[CRITIQUE] : Mikado

Réalisatrice : Baya Kasmi
Acteurs : Félix Moati, Vimala Pons, Ramzy Bedia, Patience Munchenbach,...
Distributeur : Memento
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Mikado et Laetitia vivent avec leurs enfants sur les routes. Une panne de moteur les amène à s’installer le temps d’un été chez Vincent, un enseignant qui vit seul avec sa fille. C’est le début d’une parenthèse enchantée qui pourrait aussi bouleverser l’équilibre de toute la famille alors que Nuage, leur fille aînée, se prend à rêver d’une vie normale.

On avait été de ceux à avoir franchement adoré les deux premiers passages derrière la caméra de la cinéaste Baya Kasmi - co-écrits avec la plume affûtée de Micjel Leclerc -, Je suis a vous tout de suite mais aussi et surtout Youssef Salem a du succès, plongée comico-mélancolique dans les méandres du quotidien d'un écrivain quarantenaire qui n'a jamais vraiment su trouver sa place et qui devait jongler avec un succès inespéré et inattendu.

Une comédie protéiforme alternant entre la piquante chronique familiale bouffée par les mensonges et les non-dits (saupoudré d'une réflexion sur notre rapport à nos racines, la religion et notre identité), la satire affûtée sur la célébrité (où notoriété rime douloureusement avec solitude) et la perversité des médias (qui se nourrit de toute polémique absurde et putassière) mais également le trip méta (une introduction façon film dans le film, avec la mise en images un poil trop romanesque du roman de Youssef) et la déconstruction habile et juste des stéréotypes - toujours dans l'humour - d'une France bien-pensante boursouflée par les préjugés faciles.

Le tout avec un Ramzy Bedia incroyablement touchant et au sommet de ses capacités, totalement conscient de trouver là le terreau parfait pour composer l'une - si ce n'est LA - des plus belles performances de sa carrière.
Le comédien repond d'ailleurs toujours présent au détour du troisième long-métrage de la cinéaste, Mikado, nouvelle dramédie à la fois juste et mélancolique, douce et fantaisiste, où elle questionne les nuances comme les complexités de la parentalité à travers le parcours marginal de deux familles aux parcours singuliers et à la cohabitation forcée, qui vont confronter comme remettre en question leurs tourments comme leur vision de l'existence, bousculant encore un peu plus leur équilibre un brin précaire.

Petite bulle de fantaisie à la gravité assumée dénuée par de toute sensiblerie putassière, qui fait la part belle à sa belle galerie de personnages aussi finement croqués que joliment interprétés (Félix Moati, Vimala Pons, Ramzy Bedia... What else ?), Mikado, pas exempt d'un certain schématisme certes, se fait nouvelle pépite douce-amère au cœur d'une filmographie qui, déjà, est joliment incontournable.

Jonathan Chevrier