous, et pourtant difficile de ne pas admettre que l'excellent Nicholas Hoult s'est bel et bien tué à la tache pour démontrer aux cinéphiles que nous sommes, qu'il est bien l'un des acteurs majeurs du cinéma britannique du moment à l'instar de Benedict Cumberbatch, Tom Hardy ou encore Tom Hiddleston et Eddie Redmayne - tous un cran au-dessus tout de même.


Alors que le bonhomme a eu le bon gout d'être - tout comme son compatriote Tom Hardy - du meilleur film de l'année en cours, Mad Max Fury Road (mais également le correct Dark Places, toujours avec Charlize Theron), le voilà de retour en ce dernier mois de 2015 avec l'alléchant Kill Your Friends, adaptation du best-seller autobiographique éponyme de John Niven, qui aura bosser pendant plus de dix ans pour le label indé London Records.

Adaptation aux douces allures de Bret Easton Ellis pour l'histoire et de Danny Boyle pour la facture, dont la réalisation a échouée à Owen Harris, bleu dans l'industrie du septième art mais ayant fait joliment sa main sur quelques-unes des meilleures séries british de la décennie (Black Mirror, Misfits).

Pur comédie noir british comme on les aime, Kill... dresse un portrait des plus cinglants - sans pour autant incarner un pamphlet majeur - d'une industrie musicale britannique gangrené par ses nombreux travers (la drogue, la corruption, l'arrivisme,...) à la fin des 90', période faste ou la découverte de talents était à son apogée avant l’événement du téléchargement illégal et sa mort à petit feu.


Une époque bénit ou la Britpop déchainait les passions, alignait les tubes au hit parade et faisait couler à flots l'argent dans le petit monde des labels, univers impitoyable aussi cruel que sans pitié que l'on découvre ici via le prisme de Steven Stelfox, un antihéros malsain aussi détestable et avide qu'il est proprement attachant et fascinant (comme toutes les crevures qui s'assument); un jeune requin à l'ambition démesurée et amateur d'acide - pas si loin du Jordan Belfort de The Wolf of Wall Street -, capable de tout pour arriver à ses fins et devenir le roi du business..

Follement cru et cynique (jusque dans son titre, bien plus évocateur qu'on le pense), le métrage est une épopée délirante et rythmée sous fond de sexe, mensonges, drogues et rock'n'roll dans les coulisses d'un monde de privilégié (là encore, cette vision fait écho au monde des boursiers psychos du Loup de Wall Street de Scorcese), bourrés de personnages hauts en couleurs - et à la limite de la caricature - et qui questionne autant sur la notion artistique de la musique (ici relégué au rang de simple produit majoritairement médiocre) que sur notre capacité de gober en masse des produits formatés sans se soucier de leurs quelconques qualités.

Trash, énergique et méchamment jouissif, porté par une bande originale plus qu'au poil (Blur, Oasis, The Chemical Brothers, The Prodigy, Radiohead que du lourd) ainsi qu'une mise en scène inventive et osé (que ce soit quelques plans bien malade ou même une violence graphique rare mais marquante) ou l'aura tutélaire de l'inestimable Danny Boyle n'est jamais très loin (Trainspotting est la référence ultime du genre pendant encore longtemps); Kill Your Friends est une véritable œuvre décomplexé, volontairement radicale et grinçante qui aurait tout de même mérité un traitement scénaristique un brin moins simpliste et brouillon pour pleinement être intronisé au panthéon du genre.


Dans la peau droguée et amorale de Stelvox, Nicholas Hoult, impérial et animal, s'offre sans aucun doute sa performance la plus impressionnante à ce jour et n'hésite jamais à faire exploser le quatrième mur pour mieux rendre cette expérience tourmentée immersive à un spectateur qui n'a d'yeux que pour lui tout du long.

L'idée de le voir dominer, en parfait connard, de la tête et des épaules un casting au demeurant plus que convaincant (excellente Georgia King), vaut presque à elle seule son pesant de popcorn et fait du premier long d'Owen Harris, l'une des expériences ciné les plus immanquables de cette fin d'année ciné 2015.


Jonathan Chevrier


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