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[CRITIQUE] : Wild


Réalisateur : Jean-Marc Vallée
Acteurs : Reese Witherspoon, Laura Dern, Gaby Hoffman, Thomas Sadoski,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de 1700 kilomètres, à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force.Une femme qui essaye de se reconstruire décide de faire une longue randonnée sur la côte ouest des Etats-Unis.


Critique :

Depuis 2005, l'excellent Jean-Marc Vallée est dans l'esprit des cinéphiles comme l'un des cinéastes à suivre de très (très) près.

Si, certes ces Victoria : Les Jeunes Années d'une Reine et Café de Flore, n'ont pas la puissance touchante et universelle de son premier long, C.R.A.Z.Y., force est d'admettre que son Dallas Buyers Club a lui, joliment mis tout le monde d'accord l'an dernier.

Sublime drame humble, destructeur et nécessaire sur les ravages du SIDA, qui permit à ses deux interprètes titres, les précieux Matthew McConaughey et Jared Leto, de choper deux statuettes lors des derniers oscars.
Pas un petit exploit en soit, surtout que la péloche incarnait sa première incursion risquée - comme toujours avec les cinéastes de talents -, au sein d'Hollywood la putain broyeuse de talents.


Pile poil un an plus tard, le voilà de retour avec une nouvelle péloche taillé pour les oscars, Wild, inspiré d'une histoire vraie.
Soit celle de Cheryl Strayed, une femme dans le creux de sa vie qui s'est confrontée, sans aucune connaissance, au Pacific Crest Trail (PCT), une randonnée sur un sentier de plus de 4200 kilomètres reliant, à l'Ouest des États-Unis, la frontière mexicaine à celle canadienne.

Un défi de taille - et le mot est faible - au sein du sentier sauvage le plus périlleux d'Amérique, un voyage initiatique de trois longs mois qui lui permettra de se retrouver, de mieux faire le point sur sa vie et d'enfin devenir la fille que sa mère (disparue) a toujours voulu qu'elle soit.

Dis comme ça, la péloche nous rappelle fortement aussi bien le merveilleux Into The Wild de Sean Penn (à deux mots près, c'est le même titre) que l'inédit et tout aussi merveilleux Tracks avec la lumineuse Mia Wasikowska.
Deux histoires de héros presque coupés du monde puisqu'ils refusent complétement d'adhérer à la société contemporaine, deux personnages en pleine quête existentielle et en lutte contre eux-même face à la beauté et la dureté de dame nature.

Pas un hasard donc, de retrouver Vallée derrière ce projet, lui dont tout le cinéma vibre pour ses personnages marginaux, ses êtres auto-destructeurs dont les maux sont causés par leurs propres excès (McConaughey et le SIDA dans Dallas, Paradis en mère combattant la vérité dans Café de Flore), mais qui décident de reprendre en main leur existence, peu en importe le prix.


Passant d'un ton léger (notamment au début du périple, les instants comiques avec le sac de l'héroïne, deux fois trop gros pour elle, tout comme son passif), à une ambiance plus riche en émotion sans forcément tomber dans la facilité du pathos de supermarché, porté par une sincérité et une authenticité salvatrice; Wild est une œuvre attachante et vibrante, qui a le bon gout de ne rien cacher des antécédents de son héroïne, moteur essentiel de l'histoire mais également de cette aventure formatrice.

Dit passé qui l'a menée, sur un coup de tête, à effectuer ce périple à travers les États-Unis, de ses douleurs familiales (père violent, mère cancéreuse) en passant par sa sexualité facile et ses heures sombres de toxicomane.

Un long périple dans l'inconnu qui n'a, dans le fond, que pour réelle difficulté - bien plus que les maux physiques -, les limites de la force psychologique de Cheryl, sa faculté à faire le point sur son existence et avant tout son vécu, à faire le point sur ses choix hasardeux qui lui ont fait tout perdre depuis la mort déchirante de sa mère.

Une véritable expérience aussi intense qu'introspective, Vallée faisant même intelligemment des nombreux retours en arrières, à coups de flashbacks plus ou moins fragmentés - une des constantes totalement justifiée et essentielle de son histoire -, pour mieux étayer le réveil existentielle de son héroïne, après des années d'auto-destruction.


Des regards dans le rétroviseur du temps tout d'abord subliminaux et parsemés d'une voix-off faisant fonction de journal de bord, avant d'incarner de vraies séquences à part entière renforçant la réflexion de cette femme courage, qui la rende follement empathique et touchante dans sa détermination et sa volonté de se reconstruire et d'affronter sans faiblir, ses nombreux démons.

Caméra à l'épaule pour mieux capter la beauté renversante de paysages littéralement à tomber, nous faisant voyager des déserts arides aux montagnes enneigées qui peuplent le territoire ricain en un éclair de génie, le cinéaste n'est pourtant jamais aussi habile que lorsqu'il pose son regard sur celui d'une Reese Witherspoon rayonnante, inspirée et impliquée comme jamais.

Elle, sortant enfin de son habituelle zone de confort et véritablement retrouvée après de nombreux choix hasardeux (excepté le somptueux Mud de Jeff Nichols), qui nous laissait penser qu'à l'instar d'Halle Berry ou même Hilary Swank, empoché un oscar trop tôt dans sa carrière lui avait été plus préjudiciable qu'autre chose.
La belle, qui a bien flairé là une opportunité d'aller chercher une seconde statuette dorée après celle glanée en 2006 pour son rôle dans Walk The Line, se met à nu - dans tous les sens du terme - et séduit sans forcer via une composition aussi attachante que vibrante.

A ses côtés, on notera également la partition toute en délicatesse de la précieuse Laura Dern, merveilleuse dans la peau de la mère de Cheryl.


Dans la lignée de son précédent chef d’œuvre, sublimé par une écriture emplit de finesse (le script est signé Nick Hornby) une photographie à tomber et une bande originale rythmée ou chaque à une signification profonde, Wild est un sobre, touchant et humain témoignage d'une femme téméraire dont la volonté de devenir quelqu'un d'autre force intimement le respect.

Une balade existentielle rafraichissante et harmonieuse, bref, un pur moment de cinéma redoutablement cohérent, imposant et avant tout, indispensable.


Jonathan Chevrier

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