[FUCKING SERIES] : Ironheart : Du sous-Arrowverse peu investi et inspiré
(Critique - avec spoilers - de la mini-série)
Il y a un parallèle, involontaire évidemment, qui se noue entre un personnage pour le coup captivant sur le papier, la brillante et créative Riri Williams, intronisé avec une truelle ébréchée à la narration du malade Black Panther : Wakanda Forever, et la série qui l'a met en scène, Ironheart, littéralement bazardée par la firme aux grandes oreilles sur Disney Plus, comme ultime pièce indigne d'une Phase multiverselle dont le dernier virage semble enfin piloté avec un minimum d'investissement : Riri comme le show, utilise des ressources récupérées à la sauvette (un peu de WandaVision, d'Iron Man, de Mrs. Marvel,...), pour construire quelque chose de solide, efficace et fonctionnel - une armure pour la première, un moment de télévision pas vraiment indépendant pour la seconde.
Et dans les deux cas, le résultat est loin des attentes déjà maigres, que pouvaient constituer leurs entreprises.
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Origin story plus proche de l'Arrow-verse de la CW que des autres hits MCU, frappé par un mélange inégal de sous-intrigues inintéressantes et plus où moins résolues à la hâte, d'action fragile et disparate (au placements de produits éhontés), de surnaturel de pacotille (là où Marvel semble pourtant affirmer de plus en plus ce pendant important des comics) où encore de ruptures de tons brimutaux et développement de personnages amorphe (la profondeur des protagonistes comme les liens censés les unir), le show trouve sa plus grande faiblesse dans ce qui était censé être sa force : une héroïne plus irritante que réellement passionnante à suivre, même dans ses conflits intimes.
Passée de source de conflit majeur entre le Wakanda et le peuple Talokan, à étudiante au MIT endeuillée qui ne réfléchit pas forcément plus sur ses choix - tous mauvais - ni sur les conséquences qu'amènent l'usage comme la création de ses inventions (l'IA c'est tellement cool...), les seuls traits de personnalité distincts de Riri sont ceux d'un sous-Tony Stark qui n'aurait pas encore fait sa transition de milliardaire immature et insolent, à super-héros inventif plaçant la santé et les intérêts du monde - mais aussi et surtout de ses proches - avant le sien.
Elle n'est motivé que par l'ambition (à l'assurance relative, certes) de se constituer une armure parfaite, et son arrogance comme son insensibilité envers un entourage qu'elle n'a de cesse de mettre en danger (comble de tout, elle a beau ne pas être particulièrement sympathique, elle arrive pourtant à enchaîner les alliés), ne sont jamais contrebalancées par une once - même superficielle - d'héroïsme, de tendresse où même d'ironie salutaires (Ms. Marvel avait réussi avec plus de justesse, à créer des liens familiaux et amicaux forts, tout en ancrant son héroïne dans une vraie communauté vivante et vibrante).
Même chose avec The Hood (un Anthony Ramos que l'on aurait aimé ailleurs), un casseur flotteur 2.0 pas vraiment Robin des bois (il vole les riches pour survivre) et aux motivations absurdes, dont les crimes comme l'histoire, ne mènent à rien - où pas grand chose - là où le personnage était plein de potentiel.
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Bien plus un maladroit et fade outil de transition (menant désormais à nulle part ou presque) qu'un vrai show à part entière qui aime et développe ses personnages, Ironheart aurait pu être un beau récit tout en audace et en autodétermination d'une jeune héroïne qui rabat les cartes d'une existence pleine d'adversité; une série qui assume amoureusement ses contours " street level " dans une sorte de fusion entre les premiers Fast ans Furious (oui) et le meilleur de Marvel.
Dans l'état, elle n'est qu'une proposition malade sur une figure imprudente et égoïste qui n'apprend rien de ses actes comme de ses échecs, dont la conclusion cynique de son arc (et l'arrivée, plutôt cool, d'un Sasha Baron Cohen en Mephisto) vient ruiner tout son parcours.
Marvel ne croyait pas en elle, alors pourquoi le devrait-on ?
Jonathan Chevrier