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[CRITIQUE] : Daddio


Réalisatrice : Christy Hall
Acteurs : Dakota Johnson, Sean Penn, Shannon Gannon, Marcos A. Gonzalez,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
À l’aéroport JFK de New York, un soir, une jeune femme monte à l’arrière d’un taxi. Tandis que le chauffeur démarre sa voiture en direction de Manhattan, ces deux êtres que rien ne destinait à se rencontrer entament une conversation des plus inattendues…



Critique :



On vit dans un monde aussi fou que malade, on ne l'apprendra à personne, mais quelques détails sont quand-même gentiment flippant : nous sommes de moins en moins capable de nous rapprocher des autres, et tout semble fait pour nous séparer.

Dans une société contemporaine où la connexion humaine, où l'idée même de parler à des inconnus est presque une hérésie, la simple force d'un simple " bonjour ", devient un art qui s'oublie, se perd, cloué sur l'autel de l'éphémère par une virtualité omniprésente et vampirisante.
Un essor technologique qui nous " oblige " à garder notre attention rivée sur nos smartphones, même au milieu de dizaines, centaines, milliers de personnes.

Copyright Metropolitan FilmExport

C'est justement ce mal occidental, furieusement enraciné, qui est au cœur du premier long-métrage de la wannabe cinéaste Christy Hall, Daddio, dont le pitch laisse à penser qu'elle a sans doute un peu trop poncé plus que de raison, le monument Night on Earth de Jim Jarmusch : le long trajet de l'aéroport JFK à Manhattan, entre un chauffeur de taxi et sa passagère, dont les échanges sur leur existence - légèrement court-circuités par quelques textos - se font progressivement plus profondes et plus intimes au fur et à mesure du voyage.

N'en jettez pas plus, le film ne dépasse jamais les limites limitées de son habitacle comme de son propre concept, ce qui est à la fois une force (plus d'une péloche chaque mercredi en salles, peine à maîtriser son concept, aussi simpliste soit-il) qu'une faiblesse : sans ses interprètes, il n'aurait sans doute pas grand chose - rien, même - pour attirer son auditoire, entre une mise en scène sans éclats (puisque elle-même, victime du dit concept), une narration vite redondante dans sa mécanique et une bande originale méchamment fade.

Copyright LEONINE

Mais heureusement pour lui, Dakota Johnson comme Sean Penn, sont dans une forme résolument olympique, totalement conscient que tout l'édifice tient sur leur duo et leur alchimie.
La première laisse poindre une justesse émotionnelle insoupçonnée dans la peau d'une jeune femme perdue, là où le second est exceptionnel d'empathie en vieux briscard à bons conseils.

N'est pas Jim Jarmusch ni Jafar Panahi qui veut, Christy Hall laisse le compteur tourner et tente de créer un peu de magie - voire un peu de tension sexuelle - avec son Daddio, mais il y a trop peu d'électricité dans l'air de ce taxi où la parole est plus libre que la caméra, pour marquer plus que de raison.
On a vu pire donc, mais aussi et surtout beaucoup mieux.


Jonathan Chevrier