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[CRITIQUE] : Blood Ties


Réalisateur : Guillaume Canet
Acteurs : Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard, Mila Kunis, Lily Taylor, Matthias Schoenaerts, Zoé Saldana, James Caan,...

Distributeur : Mars Distribution
Budget : 25 000 000 $
Genre :  Policier.
Nationalité : Américain et Français.
Durée : 2h07min.

Synopsis :
New York, 1974. Chris, la cinquantaine, est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Frank, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecœur. Ce ne sont pas seulement des choix de « carrières » qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies et une rivalité depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les casses, la prison… Pourtant, Frank espère que son frère a changé et veut lui donner sa chance : il le loge, lui trouve un travail, l’aide à renouer avec ses enfants et son ex-femme, Monica. Malgré ces tentatives, Chris est vite rattrapé par son passé et replonge. Pour Frank, c’est la dernière des trahisons, il ne fera plus rien pour Chris. Mais c'est déjà trop tard et le destin des deux frères restera lié à jamais.


Critique :

Si l'on peut, assez souvent, critiquer ses choix en tant que comédien (Vidocq, Jappeloup, Jappeloup mais surtout Jappeloup), force est d'admettre qu'en tant que metteur en scène, Guillaume Canet a une carrière quasiment irréprochable.
Mon Idole, Ne Le Dis à Personne et Les Petits Mouchoirs font partis, au bas mot, de ce que le cinéma hexagonal a fait de plus efficace ces dix dernières années.

Raillé à sa présentation au dernier Festival de Cannes puisque la place du chouchou frenchy était déjà promise à un autre sur la Croisette (La Vie D'Adèle), son nouveau long métrage, Blood Ties, remake " américanisé " des Liens du Sang de Jacques Maillot (dans lequel incarnait déjà l'un des rôles-titres), débarque enfin dans nos salles obscures, salement coincé entre deux péloches bien plus fédératrices : le chef d’œuvre Transperceneige et le blockbuster racoleur made in Marvel, Thor : Le Monde des Ténèbres.

Pas une arrivée facile en somme, pour une bande qui incarne pourtant un évènement on ne peut plus majeur : l’alliance du talentueux cinéaste français et de la plume séduisante et avisée du génial James Gray, le tout sublimé par un casting de performers frisant lourdement avec l'indécence du bon gout.

Ambitieux sur le papier, Blood Ties l'est également à l'écran, car même si il est un chouïa plombé par quelques défauts plus ou moins importants, difficile de ne pas affirmer que le premier passage outre-Atlantique de Guillaume Canet est une franche réussite.


Follement immersif grâce à une reconstitution irréprochable des seventies, alliée à une photographie joliment rétro et granuleuse, ainsi qu'une bande originale judicieusement choisie, qui apporte un tel naturel au métrage que l'on se croirait réellement face à une péloche toute droit sortie des années soixante-dix, Blood Ties est surtout - et même avant tout -, une formidable et tragique fresque familiale, scénarisé à la perfection par un James Gray encore une fois (très) inspiré.

Se réappropriant sans aucun mal le matériau d'origine - dont l'essence était déjà maitrisée du bout des doigts par Canet -, pour le transcender comme peu en aurait été capable, il livre sur un plateau au cinéaste frenchy, une tragédie à la sensibilité et à la justesse exemplaire, une histoire de famille on ne peut plus classique et intime, mais ou s'aime et se déchire deux frères que tout oppose.

Citant directement son sublime La Nuit nous Appartient - qui traitait également d'une relation fraternelle difficile -, Gray fait s'entremêler avec maestria une pléthore de destin et de couples, tout en ne perdant jamais de vue l'épicentre de son récit, des deux frangins, l'un flic et l'autre voyou.

Dense et brillant, si le script est intouchable, la mise en scène du Guillaume elle, l'est beaucoup moins.
Un peu trop longuet parfois - même si il faut noter que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde du métrage -, et au rythme assez bancal (les parties concernant Marion Cotillard, voir même celle à propos de Matthias Schoenaerts et Mila Kunis, un poil expédiées et trop courtes), même si le cinéaste brille par une certaine sobriété, il a pas mal de difficulté à imprimer son style sur le film, la faute à une volonté trop forte - peut-être - de rendre hommage à ses illustres ainés, William Friedkin et Martin Scorcese en tête (une déférence cependant, nettement moins présente que celle de Besson sur Malavita).

Un chouïa impersonnel mais propre et maitrisé donc, le metteur en scène ayant la très bonne idée de laisser tout du long, libre court au talent combiné, de ses magnifiques comédiens.

Marion Cotillard est formidable en maquerelle constamment en quête d'amour et de reconnaissance, Mila Kunis et Zoé Saldana ont rarement paru aussi justes, James Caan y est tout simplement imposant comme à la belle époque (les 70's justement, l'apogée de sa carrière), et que dire du duo Billy Crudrup/Clive Owen, absolument renversant.
Lié par une alchimie incroyable et exceptionnel, le premier (décidément beaucoup trop rare), est solide en flic intègre tandis que le second est éblouissant dans un rôle pour lequel il excelle, la brute au grand cœur.

Injustement critique à Cannes (plus une charge imbécile anti-Canet qu'autre chose, certainement), Blood Ties n'est certes pas le polar qui renouvellera le genre - et encore moins le polar de l'année -, mais ile st assez élégant, intimiste et divertissant pour s'élever en tête de la liste de ce que les cinéastes français ont pondus de mieux en cette année 2013.

Puissant, référencé, vintage comme il faut et magnifié par un final gorgé d'émotion, il est difficile tout de même de ne pas laisser, un instant, son imaginaire de cinéphile s'emballer à l'idée de ce qu'aurait pu faire James Gray d'un tel bijou, si il avait pu se retrouver derrière la caméra.


Un petit peu green, peut-être, le Guillaume Canet même si sa péloche est d'une réussite exemplaire.
Pas un chef d’œuvre indiscutable, mais un putain de bon film, ou de quoi laisser présager un bel avenir au cinéaste en cas de retour au pays de l'Oncle Sam.

Vivement son prochain long donc, en attendant le bonhomme va jouer - certainement - les cyclistes dans le biopic de Lance Armstrong signé Stephen Frears.

Et ça, c'est déjà une meilleure nouvelle que de l'avoir vu jouer les jockeys dans Jappeloup !


Jonathan Chevrier


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