[CRITIQUE] : Château rouge

Réalisatrice : Hélène Milano
Acteurs : -
Distributeur : Dean Medias
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Quartier de la Goutte d'Or à Paris, métro Château Rouge, collège Georges Clemenceau. Chargés de leur insouciance et de leurs blessures, les adolescents doivent grandir. Ils construisent leurs personnalités, se perdent, se cherchent. Les adultes tentent de les guider malgré la violence du système.

Critique :

Au plus près des jeunes du collège Georges Clémenceau, #ChateauRouge se fait un documentaire qui respire avec ces adolescents, coincés entre les rêves qui les conçoivent et les doutes qui les assaillent à l’aube d’un âge adulte qui peut nous détruire intimement. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/XjNzZr27Cf
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 16, 2025

Il est plus que fréquent de repenser à l’adolescence avec une nostalgie permanente, celle d’une période plus libre qu’un âge adulte aux divers obstacles. On oublie pourtant les tourments qui peuvent exister durant ces années « ingrates », notamment la bascule vers la majorité et l’obligation à faire des choix qui pourront déterminer notre avenir à tout jamais, à l’instar de nos études. Voilà pourquoi Château rouge trouve une attache qui fonctionne : la façon de conserver au sein de l’image ses étudiants mis au pied du mur de leur avenir professionnel.

Le documentaire d’Hélène Milano suit ainsi les jeunes du collège Georges Clémenceau, à l’approche du bac et des choix pour leurs études supérieures. Les premières minutes se concentrent un peu sur l’équipe éducationnelle qui suit ces futurs adultes, avec l’envie de les aider malgré des restrictions diverses qui peuvent résonner comme des barrières assez lourdes. Très rapidement, le point de vue se réoriente sur ces étudiants en proie aux doutes, et ce malgré les apparences et leurs espoirs dans le futur. Leurs témoignages apportent ainsi une sincérité affectueuse, émaillée des interrogations sur ce qui les attend à la sortie du collège.

Dans le dossier de presse, Hélène Milano témoigne de son envie de capter « les farouches désirs d’émancipation » liés à l’adolescence et cela se ressent dans sa manière de filmer le quotidien scolaire, les confrontations avec certains professeurs pour mieux appréhender ce qu’ils souhaitent réellement. Cela ne vire jamais trop dans le pathos et conserve en ligne de mire une certaine justesse, notamment quand un jeune raconte sa crainte que l’impératif de trouver un emploi efface ses rêves et envies pour l’enfermer jusqu’à l’âge de la retraite. Il était important de conserver ainsi le poids de ces structures à l’image ainsi que la manière de s’y confronter ou de mieux se les réapproprier.

Château rouge trouve ainsi son ancrage sentimental quand il se concentre sur la parole d’étudiants et la conception de l’avenir professionnel par des jeunes en quête de place. Hélène Milano y filme alors l’espoir et le désarroi au même niveau, tout en nous faisant partager le sentiment d’immersion dans son travail documentaire. Il en sort un film qui respire avec ces adolescents, coincés entre les rêves qui les conçoivent et les doutes qui les assaillent à l’aube d’un âge adulte qui peut nous détruire intimement.

Liam Debruel