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[CRITIQUE] : Your Monster


Réalisatrice : Caroline Lindy
Acteurs : Melissa Barrera, Tommy Dewey, Edmund DonovanKayla Foster, Meghann Fahy,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Comédie, Épouvante-horreur, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Une actrice en herbe, Laura Franco, voit sa vie s'écrouler après avoir appris qu'elle a un cancer. Bientôt, elle rencontre un monstre terrifiant (mais étrangement charmant) qui vit dans son placard.





À une heure où il est foncièrement difficile de bousculer les codes comme les attentes de la comédie romantique moderne, Caroline Lindy, pour son premier long-métrage (histoire de ne rien gâcher à la fête), décide de littéralement prendre le taureau par l'entrejambe et de proposer son anti-romcom absolu, tout aussi barrée qu'elle ne se définit jamais réellement par les genres qu'elle aborde avec un respect comme une malice salutaires.

Loin de la simple relecture de La Belle et la Bête sauce romantico-horrifique - et musical - qui verrait sa magnifique héroïne (une Melissa Barrera qui nous fait bien comprendre depuis quelques temps, que son jeu inexpressif dans le dernier diptyque Scream n'était qu'une erreur de parcours) avoir plus qu'une attirance contre nature et un désir émotionnel sérieux avec son bestiaux bourru et poilu, Your Monster (basé sur un court-métrage éponyme) est un modeste petit bout de cinéma au cœur battant, décalé et attachant au postulat surnaturello-réaliste aussi fantastique que son exécution.

Copyright Mermade

On y suit les aternoiements de la pauvre actrice en herbe Laura, à qui la vie ne fait littéralement aucun cadeau : elle doit encaisser un cancer et son traitement difficile mais également sa rupture avec le dramaturge Jacob, qui rompt brutalement avec elle après cinq années de relation et alors qu'elle est à l'hôpital - d'autant qu'il s'attribue totalement le mérite de sa nouvelle comédie musicale, qu'elle a grandement aidé à préparer.
Cerise sur le gâteau, tandis qu'elle retourne vivre chez sa mère et pour mieux s'apitoyer sur son sort, elle tombe sur une surprise de taille dans le placard de son ancienne chambre : un monstre, qui s'est approprié les lieux et exige que Laura s'en aille dans les deux semaines.

Mais, contre toute attente, le dit monstre passe du statut de colocataire forcé et infernal (aussi mesquin que gentiment brusque) à un ami de fortune attentionné et chaleureux, à mesure qu'il laisse s'exprimer sa sensibilité et qu'il devient une influence positive dans le quotidien de Laura (la seule, car même sa meilleure amie, Marie, est un soutien fragile qui l'abandonne à la première occasion), qu'il aide à se reconstruire, à s'épanouir et à comprendre pleinement sa valeur, alors qu'elle doit faire face à son ex, Jacob, aux répétitions de la pièce qu'elle a aidé à créer (censée célébrer l'autonomie et l'épanouissement des femmes, tout en étant clairement misogyne).

Où comment un - gentil - monstre du placard au sens littéral du terme, vient ouvrir les yeux à une belle princesse, pour qu'elle reconnaisse le monstre, plus métaphorique mais surtout bien plus réel, qui lui bouffe la vie depuis trop longtemps...

Copyright Mermade

Et c'est exactement là, finalement, que réside tout le cœur même du film et de la magie de l'écriture de Lindy : arriver à fermement et naturellement nous faire croire en cette union toute aussi improbable et étrange que Nora Ephron-esque dans son attirance des contraires (donc conventionnelle, même si elle a le bon ton d'offrir un final ouvert aux interprétations, tout autant que d'explorer avec malice les déséquilibres relationnels au cœur des relations toxiques, où l'emprise nocive peut perdurer bien au-delà de la fin d'un couple), et dont la douceur n'est jamais superficielle.
Tout comme sa théâtralité joliment exacerbée au fond, que l'on retrouve dans l'approche profondément scénique et fluide de sa mise en scène, qui vient appuyer la passion grandissante et l'alchimie brûlante entre les deux.

Comédie noire excentrique qui se fait passer pour une comédie romantico-fantastique décalée (avec un beau et cathartique portrait de femme), qui se fait elle-même passer pour une comédie musicale surréaliste - et inversement, tout en trouvant son propre groove à tous les niveaux -, Your Monster est un pur délice pour les cœurs d'artichauts comme nous qui pensent que oui, le Prince Adam était quand-même beaucoup moins cool que la Bête...


Jonathan Chevrier