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[CRITIQUE] : Jeune & Jolie


Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot, Charlotte Rampling,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Le portrait d’une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons.


Critique :

François Ozon est un cinéaste pervers (dans son style de réalisation hein, attention je ne connais pas sa vie privée au bonhomme pour affirmer de telles choses), ou au minimum un metteur en scène franchement attiré par ce côté obscur de la nature humaine.

Si pendant longtemps, ce versant de sa personnalité ne s'était que partiellement dévoilé, il fut cependant entièrement assumé et affirmé avec la conception de son précédant long, Dans la Maison, sublime thriller aussi pervers donc, que manipulateur.

Confirmant son nouveau virage hautement alléchant, l'un des réalisateurs frenchy les plus doués et intéressants de ses vingts dernières années nous revient donc cette semaine avec un nouveau thème à traiter aussi osé et casse-gueule que passionnant, la prostitution.

Loin de se la jouer " Enquêtes Exclusives " du pauvre en mode guide prude dans l'univers du business et du cul façon TF1, M6, W9 et Cie, Ozon, aussi décomplexé que sans grande morale, évite tous les écueils faciles et possibles dans cette itinéraire vertigineux, mystérieux et troublant d'Isabelle, une adolescente et lycéenne presque comme les autres.


De sa première expérience sexuelle, l'éveil de son corps et de ses sens à sa décision de se prostituée, une décision d'ailleurs aussi radicale qu'assumée et libérée, Ozon scrute sous toutes les coutures son héroïne, et ce sans ne jamais la jugée sur ses actes.

Car tout n'est que regard dans Jeune & Jolie, celui qu'Isabelle porte sur elle-même - consciente de son potentielle séduction, elle se sentira femme et ira même jusqu'à changer de prénom (Léa) pour se prostituer et affirmer sa sexualité -, celui qu'Ozon porte sur elle - alternant voyeurisme et instants pudiques -, mais surtout celui que porte le monde sur la jeunesse et ce fait de société.

Fille ou sœur, amie ou amante, prostituée, la réplique culte du Breakfast Club signé par le pape de la chronique adolescente made in USA, le regretté John Hugues, n'a jamais été aussi bien défini dans une péloche francophone, pseudo teen movies inclus.

" Vous nous voyez tous comme vous voulez bien nous voir, parce que c'est plus simple et parce que ça vous arrange... ".


Un peu John Hugues le François ?
Un peu oui, sachant que dans sa chronique sans concession de la jeunesse bourgeoise et paumée, le bonhomme fait souvent mouche.

Mélancolique, acide, lucide, construit en quatre temps sur les quatre saisons - que les chansons de Françoise Hardy appuient d'ailleurs inutilement -, hautement kitsch (Françoise Hardy !!!) mais respectueux (y'a du cul certes, mais ce n'est pas du porno non plus), Jeune & Jolie est sans conteste, et de loin - malgré un final un peu faussé -, avec Dans la Maison, le meilleur métrage de François Ozon depuis l'immense Sous le Sable, ou figurait déjà l'inestimable Charlotte Rampling.

Ne cherchant jamais à donner des réponses aux questions qu'il pose, ni même à raisonner et théoriser sur le bien et le mal, Ozon livre un conte initiatique aussi provoquant et désenchanté que cauchemardesque, d'une jeune fille prenant le contrôle de son corps et de sa vie, et qui va prendre en pleine face ce que grandir signifie.


Observation d'un bouleversement aussi juste que clinique, au casting tout simplement incroyable (excellente Géraldine Pailhas en mère perturbée par la double vie de sa fille, et Frédéric Pierrot, génial en beau-père dépassé par les événements), le film est également un faire-valoir de luxe pour l'une des plus belles révélations de l'année ciné 2013, la (très) jolie Marine Vacth, qui tout en sensualité, sensibilité et naturelle, incarne la muse parfaite pour un metteur en scène rarement aussi inspiré.

La cuvée Ozon de 2013 est sincèrement belle, audacieuse et percutante, pourvu que la prochaine nous enivre tout autant...


Jonathan Chevrier


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