[CRITIQUE] : Segundo Premio
Réalisateurs : Isaki Lacuesta et Pol Rodriguez
Acteurs : Daniel Ibáñez, Cristalino, Stéphanie Magnin, Mafo,...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol, Français.
Durée : 1h50min.
Synopsis :
Grenade, fin des années 90. En pleine effervescence artistique, un groupe de rock indépendant traverse une période mouvementée : la bassiste quitte le groupe et cherche sa place en dehors de la musique, le guitariste est plongé dans une dangereuse spirale d’autodestruction tandis que le chanteur est confronté au processus difficile de création de leur troisième album. Personne ne sait encore que ce disque changera à jamais la scène musicale espagnole.
On avait laissé le cinéma du cinéaste espagnol Isaki Lacuesta sur une réel fausse note, Un an, une nuit (libre adaptation du roman de Ramón González), mélodrame ronronnant au mysticisme férocement décousu qui prenait les contours d'une vision inconfortable des événements du 13 novembre (qui se laissait aller à la mauvaise idée de reconstituer les faits, à coups de flash-backs qui ne vennair même pas nourrir le pâle et rachitique récit de la tentative de reconstruction psychologique d'un couple de survivants, aux traumatismes diamétralement opposés), tout en se rêvant maladroitement comme une auscultation captivante sur les ravages individuels et collectifs causés par le terrorisme, et la dure vérité qu'un tel traumatisme sépare et brise tout, même l'amour.
Le tout avec pour couple vedette, une très juste Noémie Merlant et un vulnérable Nahuel Pérez Biscayart).
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Copyright Capricci Films |
Difficile dès lors d'être un tant soit peu enthousiaste à la découverte de son nouvel effort en date, chapeauté avec Pol Rodriguez (et initié, au scénario, par Fernando Navarro, et pense pour le réalisateur Jonás Trueba), Segundo premio, biopic anti-conventionnel et ciblé moins sur le groupe de rock indépendant grenadin Los Planetas, que sur leur légende - une union des souvenirs de plusieurs membres du groupe -, alors qu'ils sont en train de préparer ce qui constituera leur troisième album.
Monumentale erreur, tant le film s'avère un grisant puzzle de souvenirs à la véracité fuyante, qui n'a pas vocation de glorifier le mythe ou explorer en profondeur la face cachée derrière les sonorités du groupe, mais bien plus d'être une œuvre à part, à la fois une ode à l'amitié dans toute sa complexité - sous fond de pur portrait générationnel -, qu'un vrai melting-pot d'émotions, de voix et de points de vue au cœur de l'effervescence d'un processus créatif en crise (et d'une Grenade tout autant en ébullition, un pôle artistique vibrant dans les années 90), qui n'a jamais peur de ses élans poétiques comme psychédéliques.
L'une des belles surprises de l'été.
Jonathan Chevrier