[CRITIQUE/RESSORTIE] : Stop Making Sense
Actrice : David Byrne, Bernie Worrell, Alex Weir, Lynn Mabry,...
Distributeur : Program Store
Budget : -
Genre : Concert, Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h28min
Date de sortie : 28 août 1985
Date de ressortie : 18 juin 2025
Synopsis :
Décembre 1983, Pantages Theatre à Hollywood. David Byrne, leader des Talking Heads, s’avance sur une scène vide, lance une cassette audio et entame une version envoûtante du célèbre Psycho Killer. Les membres du groupe arrivent sur scène un par un, à chaque nouvelle chanson, pour créer l’un des concerts les plus mythiques de l’histoire du rock.
Commençons sur une vérité qui n'est pas du tout générale, mais qui mériterait totalement de l'être : Stop Making Sense est le meilleur film concert de l'histoire du cinéma.
Simple, efficace et (presque) irréfutable, tant il laisse continuellement à son auditoire l'impression prégnante d'avoir été là, au plus près du groupe ces douces soirées de décembre 1983 au Pantages Theatre à Hollywood, sans réellement l'avoir été (impossible pour l'auteur de ses mots, qui n'était même pas né à l'époque... et n'a pas de DeLorean non plus), l'impression de sincèrement se dire « Je suis bien allé voir les Talking Heads en concert » sans ne jamais avoir quitté sa salle obscure.
Gageons qu'il y a de multiples façons de capturer sur la pellicule un concert, des coulisses aux préparatifs parfois entrecroisés par des témoignages extérieurs (fans comme journalistes et autres spécialistes) et/où des membres même du groupe célébré, en passant par le cœur même du spectacle, la scène comme l'émotion d'une foule vibrant à l'unisson avec les artistes et le rythme des musiques interprétées.
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Mais aucune d'elles n'a les faveurs de Jonathan Demme, qui n'a d'yeux, comme nous, que pour la performance mémorables du groupe, mené par le dynamisme comme la folie tendre d'un David Byrne halluciné et hallucinant, que le papa du Silence des Agneaux scrute sous toutes les coutures (huit caméras dont une simili-steadicam, et un Jordan Cronenweth littéralement on fire à la photographie) avec une sobriété et une méticulosité rares (tout en longs plans-séquences visant à ne rien manquer du spectacle), et ce dès le minimalisme entraînant de son introduction sous fond de Psycho Killer avec un leader seul en scène, avant de se voir rejoindre au fil des titres, par les autres membres du groupe.
Aux confins des genres (on est au-delà du documentaire, au-delà du simple concert filmé) comme la musique de Talking Heads et ses influences merveilleusement plurielles (jusque dans sa représentation sur la scène, où leur hommage au théâtre nippon est des plus évidents), Stop Making Sense est une immersion totale et cathartique qui tisse un lien extraordinaire entre un groupe et ses fans, pour mieux incarner une expérience cinématographique et musicale à part pour son auditoire.
Non, vivre un concert dans une salle de cinéma n'a pas toujours été qu'une hérésie, merci Jonathan Demme.
Jonathan Chevrier