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[CRITIQUE] : From Ground Zero


Realisatrices•teurs :  Wissam Moussa, Basil El Maqousi, Islam Al Zeriei, Aws Al Banna, Mahdi Kreirah, Hana Eleiwa, Alaa Damo, Mustafa Kulab, Rabab Khamis,
Mustafa Al Nabih, Muhammad Al Sharif, Nidal Damo, Rima Mahmoud, Ahmed Al Danaf, Tamer Nijim, Nida’A Abu Hasna, Khamis Masharawi, Bashar Al Babisi, Karim Satoum, Alaa Ayoub, Ahmed Hassouna et Etimad Washah.
Avec : -
Distributeur : Coorigines distribution
Genre : Documentaire.
Nationalité : Palestinien, Français, Qatari, Jordanien.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Le projet From Ground Zéro a été lancé par Rashid Masharawi, le réalisateur palestinien originaire de Gaza, durant la guerre lancée après les attaques du 7 octobre 2023. Ce projet a vu le jour en partant du constat que la parole des Gazaouis est difficilement audible, qu’il est nécessaire d’avoir des traces de ce qui est vécu pour que la mémoire soit conservée, que l’histoire de l’occupation de la Palestine ne puisse être réécrite sans prendre en compte celle des Palestiniens et particulièrement ceux de Gaza.
Dans ce contexte, il n’est pas aisé d’imaginer un espace de création florissant et pourtant il existe. La bande de Gaza a ses talents artistiques, que rien ne doit arrêter de créer. C’est ainsi qu’est née l’idée de composer un film avec 22 très courtes histoires. Cela permet la multiplicité des points de vue, garantit la faisabilité des tournages, qui sont forcément courts et dispersés dans l’espace de la bande de Gaza, et illustre la fertilité créative en empruntant à différents genres : fiction, documentaire, docu-fiction, animation voire expérimental.




Critique :



Il y a quelque chose de puissant et de profondément déchirant dans l'idée que, même au coeur de l'horreur de la guerre, le désir de créer, de partager des histoires (même lorsqu'ils ne restent plus que cela) demeure, quand bien même l'art et son expression sont presque futiles face aux tourbillons de destructions et de meurtres.
Et la souffrance humaine, comme les destructions, sont absolument incommensurables dans un conflit israélo-palestinien dont les médias relativisent et minimisent grandement - pour rester poli - les ravages.

En ce sens, une œuvre telle que From Ground Zéro est au-delà de l'essentiel, c'est un témoignage nécessaire, courageux et incroyable, vingt-deux courts-métrages (un édifice supervisé par le réalisateur et producteur Rashid Masharawi) comme autant de visions douloureusement personnelles qui documentent les dommages physiques, émotionnels et matériels pour le peuple palestinien vivant dans la bande de Gaza.

Copyright Watermelon Pictures Co

Un exutoire artistique qui vise à donner du sens à une souffrance insondable qui nous est étrangère, à donner du corps et du cœur à une réalité que l'on cache sous le tapis dans un déni mondial absolument révoltant.
D'une durée variable - entre trois et six minutes chacun -, et merveilleusement protéiforme (animation, docu-fiction, simples témoignages, documentaires faits d'images à la volée prises avec des smartphones,...), les efforts montrent avec une vérité rare la vie au jour le jour, sur le terrain, au cœur d'un génocide, au plus près d'âmes luttant face à l'impossible mais qui garde pourtant continuellement espoir, même face à une armée qui détruit (littéralement) tout, tue des civils - y compris des enfants - et leur impose un enfer au quotidien pour obtenir des produits de première nécessité - eau comme nourriture.

Une approche collective à la fois simple et directe, sans afféteries putassières, qui créée un lien immédiat avec le spectateur alors que cette tragédie continue de perdurer (et n'est, visiblement, pas prête de s'arrêter), et fait de cette mosaïque de portraits et d'expériences diverses, bouleversante au-delà des mots, un incroyable exemple de résilience autant qu'un cri du cœur et de détresse.
Comment tout oublier quand l'horreur est toujours une actualité ?


Jonathan Chevrier