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[CRITIQUE] : Dumb & Dumber De


Réalisateur : Peter et Bobby Farrelly
Acteurs : Jim Carrey, Jeff Daniels, Rob Riggle, Laurie Holden, Kathleen Turner,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
Vingt ans après, Lloyd et Harry sont toujours amis – et toujours aussi débiles ! Quand ils apprennent qu’Harry est père, les deux amis se lancent dans un nouveau road trip à la recherche de sa fille. Ils vont sillonner le pays à bord de véhicules toujours plus improbables, semant la folie et le chaos jusqu’à un endroit où ils n’auraient jamais dû pouvoir se retrouver…


Critique :

Espéré depuis plus d'une décennie maintenant, inutile de dire que cette suite attendue de Dumb & Dumber, comédie über culte des 90's (et de la comédie américaine tout court), excitait tout autant qu'elle effrayait tout amoureux du cinéma des frangins Farelly et des délires jusqu'au-boutiste de l'inestimable Jim Carrey.

Effrayant, puisque les deux cinéastes jadis respectés - mais surtout respectable - n'ont rien pondu de bien bandant depuis plusieurs années maintenant (soit 2007 avec Les Femmes de ses Rêves, et dans une moindre mesure les quelques scènes sympatoches de Bons à Tirer), eux qui ce sont salement entachés dans l'anthologie plus navrante que désopilante My Movie Project.
Un comble quand on sait qu'ils font partis des rares artilleurs de la comédie US (avec les ZAZ notamment) à avoir constamment visé juste durant longtemps.

Effrayant, puisque si Jeff Daniels s'est offert un regain de santé étonnant grâce au petit écran (la précieuse The Newsroom), Jim Carrey n'a jamais paru au plus bas dans la chaine alimentaire comique Hollywoodienne, la faute à des choix on ne peut plus osé (l'excellent mais polémique I Love You Philip Morris) et hasardeux (le flop The Incredible Burt Wonderstone avec son ami Steve Carrell et Steve Buscemi).

Le comique le plus doué de sa génération, doublé d'un des acteurs dramatiques les plus impressionnant du cinéma ricain, est cruellement aujourd'hui à des années lumières de son trône de roi de l'humour.


Mais comme dit plus haut, Dumb & Dumber fut l'une des péloches les plus imposantes de la comédie américaine de ses deux dernières décennies, celle qui permit au genre d'assumer pleinement ses élans potaches (sans les Farrelly, difficile d'imaginer le règne imposant du Frat Pack et d'Apatow par la suite) et qui ouvrit littéralement les portes d'Hollywood à deux cinéastes au storytelling sans nul pareil.

Alors, voir ce quatuor à qui le temps qui passe n'a pas forcément fait que du bien, se réunir une seconde fois (Carrey avait déjà retrouvé le duo pour le génial Fous d'Irène), pour réanimer vingt ans plus tard les aventures d'Harry et Lloyd, comme si nous les avions quittés hier, avait quelque chose d'inquiétant donc, mais aussi de très bandant.

Parce que même dans leurs plus mauvaises péloches, les deux frangins - tout comme Carrey -, ont toujours été motivés par un seul et unique but : faire que le public se bidonne avec eux sur un petit peu plus de 90 minutes, quitte à les assommés par des gags non-stop (et pas toujours drôle), constamment au-delà de la limite du politiquement correct.

Fausse suite du film original puisqu'il en calque en grande partie son rythme et sa structure road movie-esque (et met, également, son intrigue au second plan), Dumb & Dumber De dénote joliment des comédies actuelles tant il semble nous venir, comme Dumb & Dumber, tout droit des 90's, avec son humour follement régressif et son casting rejouant volontairement les mêmes âneries juvéniles jusqu'à l'épuisement.


Les 20 ans qui ont séparés cette nouvelle aventure de la dernière sont d'ailleurs balayés en un seul gag d'introduction proprement hilarant, qui donnera le ton des presque deux heures qui suivront, méchamment déviante, conne comme pas possible et donc infiniment réjouissante.

Toujours imposant dans le burlesque et le premier degré extrême, le style Farrelly (misant sur le passé puisque conscient de ne plus correspondre à la mode du moment) fait une fois de plus l'apologie de la connerie et de la déraison totale dans une accumulation de gags et de dérapages consternants - mais souvent géniaux - tandis que ces deux héros incarnent des contre-points idéaux l'un pour l'autre.

Si Carrey n'a jamais paru aussi drôle depuis des lustres, Daniels lui, s'offre une récréation des plus nécessaire dans une carrière aujourd'hui nettement plus porté vers le dramatique.

Alors oui, beaucoup de spectateurs crieront à la suite inutile, à la péloche qui tente vainement de faire raviver une flamme de l'humour jusqu'au-boutiste morte par asphyxie sous une avalanche de pets et de potacheries qui provoquent plus la pitié que la franche rigolade.


Beaucoup accuseront les Farrelly de produire une œuvre paresseuse, qui se complait dans son anachronisme et ses situations débiles bigger than life là ou, par exemple, Apatow transcende l'ordinaire avec un comique de proximité, plus universel et empathique.

D'une certaine manière, ils n'auront pas complétement tort, et on ne peut déplorer que les deux frangins hier magique, n'évoluent plus vraiment et se laisse aller à la facilité de la redite.

Mais d'autres, eux - dont moi -, certainement moins butés mais surtout plus nostalgiques, se laisseront séduire par la force d'un duo comique en complet état de grâce, capable de jouer ensemble et de se lancer la balle avec la même maestria comme si le temps s'était finalement figé avec eux.

Il est donc vite évident que nous ne sommes pas en face du comeback le plus fracassant de la décennie, mais bel et bien face à une œuvre généreuse, bancale mais attachante et volontairement rétro, qui appuie savamment sur la corde sensible de tout spectateur admettant être totalement voué à sa cause dès son premier rire bien gras.


Ou du comique borderline qui déborde, qui fait jouissivement tache et qui répond à toutes nos (maigres certes) attentes, tout simplement.

Oui c'est (un peu) long, oui c'est très (très) con mais oui au final, c'est vraiment très, très bon pour peu que l'on n'élève pas trop haut son seuil d'exigence.


Jonathan Chevrier

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