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[CRITIQUE] : Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau


Réalisateur : Gints Zilbalodis
Acteurs : -
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Letton, Français, Belge.
Durée : 1h25min.  

Synopsis :
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.



Critique :



Une bonne claque, c'est ni plus ni moins que ce qu'incarne la vision de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau du talentueux cinéaste letton Gints Zilbalodis, dont on avait déjà particulièrement apprécié le très chouette OFNI Ailleurs/Away, avec lequel les comparaisons sont évidentes.
Tout comme son premier effort de 2019, il lit complètement narration et esthétique dans un ballet linéaire, fait du voyage le noyau essentiel de sa narration, qu'il soit à la fois physique où intérieur, intègre de manière organique tous ses thématiques au cœur même de son récit.

Copyright UFO Distribution

Il est d'ailleurs ici totalement les deux, celle d'un chat aussi curieux et indépendant qu'il est effrayé par l'eau (tout est dans le titre), qui se doit arpenter les vestiges d'un monde en ruines et bientôt sous les eaux, pour comprendre que sa seule survie dans ce monde dystopique (la civilisation antérieure, l'homme, ayant déjà vraissemblabment succombé à cet inéluctable déluge), naîtra de son rapport aux autres et à son assimilation d'un véritable esprit de communauté; pour comprendre que cela n'est pas en fuyant ses angoisses et ses problèmes, qu'on les résout.

Toute la force du film réside autant dans la simplicité universelle de la morale qui irrigue cette odyssée road-moviesque, que dans la volonté essentielle du cinéaste à soigneusement humaniser ses personnages (dans le sens où leurs comportements se font les reflets de notre société contemporaine), véritable petite Arche de Noé métaphorique, sans jamais les anthropomorphiser (ni à les rendre complet à travers un miroir humain), quitte à jouer des coudes avec une radicalité rare : tout le film se déroule sans dialogue (les mots sont morts, avec l'humanité), ce qui n'empêche pas pour autant le récit d'être incroyablement expressif et poétique.

Copyright UFO Distribution

Audacieux visuellement, tant il n'a jamais peur de pointer ses limites (un trait nostalgique qui ne fait que surligner son manque de réalisme) pour mieux se concentrer, sublimer ce qui est important (la complexité chromatique de certains plans, que ce soit l'expressivité faciale des animaux, qui accentue la puissance émotionnelle de la narration, la modélisation abstraite de leur fourrure - presque impressionniste -, où la beauté des environnements naturels servant de cadres, voire même presque de personnages vivants et vibrants à part entière), Flow, sorte de cousin animé et exotique à L'Incroyable Randonnée de Fletcher Markle (qui, à la différence de son excellent remake L'Incroyable Voyage de Duwayne Dunham, ne voyait pas ses animaux parler), se fait une fable métaphorique immersive et émouvante, douce et vaguement étrange, profondément authentique et tendrement réconfortante.

Une pépite, rien de moins.


Jonathan Chevrier






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