[CRITIQUE] : Rapaces
Réalisateur : Peter Dourountzis
Avec : Sami Bouajila, Mallory Wanecque, Jean-Pierre Darroussin, Valérie Donzelli, Stefan Crepon,...
Distributeur : Zinc Films
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Samuel, journaliste, et Ava, sa fille et stagiaire, couvrent pour leur magazine le meurtre d’une jeune fille attaquée à l’acide. Frappé par la brutalité de ce meurtre, ainsi que par l’intérêt de sa fille pour l’affaire, Samuel décide de mener une enquête indépendante, à l’insu de sa rédaction, et découvre des similitudes troublantes avec le meurtre d’une autre femme…
Sami Bouajila a ce luxe que peut de comédiens hexagonaux ont finalement, de se bonifier avec le temps comme un grand vin, de profiter d'une maturité qui lui sied à merveille pour mieux habiter l'écran et, par effet d'extension, d'obtenir des rôles qui jusqu'à maintenant, ne lui était pas forcément confiés.
Un peu comme le tout aussi excellent Roschdy Zem qui, puisqu'il n'y a pas forcément de hasard, l'a d'ailleurs souvent accompagné aussi bien devant (Indigènes) que derrière la caméra (Omar m'a tuer, Les Miens), aux carrefours importants de sa carrière.
Particulièrement bon tout récemment, dans le pas forcément défendable et un poil mou du genou Six jours de Juan Carlos Medina (oublions volontairement de mentionner The Crow de Rupert Sanders), le voilà de retour en ses premières heures - excessivement - chaudes de l'été avec le thriller d'investigation prenant et poisseux Rapaces, estampillé second long-métrage d'un Peter Dourountzis que l'on avait découvert avec l'oubliable Vaurien en 2021, et qui au passage du film dit de la " confirmation " à fait comme Robert Pires : il a méchamment musclé son jeu, même s'il est emprunt des mêmes faiblesses narratives.
Place donc à une plongée au coeur des eaux troubles d'une rédaction dont la ligne éditoriale est de s'attacher/investiguer d'une façon résolument sensationnaliste - mais rigoureuse - sur les faits divers les plus sordides (le parallèle avec Le Nouveau Détective est totalement assumé et affirmé, dans ce qui peut se voir comme une ode complexe et nuancée sur le journalisme indépendant) quitte à court-circuiter une police limitée (l'une des définitions nuancés, de ce que le titre " rapaces " suggère), et plus particulièrement sur l'enquête autour d'un féminicide particulièrement brutal (lui-même inspiré d'un véritable fait divers, l'affaire Élodie Kudik), au détour de laquelle se noue une relation père-fille ou chaque membre est réciproquement en quête de rapprochement malgré les choix (plus où moins volontairement) maladroits.
Jonglant plutôt adroitement entre le thriller âpre et psychologique à la mise en scène sobre et nerveuse (mais qui garde tout de même sa violence hors-champ), et le drame familialo-introspectif dont la narration certes un poil chargée (surtout dans sa première moitié, le tribu d'avoir quatre plumes à sa tête), atténue un brin l'impact d'une tension grimpant crescendo jusqu'à un sommet savoureusement insoutenable (la scène du restaurant en pleine cambrousse, d'une efficacité redoutable); le film roule sur du velours (on pense moins au renversant La Nuit du 12 de Dominik Moll, qu'au Vivants d'Alix Delaporte, aux digressions presque toutes aussi superflues) mais n'en reste pas moins maîtrisé et solidement campé (un trio Bouajila/Darroussin/Wanecque en impose), Dourountzis ménageant suffisamment bien ses effets pour que sa sombre balade reste constamment prenante.
Imparfait donc mais diablement captivant.
Jonathan Chevrier
Avec : Sami Bouajila, Mallory Wanecque, Jean-Pierre Darroussin, Valérie Donzelli, Stefan Crepon,...
Distributeur : Zinc Films
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Samuel, journaliste, et Ava, sa fille et stagiaire, couvrent pour leur magazine le meurtre d’une jeune fille attaquée à l’acide. Frappé par la brutalité de ce meurtre, ainsi que par l’intérêt de sa fille pour l’affaire, Samuel décide de mener une enquête indépendante, à l’insu de sa rédaction, et découvre des similitudes troublantes avec le meurtre d’une autre femme…
Sami Bouajila a ce luxe que peut de comédiens hexagonaux ont finalement, de se bonifier avec le temps comme un grand vin, de profiter d'une maturité qui lui sied à merveille pour mieux habiter l'écran et, par effet d'extension, d'obtenir des rôles qui jusqu'à maintenant, ne lui était pas forcément confiés.
Un peu comme le tout aussi excellent Roschdy Zem qui, puisqu'il n'y a pas forcément de hasard, l'a d'ailleurs souvent accompagné aussi bien devant (Indigènes) que derrière la caméra (Omar m'a tuer, Les Miens), aux carrefours importants de sa carrière.
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Copyright Zinc |
Particulièrement bon tout récemment, dans le pas forcément défendable et un poil mou du genou Six jours de Juan Carlos Medina (oublions volontairement de mentionner The Crow de Rupert Sanders), le voilà de retour en ses premières heures - excessivement - chaudes de l'été avec le thriller d'investigation prenant et poisseux Rapaces, estampillé second long-métrage d'un Peter Dourountzis que l'on avait découvert avec l'oubliable Vaurien en 2021, et qui au passage du film dit de la " confirmation " à fait comme Robert Pires : il a méchamment musclé son jeu, même s'il est emprunt des mêmes faiblesses narratives.
Place donc à une plongée au coeur des eaux troubles d'une rédaction dont la ligne éditoriale est de s'attacher/investiguer d'une façon résolument sensationnaliste - mais rigoureuse - sur les faits divers les plus sordides (le parallèle avec Le Nouveau Détective est totalement assumé et affirmé, dans ce qui peut se voir comme une ode complexe et nuancée sur le journalisme indépendant) quitte à court-circuiter une police limitée (l'une des définitions nuancés, de ce que le titre " rapaces " suggère), et plus particulièrement sur l'enquête autour d'un féminicide particulièrement brutal (lui-même inspiré d'un véritable fait divers, l'affaire Élodie Kudik), au détour de laquelle se noue une relation père-fille ou chaque membre est réciproquement en quête de rapprochement malgré les choix (plus où moins volontairement) maladroits.
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Jonglant plutôt adroitement entre le thriller âpre et psychologique à la mise en scène sobre et nerveuse (mais qui garde tout de même sa violence hors-champ), et le drame familialo-introspectif dont la narration certes un poil chargée (surtout dans sa première moitié, le tribu d'avoir quatre plumes à sa tête), atténue un brin l'impact d'une tension grimpant crescendo jusqu'à un sommet savoureusement insoutenable (la scène du restaurant en pleine cambrousse, d'une efficacité redoutable); le film roule sur du velours (on pense moins au renversant La Nuit du 12 de Dominik Moll, qu'au Vivants d'Alix Delaporte, aux digressions presque toutes aussi superflues) mais n'en reste pas moins maîtrisé et solidement campé (un trio Bouajila/Darroussin/Wanecque en impose), Dourountzis ménageant suffisamment bien ses effets pour que sa sombre balade reste constamment prenante.
Imparfait donc mais diablement captivant.
Jonathan Chevrier