[CRITIQUE] : Ni chaînes ni maîtres
Réalisateur : Simon Moutaïrou
Avec : Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoît Magimel,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min
Synopsis :
1759. Isle de France (actuelle île Maurice). Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.
Critique :
Il y a de ces sujets que l’Histoire tente de dissimuler, secrets honteux d’un passé que l’on aimerait reléguer en hors-champ. C’est l’une des raisons qui rendent la fiction si importante dans notre existence : rappeler ce réel, remettre dans le cadre la violence et la vérité afin que la mémoire n’efface jamais ce qui a pu se passer. Le terme « nécessaire » peut paraître dès lors galvaudé mais il vient inévitablement en tête quand il s’agit de Ni chaînes ni maîtres, le premier long-métrage de Simon Moutaïrou.
Voir celui-ci s’attaquer au sujet du marronnage et de l’esclavagisme paraît d’une cohérence totale au vu de son travail de scénariste sur des films comme Boîte noire et Goliath, titres inscrits dans le réel d’une imposition de pouvoir destructrice. Il amène ici une certaine bascule progressive dans sa tonalité, introduisant dès son premier plan une approche qui ne va jamais lâcher le spectateur quant à son esthétique d’une Histoire, entre réalité quasi naturaliste et une fictionnalité de l’image accentuant l’émotion. Les idées sont fines et nombreuses, passage sentimental à la lisière du fantastique permettant de reprendre sa place avec une grande beauté.
Car Ni chaînes ni maîtres est esthétiquement travaillé, sa photographie appuyant cette évolution pour faire respirer son atmosphère, rendre le tout vivant, éloigné d’un classicisme propret ou d’un « sauveur blanc » qui est bien trop régulier dans les films grand public à ce sujet. Ici, la survie passe par la brutalité, la menace, à l’instar d’une Camille Cottin qui incarne un personnage convaincu du bien fondé de sa mission et de « l’honneur » de sa chasse. C’est cette agitation en filigrane du film qui le rend si vivant, éclatant comme cette foudre qui illumine un décor à la noirceur absolue ou cette dernière image, une des plus belles et déchirantes qu’a pu connaître le grand écran en 2024.
Ni chaînes ni maîtres se fait alors un cri vibrant de l’Histoire, faisant de sa course à la survie un rappel à la mémoire à l’imagerie aussi sèche que poétique. D’une intensité aussi progressive que bouleversante, le film de Simon Moutaïrou impressionne, captive et surtout émeut vivement. Il est de ces rappels par la fiction qu’une violence historique reste profondément ancrée dans les traumas collectifs, exhortant à ne jamais oublier ceci. Voilà de ces films qui ne tombent jamais dans la simple leçon mais qui prennent à la gorge tout en invoquant le pouvoir intemporel de la fiction pour rappeler un réel douloureux.
Liam Debruel
Avec : Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoît Magimel,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min
Synopsis :
1759. Isle de France (actuelle île Maurice). Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.
Critique :
D’une intensité aussi progressive que bouleversante, #NiChaînesNiMaîtres, éloigné de tout classicisme propret, se fait un cri vibrant de l’Histoire, faisant de sa course à la survie un rappel à la mémoire à l’imagerie aussi sèche que poétique. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/kTWdQmx51M
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 16, 2024
Il y a de ces sujets que l’Histoire tente de dissimuler, secrets honteux d’un passé que l’on aimerait reléguer en hors-champ. C’est l’une des raisons qui rendent la fiction si importante dans notre existence : rappeler ce réel, remettre dans le cadre la violence et la vérité afin que la mémoire n’efface jamais ce qui a pu se passer. Le terme « nécessaire » peut paraître dès lors galvaudé mais il vient inévitablement en tête quand il s’agit de Ni chaînes ni maîtres, le premier long-métrage de Simon Moutaïrou.
Copyright 2024 - CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - LES AUTRES FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINEMA |
Voir celui-ci s’attaquer au sujet du marronnage et de l’esclavagisme paraît d’une cohérence totale au vu de son travail de scénariste sur des films comme Boîte noire et Goliath, titres inscrits dans le réel d’une imposition de pouvoir destructrice. Il amène ici une certaine bascule progressive dans sa tonalité, introduisant dès son premier plan une approche qui ne va jamais lâcher le spectateur quant à son esthétique d’une Histoire, entre réalité quasi naturaliste et une fictionnalité de l’image accentuant l’émotion. Les idées sont fines et nombreuses, passage sentimental à la lisière du fantastique permettant de reprendre sa place avec une grande beauté.
Car Ni chaînes ni maîtres est esthétiquement travaillé, sa photographie appuyant cette évolution pour faire respirer son atmosphère, rendre le tout vivant, éloigné d’un classicisme propret ou d’un « sauveur blanc » qui est bien trop régulier dans les films grand public à ce sujet. Ici, la survie passe par la brutalité, la menace, à l’instar d’une Camille Cottin qui incarne un personnage convaincu du bien fondé de sa mission et de « l’honneur » de sa chasse. C’est cette agitation en filigrane du film qui le rend si vivant, éclatant comme cette foudre qui illumine un décor à la noirceur absolue ou cette dernière image, une des plus belles et déchirantes qu’a pu connaître le grand écran en 2024.
Copyright 2024 - CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - LES AUTRES FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINEMA |
Ni chaînes ni maîtres se fait alors un cri vibrant de l’Histoire, faisant de sa course à la survie un rappel à la mémoire à l’imagerie aussi sèche que poétique. D’une intensité aussi progressive que bouleversante, le film de Simon Moutaïrou impressionne, captive et surtout émeut vivement. Il est de ces rappels par la fiction qu’une violence historique reste profondément ancrée dans les traumas collectifs, exhortant à ne jamais oublier ceci. Voilà de ces films qui ne tombent jamais dans la simple leçon mais qui prennent à la gorge tout en invoquant le pouvoir intemporel de la fiction pour rappeler un réel douloureux.
Liam Debruel