[CRITIQUE] : The Great Departure
Réalisateur : Pierre Filmon
Acteurs : Xavier Samuel, Sonal Sehgal, Vinod Nagpal, Shreedhar Dubey,...
Budget : -
Distributeur : Night ed films
Genre : Drame, Romance
Nationalité : Indien, Américain.
Durée : 1h42min
Synopsis :
À Delhi, le hasard réunit Mansi et Marc, deux âmes perdues qui ont fui la réalité de leur vie. Une romance aussi interdite qu’inattendue, le temps d’un voyage improvisé, fragile et lumineux, des rives du Gange à la route de Rishikesh.
Si la réponse est sans doute encore plus facile à donner qu'elle n'en a l'air, la question reste suffisamment pertinente pourtant, pour être posée : pourquoi sommes-nous si attirés par les comédies romantiques, genre tellement fragile et usé jusqu'à la moelle - aussi bien sur le petit que sur le grand écran -, qu'il ne peut plus rien produire de véritablement original même avec la plus futée des plumes qui soit (et ce n'est, pourtant, pas les tentatives qui manquent).
Pourquoi sommes-nous si impatients parfois, de revisiter ce vieux paysage de l'enfer composé à 99% de productions interchangeables, dont la prévisibilité n'a d'égale que son manque cruel d'envie de faire dérailler une mécanique savamment huilée depuis des lustres.
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| Copyright Night ED Films |
Peut-être parce qu'elles convoquent une tendre nostalgie où même des souvenirs plus ou moins heureux pour chacun de nous, voire sans doute également une sorte de vision fantasme - et très americanisée - de ce qui a pu/aurait pu être notre vie amoureuse.
Où peut-être alors, plus simplement encore, parce que l'on a tous des coeurs d'artichauts et que l'on aime bien - un peu, sadiquement - se faire du bien (ou du mal, selon les péloches) en se laissant aller à ce genre d'union synaptique entre plaisir (coupable) et nostalgie réconfortante.
La vraie réponse réside sans doute dans toutes ses possibilités mais si nous en avons totalement conscience, ce n'est pas pour autant qu'un éclair de lucidité au moment d'entrer en salles vient soudainement nous frapper.
Et quand bien même le petit jeu des comparaisons s'avérerait ici un brin vulgaire (mais pas dénué de pertinence non plus), difficile pourtant de ne pas tisser quelques légers liens de concordance avec le monument Before Sunrise de Richard Linklater, à la vision de The Great Departure de Pierre Filmon, quand bien même le cinéaste vogue vers une errance romantique définitivement plus sensorielle et spirituelle, tendrement cloué aux basques de deux jeunes âmes perdues et en fuites dans l'Inde contemporaine, presque faites pour se rencontrer et s'unir : Marc, l'occidental, qui tente de se délester d'un passé douloureux comme des affres d'un matérialisme exacerbé, et Mansi, rompu à la culture indienne tout autant qu'elle est étouffée par un mariage toxique, symbole d'un patriarcat oppressant et violent.
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Double récit initiatique d'une reconstruction difficile mais essentielle, dans une Inde aux paysages aussi absolument somptueux que son système est profondément frappé par les inégalités, The Great Departure séduit joliment par son portrait socialo-didactique et culturelo-spirituel profondément humain de Varanasi (dont la mise en scène, à la frontière entre documentaire et cinéma-vérité, fait des merveilles), mais un poil moins par son pendant romantique lancinant et manquant cruellement de panache.
Mais la balade en terres indiennes n'en reste pas moins plaisante et dépaysante pour autant.
Jonathan Chevrier



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