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[CRITIQUE] : 100,000,000,000,000 (Cent mille milliards)


Réalisateur : Virgil Vernier
Acteurs : Zakaria BoutiMina GajovicVictoire Song,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h17min.

Synopsis :
Ils restèrent toute la nuit à discuter dans la chambre de Julia. Elle lui parla des palais, des châteaux, des diamants, et de tout l’or qu’elle avait vu. Elle lui raconta ce qui se passait après la mort. Afine l’écoutait sans dire un mot, ébloui par toutes ces choses dont il n’avait jamais entendu parler.



Critique :



C'est l'histoire d'un vrai/faux conte de Noël à la lisière du docu-fiction, par un Virgil Vernier à la mise en scène intuitive et habitué à entrelacer naturalisme et mythe au cœur des parcours de personnages sensiblement livrés à eux-mêmes; 100,000,000,000,000 (Cent mille milliards) n'est pas réellement un film de fêtes comme il en pullule actuellement sur nos télévisions comme sur grand écran où sur nos plateformes, où alors une version alternative, furieusement déprimante malgré une atmosphère hypnotique.

Copyright UFO Distribution

Lui, c'est Alfine, un escort boy un brin flegmatique en vacances d'hiver dans la Principauté de Monaco.
Elle, c'est Vasna, une Serbe chez qui Alfine trouve inopinément refuge alors qu'elle garde la fille de douze ans, Julia, d'un riche couple chinois, avec qui ils laissent s'exprimer leurs imaginaires débridés.
Une aubaine pour Alfine, bouffé par la solitude et qui rêve de réussite et d’argent, qui désire vivre la grande vie à Dubaï mais qui reste férocement cloué au sol, s'apitoit sur son sort dans un " rocher " aux allures de purgatoire crépusculaire et luxueux.

Une Principauté qui, contrairement aux apparences, ne vit pas uniquement dans le faste que sa réputation impose dans la psyché collective : elle est étrangement déserte en basse saison, sans vie, engoncée dans une sorte de vide existentiel luxueux et aliénant, presque surnaturel.
Virgil Vernier en fait, in fine, l'alter-ego mélancolique, le symbole métaphorique et sophistiquée de la solitude émotionnelle profonde de son personnage titre pétri de rêves alors qu'il est confronté au consumérisme le plus décomplexé, mais qui est paradoxalement sans réels perspectives - ce que lui reproche ses amis comme ses clients - lui qui voit passer sa vie sans véritablement en faire partie, alors que les rappels du passage du temps sont omniprésents devant ses yeux.

Copyright UFO Distribution

Canevas doux-amer et existentiel dans un Monaco aussi désincarné qu'architecturalement imposante, où les inégalités sociales ne sont pas uniquement creusés à la dynamique, 100,000,000,000,000 (Cent mille milliards) se fait une séance à part pas exempts de quelques panouilles mais continuellement captivante, une errance mélancolique et glaciale - voire même cruelle - gentiment dépouillée (moins de quatre-vingt minutes au compteur), qui vaut pleinement son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier