[CRITIQUE] : The Guard
Réalisateur : Peter Sattler
Acteurs : Kristen Stewart, Peyman Moaadi, John Carroll Lynch, Lane Garrison,...
Distributeur : Condor Entertainement
Budget : 1 000 000 $
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.
Disponible en DVD/Blu-Ray dès le 25 juin 2015, en VOD dès le 17 juin.
Synopsis :
Décidée à rejoindre l’armée, Cole, jeune idéaliste, se retrouve affectée dans une prison militaire de haute sécurité. Entre les détenus hostiles, les coéquipiers agressifs, et les règles à faire respecter, son quotidien se révèle vite rude et violent. Sa bulle d’oxygène, c’est l’étrange relation de proximité qu’elle commence à nouer avec l’un des prisonniers. Mais à trop vouloir franchir les limites, Cole joue dangereusement avec le feu…
Critique :
Joli drame intime osé et humaniste,#TheGuard est un premier film captivant porté par une époustouflante Kristen Stewart @CEfilmfestival
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 12 Juin 2015
Il aura décemment fallu attendre l'été dernier et sa composition tout en délicatesse dans le merveilleux Sils Maria d'Olivier Assayas, pour que la jolie Kristen Stewart décolle définitivement la lourde étiquette de starlette de péloches abrutissantes pour ados, celle-ci ayant pourtant été activement grattée sur le circuit indépendant ces dernières années (Sur La Route mais surtout Into The Wild, The Runaways et Welcome To The Rileys).Résultat depuis, un César de la Meilleure Actrice dans un second rôle dans la poche et une prestation remarquée dans le dramatique Still Alice aux côtés de l'inestimable Julianne Moore.
&On a connu plus mauvais ratio, surtout que la belle s'est payé le luxe de décliner plus d'une offre facile (Diversion du duo Ficarra/Recca) tout en en acceptant d'autres méchamment alléchantes (les prochains Woody Allen et Kelly Reichardt, Billy Lynn's Long Halftime Walk de Ang Lee mais aussi l'ambitieux Equals avec Nicholas Hoult).
Et alors qu'elle sera de retour à la fin de l'été dans la comédie d'action délirante American Ultra ou elle y retrouvera le génial (oui, il l'est) Jesse Eisenberg, la voilà directement cantonnée aux bacs à DVD/Blu-Ray en ce mois de juin avec Camp X-Ray aka The Guard de Peter Sattler, projet de longue date peinant à trouver sa place dans nos salles obscures et projeté au sein de l'actuel - et très riche - programme du CEFF 2015.
The Guard, ou l'histoire de Cole, une jeune idéaliste en quête de dépaysement bien décidée à rejoindre l'armée.
Et pour du dépaysement, elle va en avoir puisque celle-ci se retrouve affectée dans une prison militaire de haute sécurité.
Entre les détenus hostiles, les coéquipiers agressifs et les règles à faire respecter, son quotidien se révèle vite rude et violent.
Sa bulle d’oxygène, c’est l’étrange relation de proximité qu’elle commence à nouer avec l’un des prisonniers.
Mais à trop vouloir franchir les limites, Cole joue dangereusement avec le feu…
Sur le papier, The Guard avait tout pour se casser la binette dans les grandes largeurs, avec un propos fort citant la sacro-sainte armée US et sa guerre contre le terrorisme - et plus particulièrement le monde musulman -, dans un climat carcéral masculin des plus hostiles; le tout mis en scène par un rookie dont c'est le premier passage derrière la caméra.
Pourtant, force est d'admettre qu'après vision et malgré un traitement des plus classique (la péloche reste toujours bien en équilibre sur le fil infime du politiquement correct), le film de Peter Sattler est une belle et surprenante découverte, une œuvre coup de poing et férocement couillue, dénonçant avec puissance la dure et cruelle réalité du monde carcéral militaire, et plus particulièrement de Guantanamo Bay - bien moins tranquille que dans le pourtant très bon Des Hommes d'Honneur de Rob Reiner.
Joli drame intime humaniste, captivant, bien construit (malgré des seconds couteaux anecdotiques) et magnifié par des dialogues poignants et profonds jusque dans un final proprement bouleversant, Camp X-Ray évite de nombreux clichés faciles et exploite pleinement son sujet malgré quelques longueurs (les presque deux heures de métrage se font bien sentir) et références un peu improbable (Harry Potter en gros).
Mais la vraie force du métrage, outre son propos qui rebuterait n'importe quelle major Hollywoodienne, c'est la prestation sans fausse note d'une Kristen Stewart dont la beauté et la justesse de jeu crèvent littéralement l'écran, profondément émouvante dans la peau de la femme soldat Cole (on est bien loin de la sublime Demi Moore dans G.I. Jane hein), très vite dépassée par la dureté du monde qui l'entoure (le sexisme du milieu militaire, la solitude, la haine de " l'ennemi ").
Mieux, le duo/love story platonique à la complicité évidente qu'elle forme avec le génial Peyman " Une Séparation " Moaadi (le détenu étranger et innocent Ali, encore une nouvelle fois bouleversant) est tout simplement exceptionnel et incarne le poumon dramatique majeur du métrage.
Leur prestation commune vaut à elle seule son pesant de popcorn, et tire décemment vers le haut The Guard, beau et ambitieux drame humain aussi intense que captivant, qui est indiscutablement resté trop silencieux depuis sa sortie outre-Atlantique.
Jonathan Chevrier