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[CRITIQUE] : The Cord of Life


Réalisatrice : Qiao Suxie
Avec : Badema, Yider, Nahia, Surya,...
Distributeur : Éclumia Pictures
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chinois.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Dans les vastes steppes mongoles, un jeune musicien urbain, Arus, retourne dans sa terre natale pour accompagner sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Commence un voyage à deux, à la recherche d’un arbre mythique lié à la mémoire et à l'identité.





Pour les cinéphiles les plus avertis, difficile de ne pas trouver des points de similitudes assez réconfortant entre le cinéma de feu Pema Tseden, et les débuts sensiblement prometteurs de la cinéaste chinoise Qiao Sixue, The Cord of Life, en grande partie dans sa manière authentique et délicate de raconter les vicissitudes d'une Mongolie rarement représentée dans une salle obscure (même si l'on pense, instinctivement, aux récents et magnifiques Un jeune chaman de Lkhagvadulam Purev-Ochir et Si seulement je pouvais hiberner de Zoljargal Purevdash, qui évitaient les pièges faciles de la simple ethnographie ou même de la fragile observation sociale), et dont la culture est équilibrée entre tradition et maigres efforts de modernité.

Copyright Éclumia Pictures

Road movie tendre et existentiel aux vrais accents autobiographique (tant elle aborde par le prisme du septième art, sa relation conflictuelle avec sa propre mère), où la réalisatrice trouve un alter-ego parfait en Arus, jeune musicien urbain au succès modeste du côté de Pékin (à travers une musique mêlant des sonorités électroniques à des instruments traditionnels mongols, qu'il a appris à maîtriser depuis son plus jeune âge) qui, rongé par la culpabilité, retourne dans ses steppes mongoles natales pour renouer avec ses racines rurales et accompagner sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, dans un voyage pour à la recherche de sa « vraie maison » comme d’un arbre légendaire, « yin-yang », lié à la mémoire et à l'identité.

Au milieu de paysages aussi somptueux que profondément mélancoliques, la narration s'attache tout autant à la lente et douloureuse remise en question de la relation pourtant pleine d'un fils avec sa matriarche, dont les troubles cognitifs s'aggravent de plus en plus au fil du temps (et avec qui il reste, littéralement, attaché avec corde afin qu'elle ne se perde pas ou ne se blesse pas), que la propre réalisation des liens qui unissent justement Arus avec cette terre qui a façonné la personnalité de sa mère comme la sienne (une culture quil pensait connaître, mais avec laquelle il renoue pleinement), ce « foyer » dont la nature relève tout autant du lieu même - complètement hors du temps -, que de la pluie des souvenirs qu'il porte en lui.

Copyright Éclumia Pictures

Merveilleux drame aussi emotionnellement dense qu'il est d'une délicatesse rare, où une simple corde se fait un cordon ombilical métaphorique qui permet à une mère et son fils de se retrouver avant qu'il ne soit définitivement rompu par des adieux absolument bouleversant; The Cord of Life, jamais plombé par ses élans surréalistes, est un premier effort joliment intime, authentique et précieux.

La (très) belle surprise de la semaine.


Jonathan Chevrier